Les dirigeants de la planète ont décidé de faire un choix radical dans leur politique. Dorénavant ils adoptent la vision du monde des Indiens d’Amazonie. Est-ce que cela change les choses?
4e de couverture
Dans un monde inversé, il est reconnu que les animaux et les plantes ont une vie intellectuelle et sentimentale similaire à celles des humains. La culture occidentale traditionnelle ne subsiste que dans quelques régions françaises où un anthropologue jivaro l’étudie et milite pour sa sauvegarde.
Mon avis
Alessandro Pignocchi a des idées bien arrêtées. Depuis qu’il a rencontré Philippe Descola, il veut diffuser un message bien clair. L’homme n’est pas au-dessus de tout et non le technosolutionnisme n’est pas à la solution à tous les problèmes. Il n’y a pas d’un côté la nature et de l’autre l’humain. Les Jivaros perçoivent les choses autrement. Il n’y a aucune raison de dire que la vision de la société de consommation est meilleure car basée sur l’économie financière. On reconnaît des personnalités comme François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine ou Manuel Valls qui ont des attitudes des plus surprenantes. Est-ce que l’on s’attendrait vraiment à voir une chancelière demander de troquer un poisson contre des stères de bois? un président russe qui va se marier avec un papaye? un premier ministre français nu souhaitant rencontrer un tigre quitte à être dévoré? Déplacé le regard incite à se poser des questions. Le changement ne peut se faire qu’à travers l’investissement des ces politiques. Le lecteur n’est pas en dehors aussi de cet aspect critique. Pour donner une communication plus percutante rien de tel que de l’absurde. Ainsi on pourrait faire un parallèle avec les réalisations de Fabcaro aussi bien dans l’écriture que la représentation graphique. On voit une image reproduite plusieurs fois avec du texte qui se modifie. Le scénariste propose deux regards sur le rapport à l’environnement. D’un côté, c’est celui des politiques agissant très différemment, à l’opposé de la logique actuelle. Et de l’autre, c’est celui d’un indien Jivaro qui observe comment des gens de la ville vivent. C’est assez drôle. Une façon aussi de montrer une démarche ethnologique et anthropologique. La bande dessinée interroge autant qu’elle amuse. On ne reste pas insensible à cette forme qui bouscule des certitudes. L’ancien chercheur ne va pas s’arrêter à ce changement de regard. Il poursuit son travail dans un ensemble de créations complémentaires qu’il va falloir lire par conséquent. Mais c’est aussi une forte invitation à lire et/ou écouter Philippe Descola, élève de Claude Levi-Strauss.
Une bande dessinée qui met au coeur de son récit le rapport de l’homme à la nature. Et si on pensait égalité et non supériorité?