Que diriez-vous d’être dérouté en lisant une bande dessinée? Vous êtes habitué à la ligne Claire et l’école de Marcinelle, pourquoi ne fait un bon dans les années 70? Attention à vos mirette et vos neurones, vous allez être surpris.
4ème de couverture
Récit onirique d’un corbeau mélancolique et d’une jeune fille rêveuse, La main verte est paru pour la première fois dans le magazine Métal Hurlant en 1977 avant d’être édité l’année suivante aux Humanoïdes associés. Cette histoire fantasmagorique aux couleurs psychédéliques nous entraîne dans un univers surréaliste où les plantes parlent toutes seules et les maîtres d’hôtel font des mots croisés. Comme dans une suite de rêves, le récit est divisé en plusieurs épisodes qui s’entremêlent subtilement. On retrouve chez Claveloux l’influence de dessinateurs tels que Gustave Doré, l’illustrateur russe Rojankovsky ou encore le danois Kay Nielsen.
Le livre est complété par de nombreuses histoires courtes, pour la plupart parues dans le recueil Le petit Légume qui rêvait d’être une panthère et autres récits et dont certaines étaient restées jusqu’alors inédites. Scénarisés et illustrés par Nicole Claveloux, ces récits en noir et blanc au trait fin abondent de détails et de touches d’humour absurde. D’une grande richesse graphique, les dessins de Nicole Claveloux possèdent une force évocatrice intemporelle qui s’imprime immédiatement dans l’imaginaire des adultes comme des enfants.
De Topor à Mœbius en passant par Lewis Caroll, son œuvre convoque de nombreux croisements tout en possédant une énergie unique qu’il est temps de redécouvrir. Il s’agit du premier ouvrage de rééditions consacrées à l’œuvre de Nicole Claveloux en bande dessinée adulte.
Mon avis
Les éditions Cornélius ont bien fait de commencer l’ouvrage avec une introduction pour présenter Nicole Claveloux. Peut-être que quelques rebelles des années 70 qui lisaient « Métal Hurlant » voir même « Ah! Nana » se souviennent de son travail. Nous sommes dans une autre époque où l’on veut changer les choses et pas seulement au niveau de la société. Les graphismes prennent un autre élan loin de ces gaufriers léchés et des histoires pour rigoler. Ici on passe plutôt du côté de Jean-Claude Druillet, de Fred, de Moebius voir même de Robert Crumb. La dessinatrice, elle réalisait ce qui lui passait par la tête sans chercher une vraie démarche d’aller à contre-courant. Cela fait partie de son identité tout simplement. On trouve moins ce genre de chose qui déroute, perturbe et enchante à la fois. La couleur est sombre, improbable et rempli d’onirisme. Comment ne pas être émerveillé par cette femme qui se teint une main en vert pour s’occuper une plante verte et même par ces contes de fée très étranges avec « Histoire de Blondasse, de Belle Biche et de Gros Chachat », « Planche-Neige » ou « La conasse et le prince charmant ».. Zha a écrit le texte et les deux femmes se complétaient à merveille. L’influence du surréalisme est présent ce qui surprend. Faut-il y voir une critique de la société qui broie du noir? à une nature qui part en déroute? C’est à chacun d’y faire son avis. Il faut indéniablement se plonger dans ce petit bijou pour votre culture général et montrer que l’art à toujours été d’une grande richesse et d’une capacité d’imagination hors limite.
Un retour vers le passé qui fait du bien qui montre que la bande dessinée est un art riche et déroutant par moment.