Ma vie avec un scientifique – La fertilité – India Desjardins et Bach

Ce n’est pas parce que l’on veut un enfant que l’on peut en avoir un. C’est là que se pose la question de la fertilité du couple. Une aventure riche en émotions dans laquelle bien des gens se reconnaîtront.

4e de couverture
Elle est émotive, il est pragmatique… Ensemble, ils forment un couple amoureux et complice. Mais leur bonheur est mis à l’épreuve le jour où ils entreprennent une nouvelle étape de leur vie à deux: celle de fonder une famille. Après plusieurs essais infructueux, ils se tournent vers les traitements de fertilité.
Teintées par leurs perceptions très différentes des choses, leurs péripéties nous offrent un coup d’oeil plein de sensibilité et d’humour sur un sujet délicat, trop souvent tabou.

Mon avis
L’infertilité devient un sujet un peu moins tabou. De plus en plus de femmes, décident d’évoquer leur parcours de vie dans des bandes dessinées. India Desjardins souhaite également s’inspirer un peu de son aventure personnel avec son conjoint, Olivier Bernard. Elle précise qu’il n’est pas nécessaire que cela soit autobiographique pour être vraisemblable et touchant. Pour réussir sa vie, notre héroïne des temps modernes, doit trouver une personne pour partager sa vie. C’est la première étape. Une fois franchie et convaincue d’avoir trouvé la bonne personne, elle souhaite passer à l’étape suivante : avoir un enfant. Un choix qui se fait bien entendu à deux. Une fois le marché conclu la route du bonheur se poursuit. Seulement voilà, les règles reviennent toujours et les tests de grossesse restent négatif. A force de nombreux essais, pas le choix d’aller passer des examens des deux côtés pour trouver d’où cela vient. Madame doit passer des examens désagréables et douloureux. Monsieur a juste à se masturber et mettre sa semence dans un petit pot en plastique. L’heureuse gagnante a le droit de prendre des hormones pour motiver ses oeufs pour être fertilisé. Pour résister à cette longue période, elle peut compter sur son compagnon pour la soutenir et l’aider. Grâce à son pragmatisme et sa bonne humeur, elle arrive à mieux subir son quotidien. Ensemble, ils résistent mieux au fait de voir des bébés partout et tout le temps. Cela déprime forcément. Un sentiment d’injustice pointe le bout de son nez. Le dessin de Bach apporte beaucoup de légèreté et de délicatesse. Elle s’affranchit des codes classiques pour être plus dans ce que l’on connaît dans les récits de nana comme dans les débuts de Pénélope Bagieu. Le duo de créative est complémentaire et plein de bienveillance. On le ressent à travers toute la lecture.

La scénariste apporte beaucoup d’humour dans cette étape de vie. Par exemple, les sauts d’humeur ne sont pas toujours liés au surplus d’hormones qu’elle prend au quotidien. Parfois, c’est juste, normal. Mais je trouve dommage ce choix de ne pas mettre plus de données pragmatiques et réelles. Surtout que le conjoint est un scientifique donc on aurait pu avoir des statistiques ou des approches psychologiques. Par exemple, cette réflexion débile que c’est un blocage psychologique chez les femmes qui cause l’infertilité. C’est logique car tu as tellement envie d’avoir ta progéniture que tes ovaires, qui n’ont pas de conscience, décident de faire la grève. Et par contre, chez les messieurs, l’envie d’avoir un bébé ne nuit pas à l’énergie des spermatozoïdes de se déplacer. Etrange quand même. En effet, des personnalités télévisuelles propagent ce genre de chose tout en sachant qu’ils ne sont pas psy et que deux c’est un hoax. Cela serait bien de déconstruire des vieux clichés qui ont la peau dure. On aurait pu avoir des chiffres sur les statistiques d’infertilité chez les hommes et les femmes qui sont identiques. Toutefois, le récit de l’étape pour avancer n’est montré que du côté féminin. On viendrait à croire comme à une époque très lointaine que seules les femmes sont infertiles. Un gars, image de la virilité ne pouvait qu’être efficace tout le temps. Et dire, que des gens croient encore ce genre d’ineptie. A défaut que cela soit évoquer dans le récit assez gentillet, il aurait pu avoir un petit dossier à la fin avec des données, qui existent en plus. Surtout que l’histoire se finit forcément avec un happy end, comme toutes les bd qui traitent de ce sujet. On pourrait croire que la médecine apporte la solution miracle. Malheureusement c’est bien faux aussi. Est-ce pour cela que le titre de la bd est la fertilité et non l’infertilité? Un choix qui mérite d’être discuté. D’autant plus quand sa vie est avec un scientifique.

Une approche légère et audacieuse de se problème d’arriver à faire un enfant à deux. Le tabou de l’infertilité prend un bout coup dans le cul.

L’avis de Julie lit au lit : « J’ai hâte au prochain tome (on s’entend que India Desjardins a probablement du matériel pour quelques autres tomes)! »

L’avis de Cramberries Addict : « Mais plutôt que de donner dans le mélo et l’auto-apitoiement, cette BD tente plutôt d’aborder le sujet avec légèreté et humour. »

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