La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des aléas dans la vie que l’on ne maîtrise pas. Le destin des choses se combinent, pourquoi ne pas les montrer?

4e de couverture
Prévu en deux tomes, Connexions est un récit labyrinthique qui se déroule dans une grande ville contemporaine. Dans chacun des six chapitres de ce premier opus, nous suivons un personnage différent. Son histoire commence dans une pièce, dans un recoin de la page. En se déplaçant, il fait apparaître peu à peu le décor, en vue isométrique, à la manière de certains jeux vidéos. Pierre Jeanneau parsème son récit de zooms sur des éléments du décor – une photographie, une lettre – autant d’indices permettant au lecteur de reconstituer le passé des personnages. Comme dans un roman de Georges Perec, les lieux et les objets sont partie prenante de la narration. Récit générationnel, Connexions met en scène de jeunes adultes entrant tous dans une nouvelle période de leur vie : changement professionnel, perte de figure parentale, naissance d’un enfant, retour de voyage, etc. Mais nous découvrirons d’autres connexions entre ces individus dont les vies s’entremêlent subtilement… Pierre Jeanneau est par ailleurs cofondateur des éditions Polystyrène, maison d’édition qui propose des livres-objets ludiques et expérimentaux.

Mon avis
Pierre Jeanneau propose une approche audacieuse dans son diptyque autour de la vie d’une bande de trentenaires. Des jeunes, plus trop jeunes, se cherchent, sur fond de musique rock. Peut-on percer encore dans le milieu à partir d’un certain âge? Est-on prêt à renoncer à ces rêves? Faut-il quitter son travail réénumérant pour un idéal? Faut-il renoncer à sa vie de couple aussi? Des recherches de réponses qui reflètent bien des interrogations de la plupart des adultes. La question du sens au travail se pose et les impacts que cela peut avoir aussi bien du côté amical, familial et professionnel. Les vies s’imbriquent, se détruisent, se distancient, se renforcent avec une puissance sur des destins difficile à maitriser. La force de l’ouvrage repose sur la mise en page. En effet, on voit sur l’ensemble des pages des perspectives cylindriques ou perspectives axonométriques. On voit à la fois les lieux et à la fois ce qui s’est vécu avec les personnages et sur le même plan. Il s’amuse avec les zooms, les jeux de lumière, les flashback, les sens de lecture… Une approche originale qui va dérouter les plus grands puristes et qui va ravir les plus ouverts ainsi les plus curieux qui aiment être surpris. On sent l’influence de Chris Ware qui a révolutionné l’aspect du comics. Déconstruire pour réinventer, voilà un défi relever. Pourra t’il être gérable sur deux tomes? On verra.

Un récit choral singulier téméraire qui bouscule les frontière de la création. Pourquoi le dessin n’apportera pas un nouveau regard sur le récit?