Faut-il accepter le harcèlement et la discrimination à l’école? Sélène en tout cas à clairement dit non. Mais son choix ne va t’il pas lui porter préjudice?
4ème de couverture
À seize ans, Sélène est une féministe militante admirée de ses amis. Elle ne craint pas les petits caïds, ni même les professeurs, et n’hésite pas à leur tenir tête. Mais un jour la provocation va trop loin, et Sélène est humiliée publiquement. Désormais l’adolescente n’a plus qu’une idée en tête : dénoncer les comportements sexistes au lycée, à la manière forte s’il le faut.
Mon avis
Quelle lecture coup de poing qui appuie là où cela fait mal. On pourrait croire surtout au vue des publications que l’on ne peut pas aborder le harcèlement scolaire, les règles, le fait d’être une fille, la discrimination et les structures familiales en une seule histoire. Pourtant bien souvent ces thèmes sont concomitants dans la réalité. Cette bande dessinée les réunissent avec une grande cohérence et une puissance du message sans demi-mesure. Sélène ose tout car sommeille en elle une colère énorme. Elle a été abandonnée par sa mère à ces parents, des gens ultra-croyants et donc fermés d’esprit qui lui mène la vie difficile. Il faut gérer aussi son corps avec les règles. Pour une fois, c’est présenté comme une force, une puissance de sorcière. Mais l’école c’est autre chose surtout quand il y a un adolescent qui sème la terreur sachant qu’il a sa famille mafieuse derrière lui. Tout lui est permis. Les enseignants et la direction ferment les yeux sur ces actions même les plus terribles. Faut-il accepter et baisser la tête? Sélène fait entendre sa voix et va agir. En faisant le choix de toucher la corde sensible de son pire ennemi, elle a décidé de changer son destin. Il ne faut jamais parler du pénis et des compétences sexuelles à un garçon. Un sujet bien trop sensible qui anime de la colère et de la haine. Effectivement, l’avenir de notre héroïne va mal se terminer. Un choix scénaristique pour bien appuyer sur l’isolement, la discrimination et la solitude qui conduit à des situations improbables.
Certains diront que pour un livre jeunesse, c’est un extrême. L’édition française a plus tendance à exagérer sur des choses beaucoup plus superficielles, mignonne voir très légère. On parle ici de tentative de viol, de meurtres avec des mineurs. L’héroïne va finir dans un hôpital psychiatrique dont elle ne ressortira jamais. Pourquoi vouloir toujours proposer du 9ème art tout gentil et mignon alors que les enfants voient de la violence tout le temps sur les écrans? Pourquoi l’image dessinée devrait-elle être plus gentille que l’image animé? Par contre, je ne donnerai pas cela à lire à avant 13/14 ans et une bonne lectrice. Quand on rentre au collège, les enfants doivent faire face à la discrimination, au jugement social, à l’impératif de conformisme… L’ouvrage leur sera d’autant plus parlant.
La peur et l’absence d’adultes concernés et impliqués soulignent l’absence de base solide pour devenir meilleur et participer à un monde plus juste. Faut-il en conclure que de toute façon la loi du plus violent et du plus riche reste la seule valable? D’autant plus quand on est un homme où tout est plus facile? L’histoire nous est racontée à travers le regard d’une jeune femme devenue modèle qui apprend la mort de son amie. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment il faut dire non? Ce jour là, elle décide que c’est là pendant un défilé international qu’elle doit se faire entendre. Le sang des règles est très significatif de son identité. Une ouverture surprenante et qui insuffle à sa manière de l’espoir. Une lecture intéressante et intelligente qui fera réfléchir les adolescentes sur leur situation et celles de leur proche. Dire non est difficile néanmoins cela peut tout changer. Refusons la haine gratuite, la misogynie, la discrimination, le tabou des règles… A la dernière page, on trouve des numéros et des sites pour se faire aider. Et surtout, on doit apprendre à mettre des mots sur ces peurs, se faire aider et à devenir plus forte.
Une bande dessinée forte et déroutante à mettre entre les mains des adolescentes qui doivent apprendre à dire non et lutter contre le sexisme trop ordinaire.