Pour leur 12 ans, peu d’enfants ne seraient pas ravis d’aller en colonie de luxe. Seulement, ce n’est pas forcément le plaisir qui les attend. La mort risque de devenir une compagne bien trop fidèle.
Le voyage avait tout pour qu’il se déroule assez bien, du moins en apparence. Seulement, un accident d’avion arrive si vite, surtout quand il a des paniqués de la vie à bord. Dans le crash de l’avion, on trouve plusieurs survivants. Par contre, au lieu d’avoir des secours qui viennent à leur rescousse voilà une bande d’enfants étranges avec des masques d’oiseaux. Pas le temps de réfléchir, il faut fuir à toutes jambes. Une fois assez éloigné, du repos s’impose. Au levée du soleil, il faut avancer et rapidement. Seulement qu’elle ne va pas être leur surprise en découvrant d’autres carcasses d’avions. Est-ce du à une sorte problème magnétique qui bouleverse le matériel? A moins que cela soit quelque chose de moins acceptable éthiquement. Quelqu’un veut se débarrasser définitivement des alevins. Pas trop le temps de se poser des questions. Trouver un lieu pour être en sécurité devient vital. Un renard qui marche et parle vient à leur rencontre et leur propose son aide. Pour mieux les informer du grave danger qui les guette, il leur raconte l’histoire de la ferme à poulets. Comment ne pas rire à l’idée qu’un enfant mort puisse revivre grâce à des pouvoirs d’une terre touchée par un étrange rayon? Et surtout que depuis, il veut tuer ces enfants pour les enterrer. Ce n’est que le début des choses les plus mystérieuses que l’on peut trouver dans cette forêt… A partir de maintenant, ils ne connaîtront plus jamais de repos et la peur ainsi que la surprise deviendront leur lot quotidien.
En effet, quand on regarde le titre et la couverture, nous avons de quoi être intrigué. Le lien entre la Lozère et l’ensemble des images ne saute pas aux yeux immédiatement. D’ailleurs, se fait-il vraiment plus par la suite? Evidemment que oui.
Pour la bd jeunesse, Stan Silas utilise les codes classiques du genre et s’inspire aussi des mangas aussi bien dans la représentation que la mise en mouvement. Après tout son lectorat connaît les deux styles puisqu’ils passent avec aisance de la bd à celle du pays du soleil levant. Dans leur culture, ils savent aussi à quoi correspondent des cartes avec des descriptifs des différents protagonistes avec leur photo, ainsi qu’un descriptif avec les atouts et les faiblesses. Les références sont multiples et beaucoup vont se régaler des clins d’oeil comme à « Naruto » ou « Dragon Ball ». Contrairement à ce que les couleurs très vives et dynamiques, on n’est pas dans un récit tout gentil, mignon et moral. On parle dès les premières pages de morts. Le ton est donné. On n’est pas là pour s’amuser. Des adultes envoient à la mort certaine des enfants de 12 ans pour se débarrasser d’eux. Dans cette forêt, isolée par un grand mur en béton, vivent des animaux qui ont pris la place des humains et se comportent comme eux. Comment est-ce possible? A l’intérieur on découvre de nombreuses communautés assez singulières. La secte religieuse où l’on voit les références au Ku Klux Klan, le culte de l’être blanc et pure avec un logo qui rappelle le régime hitlérien fait froid dans le dos. Stan Silas ne ménage vraiment pas ses lecteurs. Par contre, la bd s’adresse à un public adolescent plutôt vers 14/15 ans. C’est assez cru, violent et sanglant avec une part de réalisme tout de même. Notre imaginaire est mis à contribution car on y voit la fiction et l’Histoire s’entremêler pour proposer quelque chose de très inhabituel et marquant. Nous allons mettre notre patience à contribution pour dévorer les 200 prochaines pages.
Une bd jeunesse qui sort des clous pour montrer la force de l’imaginaire, de la cupidité et de la cruauté.