La femme doit-elle impérativement faire des enfants et s’en occuper? Les puritains rétrogrades diront qu’impérativement oui puisqu’elle un instinct maternel. Et si c’était un très gros mensonge inventer par les hommes pour garder ces mesdames à la maison?

4e de couverture
« Petite j’étais persuadée qu’il fallait avoir des enfants. A 15 ans, je pensais que je serai mère à 20 ans, à 20 ans je pensais que ça serait vers 25 ans. Et puis j’ai rencontré des gens qui pensaient autrement et qui questionnaient la charge sociale de l’obligation de maternité. J’ai commencé à me demander si moi, j’en voulais vraiment. Ce que ça signifiait et pourquoi on le faisait ? J’étais très mitigée sur le sujet. Et puis un jour, à 29 ans, j’ai eu le cancer. En même temps que l’annonce de la maladie, on m’a prévenu que les traitements allaient probablement me rendre stérile. Là, tout d’un coup, ça a été comme si on m’ôtait un jouet et que tout ce que je voulais c’était ce jouet-là ! Quatre ans plus tard, me voilà enceinte. À travers ma propre maternité, je veux interroger le fameux instinct maternel, l’explorer du point de vue philosophique, culturel, historique ; mais aussi aborder les différents types de parentalité, à travers d’autres témoignages. En bref : c’est quoi l’instinct maternel ? Et est-ce qu’il existe vraiment ? »

Mon avis
Tout est dit dans le titre « Petit précis de déconstruction de l’instinct maternel ». Qui n’a jamais entendu parlé du fameux instinct maternel que toutes les femmes devraient avoir? Sans ça, comment leur faire croire que c’est leur boulot de s’occuper de la progéniture. Qui a entendu parlé de l’instinct paternel? Faut-il en conclure que les hommes ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants ni de les aimer? Plus d’un père s’indignerait de cela. Pourtant, on ne parlerait pas d’instinct. Juste d’amour d’un parent envers sa descendance. Pourquoi autant stigmatiser les femmes avec ça et les faire complexer? Lili Sohn a décidé de s’approprier ce sujet et de faire une enquête historique ainsi que sociale. La bédéaste ne se revendique pas sociologue ou anthropologue. Elle cherche à comprendre et va trouver la donnée où elle est. Sans surprise, on découvre que c’est une construction sociale qui parfois s’est argumentée de science. Bien entendu, aucune étude sérieuse même de nos jours ne prouve cette théorie. Après des siècles de rumeurs, des individus ont arrivé à convaincre que c’était vraie et colporte cette ineptie, les femmes les premières.

Et cette question va encore plus loin car elle s’interroge sur la notion de vouloir être mère. Lili Sohn a du faire face aussi à cette envie de bébé. Surtout qu’au moment de son travail créatif, elle doit gérer un cancer qui remet en cause ce choix. Pourra t’elle devenir maman après? Comment vient ce désir? Est-ce normal ou culturel? Faut-il choisir entre les deux? Pour trouver des éléments de réponses, elle demande à son entourage, des spécialistes, des lectures… Et aussi, elle l’expérimente quand à son tour elle devient mère. Il faut gérer ces propres craintes, les pressions extérieures et construire sa propre histoire à trois. Un cheminement difficile qui ne laisse pas indemne. Le but est de se sentir bien et trouver sa place au sein d’une famille. Les pages se tournent avec curiosité et intérêt. Qu’importe si vous êtes une femme avec une volonté d’avoir/pouvoir ou non des enfants ou même si vous êtes un gaillard. Même un vieux briscard qui pense que le royaume de la couille est supérieur, s’est laissé prendre par la bd. En disant : « C’est pas con ce truc ». On en sort enrichi et avec le sourire car on va rire. Se déconstruire c’est acceptée que l’on puisse se tromper et se construire de nouvelles certitudes.

Une bande dessinée assez drôle qui ose mettre un coup de pied dans la fourmilière.