Wauter Mannaert a plus d’une corde à son arc. L’une d’entre elle est de créer des histoires qui sauront vous toucher qui que vous soyez. Nous allons en savoir plus sur sa très intéressante série (à lire en famille) Yasmina.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la bande dessinée ?
La Belgique est toujours un véritable pays de la bande dessinée. Enfant, je me levais et me couchais avec des bandes dessinées. J’ai aussi toujours voulu dessiner. Plus tard, quand j’avais 17 ans, je suis allé à l’école d’art. Pour mes études supérieures (à partir de 1999), j’ai choisi le cinéma d’animation, un cours de « dessin de bande dessinée » n’existant pas à l’époque en Belgique (coté néerlandophone).
Mais cela a changé vers l’an 2000, lorsque le cours « illustration et bande dessinée » a été lancé à Sint-Lukas cela allait de pair avec une sorte de renaissance ou plutôt l’essor de la bande dessinée alternative en Flandre. Judith Van Istendael, Simon Spruyt, Olivier Schrauwen,… sont quelques-uns des artistes qui ont obtenu leur diplôme à cette époque.
Je l’ai trouvé extrêmement inspirant et après avoir hésité pendant quelques années, j’ai décidé en 2007 de me lancer dans la bande dessinée. En 2011, mon premier livre a été publié (« Ondergronds » avec un scénario de Pierre De Jaeger).
Comment vous est venue l’idée de créer le personnage de Yasmina ?
J’ai travaillé professionnellement avec des jeunes à Bruxelles de 2003 à 2014. Les jeunes et la ville ont donc toujours été très importants pour moi et une partie de l’inspiration de Yasmina (et certainement le désir de faire quelque chose pour les jeunes) vient de ces expériences.
Yasmina est née parce que je voulais faire quelque chose de l’essor du jardinage et de l’agriculture urbains que j’ai observé à Bruxelles aux alentours de 2009-2010.
L’idée d’une ville plus verte qui peut aussi être en partie en autarcie m’a séduit. Aujourd’hui, on voit de plus en plus d’initiatives pour parvenir à une utilisation plus mixte de la ville, de l’agriculture et de la nature. Mais il y a dix ans, Bruxelles était encore une véritable ville de voitures grises. Les premières expériences de jardinage sur les toits, de jardins potagers dans la rue, de jardinage sur les balcons, etc. ont été très remarquées et ont stimulé mon imagination. Derrière ce mouvement se cachent également de nombreuses questions sociales : d’où vient notre nourriture, quelle est notre empreinte écologique, dans quelle mesure une ville doit-elle être « vivable », comment ralentir le changement climatique, etc.
Nombre de ces questions, et des réponses potentielles, concernent en grande partie notre façon de manger et le contenu de nos assiettes. J’avais donc besoin d’un personnage où la nourriture occupe une place centrale dans sa vie. De là, Yasmina est née.
Pourriez-vous nous la présenter ?
Yasmina est une jeune femme d’environ 13 ans, toujours positive et très énergique. La cuisine est sa vie et sa passion. Elle vit seule avec son père dans un petit appartement à Bruxelles et, bien qu’ils ne soient pas vraiment riches, ils passent de bons moments ensemble, en partie grâce à la débrouillardise de Yasmina. Yasmina est une personne qui est consciente du monde qui l’entoure. Elle lutte activement contre l’injustice et essaiera toujours, à sa manière, de convaincre les autres de faire de même. Souvent avec humour et un côté légèrement rebelle.
Pourquoi est-il si important pour vous qu’elle ait une conscience écologique ?
C’est la bataille la plus importante que le monde aura à mener au cours des 15 prochaines années. Si nous ne parvenons pas à inverser le cours des choses et à ralentir le réchauffement de la planète, les conséquences pourraient être catastrophiques. Si nous échouons, les jeunes d’aujourd’hui pourraient être les premières victimes. Ils ont donc raison à plus de 100 % de confronter le monde à son incompétence, car cela concerne littéralement leur avenir. Partout dans le monde, les jeunes descendent dans la rue (par exemple, avec les grèves scolaires pour le climat). Parce que Yasmina est une série dans laquelle l’écologie et la jeunesse sont centrales, il est inévitable que Yasmina fasse partie de ce mouvement. Mais je veux que Yasmina aille au-delà de la simple protestation. Ses actions sont concrètes et positives. Yasmina a de l’espoir pour l’avenir et met l’épaule à la roue pour construire cet avenir. Je suis convaincu que c’est l’attitude que nous devons montrer maintenant. Nous devons changer le monde et OUI, nous pouvons le changer !
Est-ce que l’écologie et le développement durable sont des thèmes qui vous sont chers ?
Quand je pense à ce que nous avons perdu en termes de biodiversité au cours de ma courte vie, cela me donne parfois le cafard. Mais je pense alors à l’affirmation précédente : que nous pouvons changer le monde si nous le voulons et que tout n’est pas perdu. Il y a encore beaucoup de choses à sauver et peut-être à restaurer. J’ai choisi une profession d’auteur de bandes dessinées mais je voulais contribuer à ce processus à ma façon. J’espère que Yasmina est une série qui peut servir de point de départ à une discussion sur des thèmes tels que l’écologie. Que peut-être cela peut faire réfléchir certains jeunes et adultes, et qui sait, peut-être que cela peut conduire à l’action.
Est-ce que l’on pourra lire bientôt la suite ?
Absolument ! Le prochain volume sera dans les magasins en mai. C’est la suite de la première partie. Une comédie sur la façon de nourrir 10 milliards de personnes (d’ici 2050) ? C’est devenu une histoire avec beaucoup de potagers, de lapins, de farces et une Yasmina plus créatifs que jamais !
Sortie prévue le 21 mai 2021 en France avec Yasmina – Tome 2 – Un potager pour l’humanité
Un très merci à lui d’avoir répondu et de s’être servi de son traducteur néerlandais/français.
Vous pouvez trouver déjà les 2 premiers tomes de Yasmina avec « Yasmina et les mangeurs de patates » et « Yasmina – Tome 1 – Master Class« .