Les dames de Kimoto – Cyril Bonin

Le Japon change et par conséquent, la vie des femmes aussi. Suivons une famille à travers trois générations qui sont à l’image d’un pays partagé entre modernité et tradition. Qu’est-ce que l’avenir peut leur réserver?

4e de couverture
« Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. L’étreinte de la main autour de la sienne lui rappelait que, maintenant qu’elle allait être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait d’appartenir à celle où elle avait vécu les vingt années de son existence. » À travers le récit des amours, des passions et des drames vécus par trois femmes de générations différentes, Les dames de Kimoto dresse un tableau subtil et saisissant de la condition féminine au Japon depuis la fin du XIXe siècle.

Mon avis
Pour sa nouvelle bande dessinée, Cyril Bonin décide d’adapter le roman « Les dames de Kimoto » de Sawako Ariyoshi sorti en 1959. Un défi audacieux où les passionnés de littérature sont impatients et sans pitié. Quand on aime un roman, on veut retrouver cette ambiance particulière à travers des images. Par chance, je ne connais pas l’oeuvre originale et donc je ne pourrai me permettre aucun comparatif. Mais le créatif a décidé de retranscrire le rapport à la tradition et à la culture à travers trois générations de filles d’une même famille. On le découvre en regardant attentivement la couverture où l’on observe trois femmes très différentes. Chacune est vue de profil avec les yeux fermés et le visages inclinés, comme un signe de soumission. En haut, on voit Hana qui représente la tradition. On le sait d’un regard avec une coiffure traditionnelle, un léger maquillage et le haut d’un kimono. La seconde, sa fille, Fumio, avec une coiffure plus moderne avec des cheveux libres et travaillés. Et enfin, Hanako, la petite fille avec une coupe classique pour les enfants. On voit progressivement l’ordre social doucement évolué. La relation entre mère, fille et petite-fille n’est pas un long fleuve tranquille. L’homme reste au coeur de la famille. Avant les femmes étaient des objets de trocs pour les statuts sociaux. Avec le temps, c’est devenu un peu moins vrai. Bien que les hommes soient toujours privilégiés, le scénariste montre qu’au sein d’une même famille avec plusieurs garçons cela pose problème. Et si l’un a un handicap, cela est aussi problématique. La pression liée au paraître, l’importance d’une lignée, la visibilité intérieure et extérieure de signes de richesse est omniprésente. Peuvent-ils juste penser simplement à ce qu’ils veulent? La femme qui était juste un objet et une machine à bébé commencent à pouvoir rêver autre chose. L’université s’ouvre à elle et elle peut travailler. Toutefois, on va exiger dorénavant qu’elle travaille, qu’elle rapport de l’argent tout en gérant la maison, la cuisine et faire des enfants. Le poids des traditions ne part jamais. Bien qu’instruit, on va toujours au temple, on fait des dons en argent… Si un malheur arrive c’est à cause d’un non respect d’une ancienne pratique. Quoi d’autres? Une façon aussi d’inculquer la culpabilité. Un frein à l’épanouissement qui rajoute des contraintes à celle déjà présentes au quotidien. On se laisse porter surtout qu’en trame de fond se déroule des grands évènements comme la montée des populistes, les bombes incendiaires et les bombes nucléaires.

dame de kimoto bd bonin

Au niveau graphisme, on prend son temps pour admirer les pages. On nous immerge dans le Japon ancestral avec des temples, des châteaux, des arbres en fleur, des kimonos élégants, des coiffes très soignées… D’ailleurs, dorénavant ces paysages et ces tenues sont bien souvent encore présents. L’évolution des moeurs se voient à travers des vêtements plus pratiques et confortables tout comme le maquillage et les coiffures. Les visages sont centraux et traduisent une foultitude d’émotions. Les regards deviennent plus francs et droits pour les femmes. Elles ont leur mot à dire même s’il reste avec moins de valeur. Les couleurs apportent beaucoup de quiétude, d’apaisement et de douceur. Le rose souligne l’élégance des femmes et aussi cela de la nature. Un ouvrage ingénieusement réalisé qui donne envie de lire l’œuvre d’inspiration et de découvrir le pays du soleil levant.

Une saga familiale qui se dévore d’une traite qui nous plonge dans le Japon sous toutes ces formes.

L’avis Les blablas de Tachan : « Cette évolution à la fois intime, sociétale et nationale est vraiment richement mise en scène ici avec un récit qui prend son temps pour déployer toute son ampleur. C’est une franche réussite ! »

L’avis de Mes échappées livresques : « Un magnifique roman graphique. »

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