Quand le quotidien vous dévore, il est nécessaire parfois de faire une pause. Grâce à l’amour de sa famille, Edouard peut se prendre ce temps de rupture. Ainsi pendant trois mois, il s’apaise en compagnie de dame nature.
On pourrait croire que le métier d’éleveur de chèvres est tranquille et sans contrainte. Mais c’est sans compter sur la lourde charge administrative, la mobilité des clôtures, l’attaque des renards… L’amour des animaux ne fait pas tout et ne fait pas subvenir aux besoins sa famille. Malgré le soutien des autres professionnels, un choix s’impose comme une évidence. Il doit tout vendre et tourner la page. Mais cela ne peut pas se faire d’un claquement de doigts. Comment ne pas sentir cette étape comme un échec? Avec tant d’investissement personnel et tant de motivation, comment pourrait-il en être autrement? Voir tout ce que l’on a mis en place disparaître, affecte considérablement. Il faut impérativement tourner la page pour retrouver goût à la vie. Grâce à l’amour de sa femme, il décide de prendre du temps pour lui. Pendant trois mois, il va vivre dans la forêt. La première étape est d’identifier l’arbre qui accueillera sa cabane. Puis vient le moment de la construction avec des matériaux de récupération de son ancienne activité et ce que la nature lui offre. Il créé progressivement un lieu de vie équilibré et respectueux de ce qui l’entoure. Le dimanche, il retrouvera sa tribu pour des instants particuliers ensemble. Une coupure nécessaire pour se reconnecter à son soi profond. Et surtout admirer la force et la beauté de l’environnement. Chacun vit en osmose avec l’autre et s’adapte en harmonie. Tout le monde à sa place. Cet aventurier expérimente et sent en lui un changement profond lui permettant de prendre un nouveau chemin plus paisible.
Edouard Cortès est au bord du gouffre et décide d’aller vivre dans la forêt pendant un temps. Par la suite, il retranscrira son expérience dans un ouvrage qu’il nomme « Par la force des arbres ». En 2022, il décide de collaborer avec Dominique Mermoux pour donner une nouvelle vision. La couverture du roman graphique s’inspire de celle du livre. Le dessinateur y rajoute un élément capital: l’interlocuteur. Il est placé au cœur de l’histoire. Ce dessin appelle aussitôt à l’imaginaire. Qui n’a jamais rêvé petit et/ou grand de construire sa cabane et d’y habiter? C’est d’autant plus vrai quand on ressent un besoin vital d’une parenthèse enchantée. Plus d’un lecteur pourra aussi se reconnaître dans cela. Le retour à la terre, à l’essentiel permet de changer sa focale grâce à la conséquent, le lecteur est emporté dans cette expérience incroyable. On est immergé dans cet espace incroyable où l’on admire la faune et la flore. Quelle délectation d’admirer les rouges gorges, les geais des chênes, des chevreuils, des tilleurs, des hêtres, des fourmis, des pucerons, des hannetons… On pourrait même croire les entendre et les sentir, Le duo nous initie à l’harmonie qu’il existe dans ce microcosme. Impossible de ne pas être émerveillé de cette approche si bienveillante et positive. Surtout que les dessins sont tellement délicats, précis et immersif. Les planches ont l’on admire des arbres ou le ciel sont de toute beauté. On s’arrête un instant juste pour mieux les admirer et respirer paisiblement. Il est important de prendre son temps pour tourner les pages, souffler et s’interroger aussi de sa place dans la société. « Savoir vivre simplement n’est pas pour moi jouir d’une meilleure qualité de vie ou consommer moins, c’est d’abord apprendre à posséder mieux ».
Un roman graphique d’une grande beauté qui nous pousse à penser autrement la société de consommation.
L’avis Le jardin de Natiora : « C’est un album magnifique, instructif et inspirant. »
L’avis de Mes pages versicolores : » Les tempêtes, la peur et la solitude sont abordées pour rendre le récit de la manière la plus juste possible. Si j’ai apprécié l’ensemble de cette bande dessinée, je dois avouer que certains aphorismes étaient cousus de fil blanc. »