Jean-Yves sait que l’avenir repose dans l’informatique même si l’on est en 1975. Mais difficile de convaincre qu’un ordinateur va faciliter le travail. Pour la peine, c’est le minitel, qui a gagné.
4e de couverture
1975. Jacques-Marie Bertrand est le dirigeant de la florissante entreprise de photocopieurs Bercop. En bon chef d’entreprise, il sait que gouverner, c’est prévoir. Il désigne alors son fils, Jean-Yves, comme directeur du nouveau pôle recherche et développement, « le Labo ». Pour Jean-Yves, l’avenir, c’est l’informatique !
Avec ses séances de méditation, la découverte du jogging, et ses chercheurs à la pointe, le Labo sera peut-être la success-story du siècle à venir…
Mon avis
Très vite, on voit les références d’Hervé Bourhis dans son récit. On aurait pu croire que la France était une terre d’innovation dans les années 70, moments propices à proposer de nouvelles choses. En effet, à cette période les prémices de l’internet sont présents avec le projet Cyclades. Toutefois l’Etat a fait le choix malheureux du minitel. Le scénariste place son histoire en France, dans une zone reculée en Charente et dans un bâtiment singulier pour l’époque. L’entreprise de photocopieurs Bercop, leader du marché européen, cherche à se diversifier. Le patriarche, confie à son fils Jean-Louis, la direction du pôle R&D. Grâce à de la bonne marijuana, il voit l’avenir et cela sera l’ordinateur personnel. Grâce à une équipe d’hommes, les voilà qui créé une machine individuelle avec une interface, des outils et surtout un mulot (souris). Le tout peut-être relié à des imprimantes personnelles aussi.
Impossible de ne pas voir le parallèle avec Xerox Centers à Palo Alto. La structure leader sur le marché déploie un centre autonome pour développer des idées originales. Parmi les projets révolutionnaires, il y a l’ordinateur personnel qui pour l’instant n’existe pas vraiment et encore moins avec une interface personnelle tout comme l’imprimante. Toutefois la marque refuse d’investir dans cette technologie jugée trop cher et pas adapté au marché tout comme celui de la tablette tactile. Par chance, cela fera la joie d’individus visionnaires comme Steve Jobs et Steve Wozniak qui récupère la technologie et aussi les têtes pensantes qui vont avec. La fin de l’entreprise en France se fera grâce au rachat de ces gentils financiers. La boucle est bouclée. Une fiction drôle et intelligente qui parle de ces projets qui avait tout pour réussir de notre point de vue de notre époque. Investir dans un produit repose sur des choix stratégiques importants et dangereux.
Il n’oublie pas la place des femmes avec une femme patronne, une femme noire qui s’impose par sa volonté et surtout une jeune fille qui souhaite être développeuse de jeux vidéos. Ici les femmes veulent être libres et prouvent leur niveau de compétence dans tous les domaines. Les phrases soulignant le patriarcat sont nombreuses. Il ne faut pas oublier la réalité du contexte social qui parfois n’a pas trop changer en 50 ans. Les secrétaires restent majoritairement des femmes et les patrons des hommes. Mais elles ont leur place et cela s’affirmer avec plaisir.
Le graphisme de Lucas Varela correspond à merveille à l’univers proposé. Que cela soit au niveau des dessins ou des couleurs, nous sommes dans le rétro. Il n’omet aucun détails aussi bien dans l’architecture que les vêtements. Un travail d’une grande richesse créative et fidèle à une période. C’est un vrai régal de tourner les pages. Surtout il s’attarde sur ces espaces pour produire autrement avec des pouffes, des clopes et d’autres activités. Les lieux de détente n’ont rien d’original à ce que l’on pourrait croire dorénavant. On apprécie sa représentation des femmes très diversifiée aussi bien dans leur style et leur attitude. La libération de la femme commence à émerger et elles osent dire non. Les hommes ont besoin du salon pour boire et fumer donc il faut virer ces dames qui ne parlent que de choses superficielles. Après elles disent non et acceptent même d’entendre dire qu’elles ont leur ragnagna. C’est bien connu quand une femme s’oppose à quelque chose c’est forcément du à un problème hormonal. On s’amuse à regarder la tête de ces messieurs totalement perdu et perplexe. Un duo créatif très complémentaire et audacieux. Ils proposent même à la fin un petit dossier pédagogique pour recontextualisé les choses de l’époque. On veut poursuivre la découverte de leur travail surprenant.
Une bande dessinée original qui ose parler d’innovation et d’échecs d’entreprises.
Oui, le minitel, l’erreur du siècle, du millénaire, face à Internet…
un mauvais stratégique 🙂 on n’est pas dans un pays très innovant. 🙂