L’accès à la culture devrait être une chose facile pour tous. En milieu rural le constat est plus nuancé. Des groupes de citoyens changent la donne et contribuent à une nouvelle dynamique.
Une bande d’amis a décidé de se retrouver les uns chez les autres pour partager un bon moment. Souvent s’ils souhaitaient faire une sortie culturelle plus tard à chaque fois il fallait aller loin. Pourquoi n’y a t’il rien autour de chez eux? De ce constat né une discussion où émerge une évidence. Pourquoi ne serait-il pas eux les acteurs d’une émulsion culturelle? Ni une, ni deux, ils créent une association proposant de la culture pour tous et par tous. Contre de l’espace par-ci, par-là, ils faisaient venir des artistes de tout bord. C’est sympa bien qu’épuisant. Il faut faire quelque chose de plus pérenne et plus pratique. Pour cela, pas le choix d’aller taper aux portes des mairies. Une leur a ouvert les portes comme une sorte d’évidence pour rendre la culture accessible à tous même en pleine campagne et même dans le Poitou-Charentes. Voilà qu’à Marennes on leur propose un lieu dans lequel il y a des travaux à faire. Comme c’est un projet collectif participatif, tous ceux qui veulent aider sont la bienvenue. En plus, on cherche une démarche écologique donc on fait une isolation avec des bottes de paille. A plusieurs, les projets prennent forme et s’adaptent face aux complications. C’est ainsi que La Bigaille a vu le jour et perdure grâce à la force des bénévoles motivés et enjoués. Les artistes locaux comme ceux de partout dans le monde peuvent venir. De même pour le public, qu’importe s’ils aiment le reggae, le métal ou Georges Brassens, tout le monde est le bienvenu.

Quand on a fini de lire la bande dessinée, on a juste envie de dire merci à Thibaut Lambert. A force de regarder la télévision et les films d’action, on a tendance à oublier qu’il existe de belles choses et surtout que chacun peut devenir spec’acteur (spectateur ET acteur). Même si l’on ne finira jamais d’entendre que la culture ne sert à rien, beaucoup savent à quel point elle est utile. Ce n’est pas pour rien qu’elle est bien souvent mise à disposition des dictatures et qui l’a contrôle doctement. En effet, quand on ne fait rien, il ne se passe rien. Donc si des gens se réunissent pour créer quelque chose de positif, de constructif autour du partage, de l’écoute et de la bienveillance en laissant de côté la politique et la religion, il émerge quelque chose. La Bigaille est à l’image de ça. Le scénariste souligne que contrairement à des structures bien fixes, ceux qui ont créé le bébé, ont déjà passé la main pour bien ancrer que cela appartient à tous. Une dynamique pas toujours facile à créer avec sa base solide engagée qui permet de tenir et cela depuis plus de 10 ans. Une expérience, véritable modèle de réussite méritant son coup de projecteur. La société civile a aussi son mot à dire et ces actions à faire. Le graphisme est précis et délicat jouant avec le noir, blanc et gris. Lisible, accessible et sans demi-mesure, la lecture redonne envie de croire en l’humain et en des lendemains meilleurs. Ce n’est pas par hasard que le lieu se nomme la Bigaille. Cela signifie dans le patois du coin : ensemble de petites choses qui individuellement ne valent rien… mais rassemblées ont une force.
Une bande dessinée à mettre à disposition de tous pour rappeler que le changement est à porter de main de chacun.
