Ebouriffant.e.s – Emilie Gleason et Adeline Rapon

Et si le poil avait le droit de vie et de visibilité, est-ce que cela serait le signe d’une autre société? Emilie Gleason et Adeline Rapon veulent le croire. Que diriez-vous de faire un bon dans le futur?

4e de couverture
Une BD futuriste conçue par une photographe et une dessinatrice, sur un monde où l’épilation serait interdite ! Les trois tenancières d’un salon de coiffure new âge enseignent à leur clientèle de nouvelles coupes et des modes surprenantes, pour dissiper les habitudes, préjugés et drames du passé.

Photos d’Adeline Rapon

Mon avis
Emilie Gleason et Adeline Rapon en ont dans la culotte. Les deux artistes partagent des points communs certes. Mais elle partage une vision de la femme dans la société moderne assez singulière. Pour elle, les femmes doivent garder leurs poils. Elles s’affichent avec ces poils voyants et les revendiques que cela soit à travers des écrits, des photos… Alors pourquoi ne pas aller plus loin avec un autre support populaire? L’éditeur le Nouvel Attila leur a proposé voilà un an de réaliser une bd sur ce thème qui leur tient à coeur. Beaucoup dirons que le poil est vraiment un sujet trivial et superficiel et pourtant. L’impératif de ne pas avoir des poils que l’on impose aux femmes est une vraie contrainte du quotidien. Et surtout c’est un vrai bussiness rentable pour les industriels. A force de dire qu’une belle femme doit être mince, maquillé, porter des chaussures à talon… on est arrivé à créer un idéal qui a besoin de consommer pour tendre à la normalité. Le poil n’échappe pas à la règle car il faut acheter des rasoirs, de la cire, prendre des rendez-vous chez l’esthéticienne. Si tu ne suis pas l’impératif, tu seras ostracisé. Au début, c’était la moustache, les dessous de bras, les jambes et cela va jusqu’au vagin. Il faut que le corps de la femme soit glabre comme une petite fille. Pour qui et pourquoi s’infliger ça? Pour plaire à ces messieurs qui adorent les pornos et pour intégrer des communautés. La différence créé l’exclusion. Les deux amis racontent en dernière partie le pourquoi de leur livre et une réflexion historique sur la suppression de la visibilité du poil. Elles espèrent secrètement que dans un futur très lointain, 2061 les femmes laisseront plus de liberté à leur corps. D’ailleurs, l’épilation est interdite. Alors elles imaginent un salon de coiffure « Faut tif hair ». On ne coiffe pas les les cheveux mais les poils sous les bras, les jambes et le vagin. Et aussi bien les messieurs que les dames, par contre le tarif va être différent. Adeline Rapon a intégré quelques unes de ces photographies. L’idée est originale et c’est amusant à lire. On sent les convictions féministes. Toutefois, la lecture se fait très rapidement. On aurait aimé en avoir plus à lire et des récits un peu plus long pour que cela soit amusant. Le petit hic repose sur le graphisme assez atypique qui risque de repousser plus d’une lectrice. On est à l’opposé du dessin classique même si l’on voit le respect des proportions, des perspectives. Déroger à des règles même en bande dessinée dérange. Quelque chose me dit que malgré ça, les acheteuses seront au rendez-vous. Néanmoins, l’angle écologique n’a pas été abordé. Et si garder ces poils, c’était aussi une façon de protéger la nature?

Une petite bd pour se poiler et réfléchir à l’impact du poil sur la société.

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