Le quotidien dans le collège n’est pas de toute tranquillité. C’est aussi vrai pour les élèves que pour ceux qui y travaillent. L’avenir est une question centrale.
Quand il est trop tard, on ne peut plus rentrer dans l’établissement scolaire. En plus, on ne peut même pas rentrer avec son jogging. Gare à celui qui déroge à l’obligation. Le règlement, c’est le règlement. Il n’y a d’exception pour personne. Timothée et Nicolas, les surveillants de la garderie pédagogique regarde le temps passé. Heureusement dans huit semaines se sont les vacances. Par contre, il y a quelque chose d’étrange avec ces oiseaux. Ils ont quelque chose de menaçant. Pas le temps de trop s’attarder. Les 3eme débarquent au CDI et il faut les accompagner pour les aider dans leur avenir. Du moins, il faut tenter car l’accueil n’est pas très enthousiaste. En même temps dans un collège à orientation professionnelle, l’attente n’est pas bien haute. « Ils aiment tous le sport, la musique et l’art plastique. […] Ce sont tous des artistes, Nico! ». Et il sait de quoi il parle Timothée car lui voulait devenir dessinateur et l’autre musicien. Maintenant, ils sont là, en contrat temporaire et précaire, avec encore quelques espoirs de réussite et d’argent. A défaut de vraiment savoir ce que leur réserve le lendemain, autant profiter des choses comme elles viennent.
Dès la couverture, on sait pertinemment que l’on va entrer dans un monde graphique assez singulier. Adieu le dessin classique tout comme la mise en page standard. Les plus puristes pourront ainsi passer leur chemin directement. Le trait n’est pas sans évoquer les comics undergrounds qui osaient tout aussi bien sur le fond que la forme. Par contre, nous ne sommes aux Etats-Unis mais en France. On nous le signale rapidement avec le drapeau tricolore. On trouve des gamins assez spéciaux. Le sens du détail permet de mieux en percevoir l’étendu. Un curage de nez dans les règles de l’art avec un gros plan sur le doigt recouvert de matière gluante qui clique sur la souris. Cela mérite bien une séance de yeux exorbitée face à cette scène rappelant une carte des crados. Bien souvent la caricature n’est pas si loin de la réalité. Les prénoms et leur langage fleuri est en l’illustration la plus vraisemblable. Tout à chacun en a déjà eu la preuve dans son quotidien. Timothée Ostermann s’en amuse en partageant son expérience au poste d’assistant pédagogique dans cet établissement situé en Moselle. Il pose un regard désabusé, drôle et tendre sur ces adolescents en difficulté scolaire, sociale, relationnel, familiale… Comment peuvent-ils avoir une vision positive de l’avenir? Tout le monde ne peut devenir un artiste. Et même quand on créé, on ne peut pas forcément en vivre. Quel échappatoire possible? Le dessinateur en sait quelque chose. Une approche drôle et déroutante qui parlera à bien des lecteurs.
Nous ne sommes pas tous égaux pour les premiers pas dans le monde. Pourquoi ne pas en rire au lieu d’en pleurer?