Le monde décline de plus en plus. Comment les billionnaires vont-ils s’en sortir? Pas le choix de créer une île adapté à leur niveau de vie où aucun élément extérieur ne pourra les gêner.
4e de couverture
Imaginez un monde où la plupart des changements climatiques seraient la faute des plus fortunés, mais qu’au lieu d’y remédier, ces derniers se contenteraient de détourner le regard et de plébisciter la création d’oeuvres d’art virtuelles. Imaginez maintenant un monde où les médias, de la chaîne de télévision au journal local, seraient démantelés ou rachetés, permettant à ces mêmes milliardaires de vivre impunément de leurs trafics en tout genre. Imaginez enfin que, pour assurer leur propre prospérité, de riches industriels testent leurs produits nocifs sur des populations sans ressources, incapables de se protéger. Imaginez alors que ces personnes les plus riches, pour échapper à la vindicte mondiale, s’échappent sur l’île sanctuaire qu’ils auront pris le temps de construire. Eh bien, n’imaginez plus ! Ce monde existe… bientôt.
Mon avis
On sait qu’il y a des soucis environnementaux. Et si on ne change rien, tout va empirer. Le technosolutionnisme et le longtermisme dont on nous rabâche qu’ils sauveront le monde, ont bien des limites. Quand on a de l’argent on peut tout se permettre. Toutes les sociétés reposent uniquement sur l’économie et la notion de bénéfice infini. Par conséquent, les actions se font par un prisme biaisé qui favorise une certaine catégorie. Cette distinction doit d’autant plus s’affirmer et se marquer. « Malgré ce que nos amis de l’industrie des énergies fossiles – Hey, David! – ont répété aux Jean-Michel Lambda pendant des décennies, on sait tous que le changement climatique bien réel, et qu’il arrive très rapidement. Du coup, pas de bol, c’est de moins en moins valable d’investir dans l’immobilier balnéaire. Et y a des réfugiés climatiques à l’allure maussade partout! ». La solution est d’intégrée « Freedom Unlimited » et « est réservée aux milliardaires et à leur personnel, c’est tout! Des détecteurs de fortune personnelle sont placés tout autour de l’île pour dégager la racaille ».
Si la planète possède une date de fin c’est à cause de ces pays émergeants qui n’arrêtent pas de faire des enfants. Par conséquent, il faut réguler leur croissance. Ce n’est pas Malthus qui aurait dit le contraire. D’ailleurs, cela a inspiré de nombreux programmes de castration en Inde ou en Chine dans le monde réel. Mark Russell propose quelque chose de plus radical pour son récit. « Dans vingt ans, les capacités agricoles de cette planète ne suffiront pas à nourrir la moitié de la population actuelle. La stérilisation de masse est la seule façon de réduire la population sans famines et sans guerres ». Sauf qu’une mutation inattendue à fait mourir toute une population. Comme elle est en Afrique, cela n’intéresse personne. Sauf qu’un militaire blanc y a perdu sa femme et son fils. Il veut se venger et tuer tous ces riches responsables de ce carnage. La communication officielle est de tout ordre. « Je suis sûr que vous comprenez qu’avec la disparition des glaciers et des nappes phréatiques – nos plus grandes réserves d’eau, que ce soit pour l’homme ou pour l’agriculture – et avec la population qui continue de croître nourrir les 10 milliards d’habitants sur cette planète est devenu le défi du 21e siècle. C’est pour ça que nous avons développé des programmes innovants pour ramener le monde à l’équilibre en augmentant ses réserves de nourriture ».
L’argent appelle l’argent qu’importe ce qui se passe à l’extérieur. « Les forêts brûlent pendant l’été… Les espèces disparaissent plus vite que les petits fours à un séminaire. L’océan devient une cuve d’acide saveur plastique. Et avec toutes ces richesses… tout ce que vous avez réussi à vous payer… c’est le privilège de vous réfugier à l’arrière du rondin qui dégringolera bientôt de la cascade ». Le cynisme sera progressivement poussé à son paroxysme. On voit des ultrariches manger des burgers avec des steaks d’Orang-Outang, des drones anti-pauvres, des colliers d’électrocution pour le petit personnel pour le faire travailler avec plus de rapidité et sans rébellion. Le scénariste invente une discussion entre le gestionnaire de l’île et le président des Etats-Unis. Pour réguler la population, il faut introduire le gêne malade et gérer les conséquences politiques possibles. Sinon, il faut faire un tirage au sort dans la plèbe afin de définir qui servira de viande et qui survivra. N’y a t’il pas une autre solution? plus équitable? Un économiste suggère : « J’ai refait mes calculs. Il n’y a qu’à augmenter les taxes sur les milliardaires et on pourra construire des villes auto-gérées pour toute la population! ». Une proposition qui lui vaudra la mort. Le vice est poussé plus loin avec la manipulation de la masse avec les médias alternatifs des complotistes. Au final comme tout repose sur l’économie de marché quand ce dernier s’effondre, tout s’effondre. Sans fric, sans dirigeant personne ne peut vraiment s’en sortir. Vraiment?
On pourrait en rire si seulement cette fiction ne faisait pas appel à temps de réalisme. N’oublions pas les voeux du président de la république française qui ose prononcer : « qui aurait pu prédire la crise climatique? ». En 2023, des politiques osent dire publiquement ce genre de chose. Le rapport Brundtland, les rapports du GIEC, la conférence de Stockholm, le sommet de Rio, les études prospectives… mais qui? « J’imagine que les propriétaires de la plus vaste industrie du bâtiment au monde, se son distributeur alimentaire le plus riche et de ses mines les plus productives, sont tout indiqués pour reconstruire la civilisation n’est-ce pas? « . Qui d’autre sinon? Bien que la fin semble aller très vite avec une solution assez extrême, on ne ressort pas indemne de cette lecture coup de poing. On a envie de partager, de discuter, de mieux relire les échanges, de travailler notre esprit critique… Les thèmes abordés sont très vastes comme le contrôle des naissances, le réchauffement climatique, la pollution, l’immigration, l’économie, le contrôle des opposants… Steve Pugh se fait aussi plaisir graphiquement en faisant de ces êtres sans compassion des personnages grossiers, vulgaires, outranciers… Certains visages ne vous seront pas inconnus comme Harvey Weinstein, Trump, Bush… La réalité inspire aussi beaucoup les créations.
Une critique détonante et acrimonieuse sur un monde à la dérive qui se rapproche dangereusement de ce que l’on connaît.
Tout a un prix, même et surtout l’honnêteté. Le Zorro de l’histoire va lui-aussi débarquer sur l’île et faire à toute l’ingéniosité du scénariste. On y croit à cette île magique, au fric sans limites que ce soit en France ou ailleurs. Et puis il y a le Business Dog, clé de toute cette aventure qui a le goût terrifiant de la vérité. Sous d’autres formes sans doutes mais on finira bien par en avoir un aperçu alors que tout par en vrille depuis le début du Covid, le retour de l’inflation et le prix galopant de l’énergie, l’Ukraine et Poutine qui pourrait ressemble à Canto. Allez, alors on ne désespère pas, enfin pas tout de suite. La fin du monde attendra encore un peu. Excellent ouvrage.
En 2016, après la délicieuse série satirique Prez (toujours inédite en France, mais on continue notre forcing auprès d’Urban Comics), le scénariste Mark Russell s’associait à l’artiste Steve Pugh pour proposer une nouvelle série papier aux Flintstones (les Pierrafeu, elle aussi inédite sous nos latitudes).
Sous couvert de reprendre une licence culte Hanna Barbera, Russell proposait une lecture au vitriol de l’humanité en tant que société, des travers de la civilisation soi-disant moderne (le consumérisme, la religion, le capitalisme, etc…) tout en l’adaptant magistralement au contexte simili-pré-historique du dessin animé.
On sera donc ravi d’apprendre aujourd’hui que le duo derrière The Flintstones, série par ailleurs nommée aux Eisner Awards en 2018, se reforme du côté du jeune éditeur indépendant Ahoy Comics pour le titre Billionaire Island, présentée par l’auteur comme une suite spirituelle de sa précédente collaboration avec Steve Pugh. Pour cette mini-série en six numéros, Pugh sera accompagné de son coloriste habituel Chris Chuckry.
Amenée comme une « satire sauvage« , Billionaire Island nous emmène sur une île appelée Freedom Unlimited Island (ou FU (fuck you) Island, qu’on pourra également lire comme « l’île va te faire foutre »), peuplée uniquement de milliardaires. Comme l’île est implantée dans des eaux internationales et qu’aucune loi ne s’y applique, tout est possible, du moment que l’on a l’argent pour. Un hameau de paradis qui se transforme alors en état policier impitoyable pour quiconque extérieur y mettra les pieds.
Un concept qui s’annonce caustique avec des thématiques toujours très actuelles, qui permettra à Mark Russell de poursuivre son oeuvre, dans laquelle, et quel que soit le titre, sa vision de la société en prend pour son grade, pour le plaisir du lectorat. Billionaire Island #1 est attendu pour le mois de mars 2020 chez Ahoy Comics. La première couverture est en galerie ci-dessous.
C’est plus compliqués que vous le pensé, l’histoire ne date pas d’hier, il faut regardés juste quand l’argent est entré dans ce monde, qui à inventés l’argent ? après comme toutes guerres , ils sont sournois , il alimentes des deux côtés , un pour soi-disant la paix par la guerre , l’autres la guerre pour la paix , vous mettez des infiltrés dans toutes religions et vous avez ce monde d’aujourd’hui. Enfin merci je me sens plus seule…