Amalia – Aude Picault

On veut toujours donner le meilleur de soi. Mais parfois la volonté ne suffit pas et le corps tire le signal d’alarme. Est-il possible de changer les choses?

4ème de couverture
Amalia est au bord du burn-out. Dans sa famille, où elle s’occupe de sa fille Lili, 4 ans et subit sa belle-fille Nora, 17 ans, ça crie et ça claque les portes, sans répit. Dans l’entreprise où elle est coach, on parle rentabilité, process’, elle perd le sens de ce qu’elle fait. Dans les campagnes alentours, elle voit la terre épuisée par la pollution et à la radio, les nouvelles du monde sont loin d’être rassérénantes. Alors Amalia fatigue et s’épuise, Amalia craque.

Détail d'une planche d'"Amalia" d'Aude Picault
Détail d’une planche d' »Amalia » d’Aude Picault – Dargaud

Mon avis
Aude Picault propose des albums toujours différents avec une force tranquille. Pour sa dernière création, elle nous emmène dans le quotidien d’une maman, Amalia. On pourrait dire qu’elle représente la mère moderne presque ordinaire. Avec son compagnon, ils ont eu un enfant et une semaine sur deux, vie une adolescente en garde partagée. Les tensions entre son ami et son ex-femme reste très présente. Son quotidien se résume en une course poursuite non stop encore emmener la petite à l’école, arriver au boulot à l’heure, réaliser des heures supplémentaires, faire toutes les tâches demandées, faire les courses, aller à la maternelle, gérer les crises d’adolescentes… Puis un jour la course au rendement et à l’efficacité a raison d’être. Bien entendu des lectrices vont se reconnaître dans cette étrange fiction réaliste. Pour Monsieur, le quotidien n’est pas vraiment plus rose surtout qu’il travaille dans l’industrie agro-alimentaire.

En plus de la maison, de son ado en plein décrochage scolaire, il doit gérer une crise du blé sans précédent. Une maladie tue la céréale ce qui nuit à sa productivité. C’est à cause de l’interdiction d’un produit toxique pour protéger de toutes attaques que l’on arrive à cette situation critique. Les médias diffusent ce message à tout va. L’état autorise alors de mettre ce poison pour sauver la nation. Pas de chance, le produit s’infiltre dans le sol et l’eau devient contaminé. Inflation, maladie, limitation des aliments de base font paniquer la population. Tout ça joue aussi sur le moral d’Amalia. Le rendement à tout prix est partout. Même en utilisant une méthode managériale dites « agiles », la finalité reste la même. La novlangue de la start-up nation se répand dans tous les domaines possible avec des termes comme stimulants, améliorants, adaptabilité La créatrice parle d’intolérance au rendement, quel formulation des plus adaptées. Là encore, cela va être très parlant à plus d’un lecteur. Peut-être en faire une suggestion au ministère de la santé pour que le terme rentre dans les maladies professionnelles. Elle aborde aussi un sujet comme la parentalité. Comment être présent pour sa progéniture avec tous les impératifs à gérer, comment faire à deux, comment créer une cohésion de famille recomposé si l’on a jamais le temps et si l’on est fatigué? Pour échapper à une dure réalité une autre addiction devient incontournable. Pour échapper à la réalité épuisante, on s’invente une vie sur les réseaux sociaux, on regarde des séries sur des plateformes à l’achat… On cherche de l’affection par des like et non des actions dans le monde réel. Comment faire face à cette charge mentale? Aude Picault aurait pu tout faire tourner au drame. Elle ose apporter une douce lueur d’espoir. Une ouverture à l’image de son graphisme tout en rondeur, délicat, frais, précis. Elle fera un clin d’oeil discret à Claire Bretécher. Une œuvre qu’il fait bon de lire et de partager pour échanger des impressions ainsi que des réflexions.

Une création audacieuse, pétillante et brillante. Aude Picault nous propose un récit d’anticipation dystopique très réaliste dont il n’est guère difficile de s’y projeter.

L’avis de Ma petite bibliothèque : « Cela raconte des choses intéressantes, mais je n’ai pas été pleinement convaincue par ce titre. Je pense que le fait de l’avoir découvert en numérique joue aussi en défaveur du titre, j’ai vraiment peiné à m’en imprégner. »

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