Quand on évoque l’accouchement, chaque maman y va de son histoire souvent peu reluisante. Est-ce qu’il faut alors assimiler ce moment forcément à quelque chose de douloureux? La seule échappatoire serait la péridurale comme seul moyen de ne pas souffrir?

4e de couverture
Cette BD est inutile : ce qu’elle explique, les femmes le savent déjà. Mais elles ne savent pas qu’elles le savent. Leur cerveau conscient, intelligent, leur néocortex surdéveloppé d’être humain, rempli de peurs depuis des siècles, les poussent à accepter une surmédicalisation de la naissance. Considérées comme le « sexe faible », elles ont fini par croire qu’accoucher était forcément douloureux, dangereux, violent… et qu’elles en étaient incapables sans médecins. Or, à force d’interventions extérieures, on finit par inhiber la partie du cerveau qui sait pourtant comment faire depuis des millénaires.

Ce livre explique la physiologie. Il raconte ce qui se passe lorsque les femmes accouchent sans peur et sans gestes parasites. Rendre aux femmes la connaissance intime du fonctionnement de leur corps, c’est leur rendre le pouvoir. Nous rendre notre pouvoir. Celui de se sentir fortes et compétentes pour donner la vie.

« En y réfléchissant, mon néocortex me dit que ce livre n’est peut-être pas si inutile que ça, finalement. »

Mon avis
On pourrait croire que l’on sait tout de l’accouchement depuis le temps que les mammifères existent. Pourtant quand il est question de la femme cela amène bien d’autres rapports sociaux. Les différentes étapes de la vie d’une femme était, il y a une époque, une histoire de nana. Il y avait celle qui connaissaient les plantes, les guérisseuses, les matronnes… Puis l’homme est passé là et a décidé qu’il fallait qu’il contrôle le corps de la femme dans sa globalité. On en a brûlé sur des buchers, on en a torturé, emprisonné… On développe la notion de médecine et de gynécologie obstétrique dans une science réservée uniquement à ces messieurs. Finit les plantes abortives, les mélanges pour limiter les règles douloureuses et autres désagréments quotidien. Maintenant les médecins expérimentent, testent et inventent. On se souvient comment a été inventé le spéculum. Tout ce qui était avant c’était du n’importe quoi. Comme si les femmes pouvaient posséder des connaissances. En 2022, le discours à certes un peu changer tout de même. Les femmes peuvent devenir docteur et même avoir leur comptes en banque. Pourtant l’accouchement reste quelque chose qui doit se maîtriser, s’optimiser. La France possède le plus haut taux d’accouchement par césarienne au monde. Il faut aller vite et dégager des lits. Mais qu’en est-il alors du cycle naturel de la grossesse? Le corps ne sait-il pas comment gérer l’expulsion de cet intru intérieur? On sait comment accoucher dans les bonnes conditions et générer naturellement l’ocytocine et l’endorphine. Est-ce impossible à concilier avec le milieu hospitalier? La rentabilité à tout prix ne rime pas avec confort. Lucile Gomez explique avec beaucoup de pédagogie et d’humour comment se passe le moment fatidique, comment fonctionne le corps, qu’il faut s’écouter et se faire entendre… Ce moment indispensable pour devenir maman n’est pas forcément horrible, douloureux, dans la souffrance, la solitude… La peur n’est pas forcément votre meilleure amie. Pour la vaincre, s’informer et comprendre deviennent des atouts importants. Le personnel médical n’a pas toujours le temps et la volonté d’expliquer. Eux connaissent. Cette bd propose de vous rassurez de façon simple et accessible à toutes et tous. Son dessin est en rondeur et très chaleureux. La mise en page est très dynamique et le dessin occupe l’espace nécessaire au message. L’originalité autre que le sujet repose sur le choix graphique avec un dessin en noir et blanc, du jaune et quelques touches ponctuelles d’orange ou de bleu. Rien n’est chargé. Bien au contraire, c’est aéré et plaisant. Un cadeau idéal aux futures mères qui verront leur grossesse d’un autre regard.

Un album sympathique très orienté qui plaira à toutes les futures mamans.