Toute la population française a été affectée par le coronavirus. Toutefois, pour mieux comprendre son déploiement, on doit comprendre son origine. Mais est-ce si facile à faire?
4e de couverture
Une enquête détaillée aussi fascinante que déconcertante.
Le 25 février 2020, le service de réanimation de l’hôpital la Salpêtrière, à Paris, est sous le choc : Dominique Varoteaux, 61 ans, infecté par ce nouveau virus venu de Chine, vient de mourir d’une embolie pulmonaire massive. Au ministère de la Santé, c’est le branle-bas de combat : le « cas 17 » est la première victime française du Covid-19 qui, en Chine, a déjà fait 2700 morts. Ni lui ni ses proches ne reviennent pourtant d’une zone à risque, Chine ou Italie. Un peu plus tôt, un autre malade a lui aussi été testé positif. Les deux hommes ne s’étaient jamais croisés mais ils habitent tous deux dans l’Oise. Deux cas semblables dans la même journée, à quelques kilomètres de distance… En quelques heures, ce département du nord de Paris devient le premier cluster français du coronavirus et ses habitants des pestiférés. Alors que tous les médias français se ruent dans l’Oise, les épidémiologistes et les services du ministère de la Santé se lancent dans un défi quasi impossible : remonter la piste du patient zéro, ce porteur du virus qui, sans le savoir, a introduit la Covid-19 dans l’Oise et contaminé la France. Un vrai travail de détective.
Basé sur une enquête journalistique minutieuse, Patient zéro est le récit documenté des débuts de la contamination en France, qui prend au fil de la lecture des allures de polar… Malades, familles, soignants, élus, chercheurs, racontent aussi la panique, les ratés et la mobilisation face à ce virus qui a bouleversé la vie des Français. Avec habilité et dans un langage dessiné parfaitement maîtrisé, Renaud Saint-Cricq et Nicoby, accompagnés des grandes reporters du Monde Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, nous emportent dans les coulisses de l’une des plus graves crises sanitaires de l’histoire.

Mon avis
La gestion d’une pandémie par des politiques est difficile. Il faut trouver le juste équilibre entre précaution, prévention, gestion des risques et gestion des votes. On voudrait tout savoir gérer parfaitement mais c’est impossible. Privé des gens de liberté engendre forcément des insatisfactions. Par conséquent, janvier 2020 ne semble pas si lointain. Pour essayer de mieux comprendre les choix fait ou pas fait, on se pose la question qui est le premier à avoir la covid? qui est ce fameux patient zéro? Mais après plusieurs mois et des milliers de morts, est-ce si important au final? Normalement oui car si on comprend mieux le problème à son origine ainsi que les points forts et les points faibles, cela devrait amené à faire autrement par la suite. Du moins dans la théorie car il peut y avoir des élections par exemple, évènement important pour un pouvoir en place.
Raphaëlle Bacqué, Renaud Saint-Cricq et Ariane Chemin ont mené l’enquête afin de pouvoir proposer une réponse ou des éléments de réponse. Car avoir une réponse unique, claire et évidente n’est pas possible, comme on s’en doute. Entre les lenteurs administratives, les conflits d’intérêts entre structures étatiques, les soucis de hiérarchie, le secret défense, le manque de communication, le manque de moyen technique, le conflit du public et privée… difficile d’en sortir quelque chose de concret et réaliste. On a quelques éléments qui débute le 31 janvier 2020 où un avion de l’armée de l’air rapatrie de Wuhan des français suite à l’épidémie. Puis des personnes dans l’Oise tombent gravement malade. Cela ressemble à une grosse grippe pourtant tout les symptômes ne sont pas cohérents. Est-ce ce fameux coronavirus chinois? Il ne faut pas s’inquiéter car les instances calment les choses. L’expérience du vaccin pour le H1N1 a été lourd d’apprentissage? Est-ce vraiment le même contexte? Très vite les choses s’embrassent car la contamination est aérienne. Un malade dans un hôpital contamine combien d’individus? Quand les experts prennent la parole, il n’y a pas de consensus. On se souvient encore de Didier Raoult et son conseil de prescription qui a créé une petite crise sanitaire. Les certitudes sont difficiles et on le voit encore autour des polémiques sur la maladie et les vaccins.
Une investigation passionnante à lire et très instructive. Cette recherche du numéro 0 illustre que la maladie était présente plus tôt que l’arrivée de l’avion avec les français vivants en Chine. Elle est arrivée autrement. Comment? Par qui? Est-ce encore possible de savoir? Et est-ce que le gouvernement veut le savoir? Dorénavant les préoccupations se focalisent sur les variants qui arrivent de façon régulière et leur gestion. Même logique avec les vaccins devenus plus ciblés pourtant qu’il faut faire de façon régulière. Comment le faire accepter? Est-ce la réponse la plus adaptée? Surement d’autres auteurs de bande dessinée tenteront d’y réfléchir à posteriori. Renaud Saint-Cricq ne veut pas donner son simple avis de citoyen. Il relate des faits réels, complets et vérifiables. Aucune sorte de propagande à y voir. Le dessin de Nicoby correspond à cette idée d’enquête avec un trait dynamique. La structure assez classique avec des cases noirs dans un sens linéaire de lecture apporte un côté rassurant et sérieux. Un travail collectif très complet et instructif qu’il faut impérativement partagé. Il est même possible que certains théoristes du complot puissent apprendre des choses véridiques.
Une bande dessinée journalistique passionnante qui remet les choses dans le contexte. Elle permet aussi de montre l’investissement de ces interlocuteurs des premiers jours à comprendre pour agir concrètement.