L’itinérance artistique peut prendre une nouvelle forme. Parfois on ne peut pas apporter assez, juste en une soirée. Pourquoi ne pas construire un projet sur du moyen terme avec une classe?
Depuis quelques années, Yvonne avec son fils, Enzo traversent la France. Une vie d’itinérance pour présenter une création des plus singuliers. La mère est sur scène et le fils s’occupe de la technique. Seulement voilà, le garçon voudrait arrêter cette vie qui ne lui convient plus du tout. Son souhait serait de rester dans une même ville pour qu’il puisse se faire des amis. Et pourquoi pas aussi une petite copine. Il trouve la pièce de sa mère assez mauvaise. Un soir la représentation tourne à la catastrophe. Le public croit que tout était organisé et éclate de rire. Il n’en fallait pas plus pour convaincre un enseignant d’aller voir YV, comme elle aime se faire appeler. Ne voudrait-elle pas venir dans sa classe le lendemain afin de monter un spectacle avec ses élèves? Elle n’a d’autre choix que d’accepter. Le projet lui plaît ainsi que le professeur. Cela fait longtemps qu’elle n’a pas ressenti ça. Quelle chance pour l’adolescent car la fille sur laquelle il a flashé est là. Rien de tel pour se rapprocher et plus si affinité. Tous les élèves ont de très nombreuses idées qui partent dans tous les sens. Cela ne semblait pas gagner de mélanger l’arche de Noé, Titanic, des zombies, des animaux…. Pourtant derrière tout ça, on peut voir un fil conducteur : la tolérance. « On est dans tous dans le même bateau, non? » Grâce à une volonté sans faille, ils rencontrent dans la ville des artisans qui peuvent les aider aussi pour les décors, les costumes, le maquillage, la coiffure… Malgré des complications pour fixer des dates de répétitions par rapport aux activités extra-scolaires sportives, culturelles et religieuses de tous, ils arrivent à quelque chose. Qui a dit que la laïcité, l’écoute et la bienveillance ne permettaient pas l’impossible?
Pour faciliter l’appropriation du récit, Claire Godard a décidé de raconter l’histoire à travers le regard de l’enfant. Rien de tel que mettre le narrateur au même niveau que le lecteur. Cela signifie que les mots utilisés seront par conséquent faciles à comprendre et pas trop denses. Il faut que cela reste un plaisir qui s’adapte à tous, qu’importe leur niveaude lecture. Khassatu Ba elle aussi a pris en considération les têtes blondes. Le dessin est simple, visible et intelligible. Et pour donner un vent de liberté, elle ne s’encombre pas de bordures de cases noires et privilégie les fonds blancs, comme la teinte de la page. Cette approche se montre très nécessaire car l’objectif de la bande dessinée est d’aborder la laïcité sous un angle positif. La bande dessinée a reçu le soutien du festival bdBoom, de la préfecture du Loir-et-Cher, de la région académique Centre-Val de Loire, des fonds pour le développement de la vie associative et de la ville de Blois. Un sacré paquet de soutien qui attendent un message fort, clair et net. Rien de surprenant que les choses paraissent pouvoir très bien se passer sans aucun conflit ni avec l’école, les enfants, les parents ou des associations diverses. Quelque soit son obédience avec ces règles, tous peuvent vivre ensemble dans le respect et le partage. Aucun propos haineux par rapport à la couleur de la peau, des cheveux, de la nourriture, de leur tenue, de rites… Mais n’est-ce pas trop idéalisé? Quel gamin au quotidien vit vraiment cela? Montrer les difficultés pour les surmonter ensemble au-delà juste d’une représentation d’un soir, aurait pu apporter plus de vraisemblance bien qu’il aurait fallu quelques pages supplémentaires. A moins qu’il faille accepter qu’on montrant un monde improbable cela inspire à l’espoir.
Faire une bd sur un concept de laïcité pour les enfants est un vrai défi. Dans ces temps difficiles, est-ce entendables?