Rien de tel que l’open space pour mieux maîtriser les collaborateurs. L’espace devient un enjeu de maîtrise, de rivalité et de souffrance. Que diriez-vous d’y faire un tour?
Le premier jour dans une entreprise est toujours quelque chose. Et quand à l’accueil on vous ignore, une colère sourde gronde dans votre tête. « Salut, je suis le nouveau et si tu ne me réponds pas, je te marave! ». A cause de cela, il arrive en retard. Par chance, James est assez décontracté. « Ici, tout le monde se tutoie ». Même avec le patron, c’est décontract surtout quand il vient vous engueuler. Le rapport avec les autres va changer du tout au tout quand il annonce son poste de stagiaire. La précarité créée des fossés. Marie-Laure est arrivée à un poste de direction mais ce n’est pas de tout repos. Etre femelle, belle et intelligente interroge beaucoup de mâles qui rôdent autour de son bureau. L’éthique dépasse toute les limites car faire travailler des mineurs en Chine ne surprend pas vraiment. Le plus important est de mettre les prix au plus bas. Impossible que le patron puisse se tromper de toute façon : « La boîte, c’est moi! ». Chacun doit faire sa place et être prêt à tous les coups bas. Le DRH lui fait son boulot le mieux qu’il peut : il écoute et ne fait rien. La réalité du terrain est éloigné de l’imaginaire de la comptabilité et de la direction. Qu’il est bon d’être aveugle au royaume des sourds.

James ne manque vraiment d’humour et de dérision pour décrire le travail en open-space avec autant de dérision et d’absurdité. Le pire, c’est que les situations sont vraiment criantes de vérités. On veut faire croire que l’on réduit la distance avec les supérieurs et on se tutoie. Mais cela n’efface en rien le lien de hiérarchie et d’autorité. Le pauvre Victor a été mis au placard physiquement en attendant la retraite. Pourquoi ne pas jouer avec l’expression? C’est plus parlant que l’isolement dans une petite pièces. De toute façon, les rares bureaux sont pour les managers et top management. Le nouveau venu n’est plus tout jeune et pourtant il a le statut de stagiaire. Le marché du travail est sans pitié. Le combat est identique pour les femmes qui peine à faire valoriser leurs compétences. Le commercial au physique imposant n’oublie jamais de montrer sa misogynie, son machisme, son homophobie… Qui n’a jamais eu ce genre de collègue à supporter? Le dessinateur a choisi l’anthropomorphisme pour mieux mettre à distance un réalisme trop criant. On rit jaune de cet humour noir. On voudrait tellement que ces situations soient toutes des fictions.
Une bande dessinée qui fait réfléchir autant qu’elle déprime. Jusqu’où va aller James dans la suite de la série?