Il est toujours dommage de voir combiner le plaisir avec la peur d’être enceinte. La méthode Ogino montre souvent ces limites. Mais quand le pire arrive et que l’avortement est interdit, il faut se débrouiller.
4e de couverture
« Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d’un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La javanaise, J’ai la mémoire qui flanche, n’importe quelle chanson qui m’a accompagnée durant cette période, me bouleverse. » Annie Ernaux.
Mon avis
Etre une femme et vouloir prendre du plaisir a toujours un risque. On peut compter les jours pour calculer les périodes de fécondation, cela n’empêche pas de tomber enceinte. Que faire quand on tombe enceinte en 1964? La police de la vertu est partout. La prison enferme les femmes tentant de disposer de leur corps ainsi que ceux qui les aident. Annie Ernaux raconte son parcours pour trouver une solution. Impossible pour elle de devenir mère alors qu’elle est étudiante. Même si cela est risquée, elle en parle à quelques personnes de son entourage. Bien entendu, les médecins donnent plutôt des médicaments pour préserver le fœtus. C’est le rôle d’une femme de faire des enfants et de repeupler la nation. La jeune fille arrive à s’en sortir avec un certain détachement. Elle essaie d’oublier d’un côté en profitant de sa vie, coucher avec des garçons. L’auteure n’omet pas les rebondissements assez sanglants dans l’avortement clandestin plus propre qu’avec une faiseuse d’ange. A l’hôpital sa classe sociale lui vaut un autre jugement que celle issue de la classe populaire. D’ailleurs, dans sa façon d’être et sa relation aux autres, on sent la haute d’estime qu’elle a de sa personne. La lecture est assez facile et compréhensible. Même si de nos jours l’avortement est légale, il n’est pas si accessible que ça et le corps médical n’est pas sans apriori. Quelle pression importante pour les femmes d’une autre époque où les hommes prennent le droit de décider de leur corps. Il y a fallu beaucoup de luttes, de combats, de manifestations pour faire évoluer un peu les mentalités. C’est à chacune de disposer de son corps et personne d’autres. Informer, prévenir, accompagner sans jugement, sans honte devraient être les seuls mots applicables autour de la contraception et de l’avortement. Ce livre doit être mis à disposition dans des bibliothèques sans censure pour ne jamais oublier le passé et en faire en sorte que l’avenir soit plus réjouissant.
Un témoignage intime et personnel qui montre qu’être une femme et aimer faire l’amour n’est pas toujours sans conséquence.
C’est un roman que j’aimerais découvrir ; j’ai lu « La place » et j’avais bien aimé, ce qui m’incite d’autant plus à lire d’autres textes d’Annie Ernaux.
Tu veux que je te l’envoie?
En plus, j’ai reçu ta carte récemment. MERCI 🙂
Oh, je veux bien que tu me le prêtes, merci beaucoup 😊
Et avec plaisir !
Je ne vais pas te le prêter. Je te le donne tout cours 🙂 Je te le mets au courrier demain.
Belle journée
Ah, il faudrait que je relise Annie Ernaux. Ça fait longtemps.
Elle a un style direct et sans demi mesure.
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