Paroles d’honneur – Leïla Slimani et Laetitia Coryn

La femme au Maroc n’a pas une position très enviable. Il est difficile de trouver sa place surtout dans une société dominée par des hommes qui se servent de la religion comme prétexte à isolement. Des contradictions qui mènent à un monde injuste, cruel et en souffrance.

4e de couverture
Rabat, été 2015.
Suite à la parution de son livre Dans le jardin de l’ogre, un roman cru et audacieux qui aborde la thématique de l’addiction sexuelle, Leila Slimani part à la rencontre de ses lectrices marocaines. Face à cette écrivaine franco-maghrébine décomplexée qui aborde la sexualité sans tabou, la parole se libère.

Au fil des pages, l’auteur recueille des témoignages intimes déchirants qui révèlent le malaise d’une société hypocrite dans laquelle la femme ne peut être que vierge ou épouse, et où tout ce qui est hors mariage est nié : prostitution, concubinage, homosexualité. Le code pénal punit toute transgression : un mois à un an de prison pour les relations hétérosexuelles hors mariage, six mois à trois ans de prison pour les relations homosexuelles, un à deux ans de prison pour les adultères.

Soumises au mensonge institutionnalisé, ces femmes nous racontent les tragédies intimes qui égrènent leurs vies et celles des femmes qui les entourent : IVG clandestines, viols, lynchages, suicides. Toutes sont tiraillées entre le désir de se libérer de cette tyrannie et la crainte que cette libération n’entraîne l’effondrement des structures traditionnelles.

A travers cette BD, il s’agit de faire entendre la réalité complexe d’un pays où l’islam est religion d’Etat. Et où le droit des femmes passera, avant tout, par la défense de leurs droits sexuels.

Mon avis
En France, on entend encore tellement que les femmes ont déjà des droits, elles devraient être contente. Mais avoir des droits n’est pas avoir l’égalité, l’équité, le respect et rien n’est jamais acquis. Si l’on n’incite pas à des prises de consciences continue, on va régresser encore et encore. Le constat n’est déjà pas très réjouissant dans une société dite démocratique et laïque. Le bilan ne peut être que pire au Maroc. Leila Slimani a décidé de raconter autrement son pays qu’à travers des romans. Elle met en image des rencontres avec ces femmes qui souffrent vraiment de cette schizophrénie sociétale. Au prétexte de la religion, on voile les femmes, on les marie de force, on les oblige à rester vierge jusqu’au mariage, on les oblige à tolérer les violences conjugales, on les humilie quand leurs marient leur donne des IST… A cela, on interdit les relations sexuelles avant le mariage, surtout pour les femmes et on interdit l’homosexualité. On créé un monde pour les hommes et par les hommes qui sanctifie leur royaume de la couille. Cependant, ceux qui ne sont pas totalement endoctriné peine aussi de cette situation où l’on diabolise le sexe et pourtant il est partout. 5e pays consommateur de porno au monde, ce n’est pas anodin comme information. Les prostitués se trouvent assez facilement. Si le sexe est si prohibé pourquoi est-il si facilement trouvable et présent? La pression est assez forte et chacun suit bêtement les obligations. Le jugement des autres est là à chaque instant. Il faut une force incroyable pour oser ne pas porter le voile et ne pas être marié. Les remarques désobligeantes ne vont pas manquer. Entre lavage de cerveaux, manque d’esprit critique et jalousie, tout cela fait régner une ambiance qui génère beaucoup de mal-être allant jusqu’au suicide. Leïla Slimani amène le sujet avec beaucoup de délicatesse, de sensibilité et de respect. Elle n’est pas là pour faire du sensionnalisme, elle veut faire le portrait sincère de son pays. Laetitia Coryn apporte aussi cette douceur dans son trait rond et les couleurs assez chaleureuses. Un duo complice pour faire un bilan qui ne fait rêver. Rien de tel pour dissuader d’aller en vacances au Maroc.

Une bande dessinée coup de poing qui fait réfléchir à la place de la femme dans le monde.

L’avis de Mes échappées livresques : « Des témoignages intimes forts qui dressent un bilan consternant de la condition sexuelle féminine au Maroc aujourd’hui. Une lecture touchante et enrichissante qui nous ouvre les yeux sur le malaise qui affecte la société marocaine. »

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