L’âge d’eau – Benjamin Flao

L’eau recouvre une partie de la planète ce qui force les habitants à trouver des alternatives. Mais cette liberté n’est guère du gout du gouvernement. Un rassemblement forcé qui incite à réfléchir à une alternative de mode de vie.

4e de couverture
Nous sommes en France, l’eau est montée et il n’y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent « à flotter ». Les grandes villes, comme les grands pôles industriels, sont, quant à eux, systématiquement entourés de digues et soumis à des normes sanitaires. Face à l’insalubrité potentielle de ces modes de vie « hors des digues » et au danger qu’ils représentent, les autorités invitent ces populations à venir rejoindre au plus vite les centres d’hébergement d’urgence construits à la chaîne, sous peine de perdre certains de leurs droits citoyens. Une famille, qui a vu son habitat noyé par la montée des eaux, refuse d’obéir à l’injonction gouvernementale. Ils vivent sur une maison flottante. Jeannes, la mère, préfère cette liberté. Jeanne a deux fils, Hans et Groza, et un chien médium. Groza, un ancien CRS, traumatisé par son passé, ne parle plus que par onomatopées et a développé l’étrange manie de vouloir régler tous les problèmes. Hans vit une séparation douloureuse avec la mère de sa fille Vinee. Ils cherchent un lieu émergé où ils pourront vivre en paix, et sont prêts à lutter contre la nature déchaînée mais aussi contre les hommes, capables des pires bassesses pour survivre à ce monde en mutation. Un récit d’anticipation aux préoccupations très actuelles et personnelles, dont les deux tomes nous mènent dans des Pays de la Loire noyés par la montée des eaux.

Mon avis
Quand on finit la bande dessinée, on en sort un peu perplexe. On n’est admiratif du travail réalisé par Benjamin Flao. Il choisit un scénario probable de rupture avec la montée des eaux dans le monde. Comme chaque individu possède un don d’adaptation, une partie de la population se débrouille en étant isolé. Mais l’Etat voit cela d’un mauvais oeil ces habitants s’orientant vers l’autonomie et libre de tout trafic. Hans, un esprit libre vient tout remettre en cause que cela soit sur terre ou soit sur les eaux. Il symbolise l’être libre, qui se permet d’aller au-delà de l’interdit. C’est d’ailleurs lui que l’on va suivre et qui nous montre un monde qui s’écroule, qui s’effrite. Sa fille, Vinee, aussi possède sa fibre de rébellion en suivant les cours à l’université. Elle fait partie de ce lot de personnages loufoques et attachants. Une mère, Jeanne, qui a trouvé le moyen de faire de la culture sur l’eau et vie en totalement autonomie. Elle aidera même une vache en la trayant. Il faut que ces animaux retrouvent des bases pour vivre en dehors des élevages. Groza, ancien CRS, traumatisé par son passé n’émet plus que des grognements. Sous un aspect assez bourru, il se montre un homme à grand coeur. Il va même aidé un inconnu qui souffrait de douleurs récurrentes. Le pompon repose sur le chien bleu médium. Il arrive à se faire comprendre de quelques humains et arrivent même à les influencer dans leurs actions.

L’ambiance étrange est surtout du à trois éléments. Le premier est l’univers graphique assez particulier. Un dessin à la fois précis et lisible dans une forme de nuage d’aquarelles. On y voit le style d’un carnet de voyage. Le bédéaste est aussi un adepte du genre. On apprécie d’admirer des pages entières où on peut admirer des nuances comme le bleu. Puis le choix d’écriture avec cette police manuscrite qui apparaît à la fois dans des bulles et sur les images. Une façon d’immerger un peu plus le lecteur. Et enfin, le style assez poétique et réaliste à la fois. L’orientation environnementale est un engagement fort. D’autant plus que nous sommes en France, une zone inondable. Est-ce si improbable? Il pose des questions sur les causes de cette catastrophe naturel. L’humain n’est pas en reste. C’est lui le catalyseur avec la pollution, la consommation, la destruction de la biodiversité… Une oeuvre étrange, mystérieuse et entêtante. On reste sur une non-fin, mais doit-il en avoir une? Et il semblerait que cela soit un premier tome d’un duo. On restera vigilant sur ce point.

Un voyage fictionnel au coeur du chaos qui souhaite à la fois le conformisme et à la fois le rébellion.

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