Le docteur Tenma veut faire de son mieux son métier de médecin. Toutefois, il doit faire face à des enjeux politiques qui le dépassent. Un jour, il réalise un choix qui va tout changer.

4e de couverture
1986. Kenzo Tenma est un brillant neurochirurgien pratiquant son art à l’hôpital Eisler de Düsseldorf. Tenma est comblé, il vient de sauver la vie d’un chanteur d’opéra célèbre… Promis à la belle Eva Heineman, la fille du directeur de l’hôpital, son avenir est tout tracé. Tout lui sourit… Jusqu’à la nuit où arrivent deux enfants, Anna et Johann Liebert, dont les parents ont été découverts sauvagement assassinés. En choisissant de sauver le petit garçon plutôt que le maire de la ville, le docteur perdra tout… Amour, gloire et honneur laisseront place à solitude, rupture et alcool… Surtout qu’autour des deux enfants, les morts se multiplient. Tenma n’aurait-il pas sauvé un monstre ?

Mon avis
Quand on commence à lire des oeuvres de Naoki Urasawa, on a envie de toutes les découvrir. Voilà qu’enfin le premier tome est disponible à la médiathèque. C’était un signe qu’il fallait que je le prenne. Aussitôt sortie de ce lieu de culture, le manga était dans mes mains pour lire en marchant. Je n’ai pas pu le lâcher avant d’arriver à la dernière page. Une nouvelle fois le mangaka nous propose une mise en bouche très attrayante avec un récit étrange et intriguant. Pour un premier opus, nous en avons pour notre argent. Contrairement à bien des créations contemporaines, nous découvrons l’ensemble des personnages aussi bien dans l’univers de l’hôpital, de la police et des criminels. Un lien les relie les uns aux autres pour le meilleur et surtout le pire. Le personnage central a fait un choix qui a des conséquences improbables et dévastatrices. Il était impossible de les prévoir toutefois c’est ainsi que naquis Monster. Un enfant maintenant devenu adulte qui commet des meurtres pour rendre justice. La phrase suivante va souligner élégamment toute l’étendue de la complexité et l’horreur de l’histoire : « Quand j’ai repris connaissance, c’est ce que vous disiez. Vous les haïssez au point de vouloir leur mort. Je n’ai fait que répondre à votre attente. »

Le docteur Kenzo Tenma apprend la vie professionnelle à ses dépends. La gentillesse atteint vite des limites quand elle n’est plus lié à la servitude des puissants. L’aspect psychologique est très bien abordé où l’on voit un homme changer du tout au tout. Son travail devient son unique occupation. Charmant, bienveillant et honnête et surtout un excellent neurochirurgien, va t’il pouvoir le rester? Si faire un choix amène des gens à devenir des meurtriers, faut-il sauver tout le monde? Est-ce que toutes les vies se valent? Une chose surprend car le personnage est médecin japonais en Allemagne, à Düsseldorf en 1986. C’est rare de placer toute série en Europe. Le nom de Tenma sera même repris plus tard dans la série « Pluto » et le robot-policier est allemand.

Les autres personnages ne manquent pas de charisme non plus. On rencontre un policier qui a une fâcheuse habitude de bouger sa main à l’apparence pas très commode. Et bien entendu le Monster qui lui a un visage d’ange. Ces deux hommes partagent une volonté d’agir pour atteindre leurs objectifs. Et ils sont prêts à tout pour y arriver qu’importe le sang, la souffrance et les conséquences. L’excellence est au rendez-vous. Le point de vue, l’éthique et l’argent dirigent les choix de ces êtres singuliers. Jusqu’où cela peut aller? Que se cache t’il vraiment derrière le terme de Monster? Les questionnements sont nombreux et pas juste en surface. Rien de tel pour nous inciter à aller plus loin et d’être prêt à accepter d’être dérouter.

Un premier tome passionnant qui pose un contexte très complexe et mystérieux.

L’avis de Chez Mo : « Un univers riche et prenant dans lequel on s’attend sans cesse au pire pour finalement sortir des 18 tomes relativement épargnés (une seule scène choc me concernant). »

L’avis de l’Apprenti Otaku : « C’est en cela que ce premier tome de Monster me semble tout à fait représentatif du travail d’Urasawa en tant que mangaka. »