Qui n’a soit jamais connu un burn-out ou soit connait quelqu’un dans son entourage qui l’a subi? Pourquoi cela existe et comment en arrive t’on là? Danièle Linhart explique ce phénomène devenu trop courant.
4ème de couverture
Pourquoi, alors que nous pensions que le travail était devenu bien moins pénible qu’aux siècles derniers, les burn out, les dépressions et même les suicides sur les lieux de travail se sont depuis généralisés et n’épargnent plus aucune société occidentale ? La sociologue du travail Danièle Linhart, spécialiste de ces questions, nous explique non sans humour – car il en faudra ! – les effets pervers des politiques managériales contemporaines qui précarisent les travailleurs, jusqu’à parfois les faire douter de leurs propres valeur et légitimité.
Mon avis
Le Lombard a eu une idée très ingénieuse en créant la collection « La Petite Bédéthèque des Savoirs ». L’objectif est de faire travailler un dessinateur avec un spécialiste qu’il ou elle soit archéologue, historien.ne, théologien.ne, géographe… Le duo propose de vulgariser un domaine pour que tout à chacun.ne puisse s’approprier un thème. Une approche avec un récit de fiction comme dans ce tome où deux personnes d’une même famille prennent un verre et entame une discussion avec le burn-out que subissent de plus en plus de gens. L’avant-propos se fait toujours par le directeur de collection, David Vandermeulen qui parle des origines du mot devenu très courant dans la langue française. Une préparation aux explication à ce phénomène. D’ailleurs, c’est la mère, sociologue du travail, qui va donner l’historique de la construction professionnelle qui vise à créer le mal être chez le collaborateur en l’isolant et en lui faisant perdre le sens du travail. Un choix pas très unique pour servir au mieux la productivité à tout prix. Derrière ces mots se cache Danièle Linhart, sociologue, qui partage son analyse très bien argumentée. En effet, ce n’est ni très joyeux ni très optimiste. Et toute ressemblance avec une situation que vous avez vécu n’est absolument pas fortuite. Zoé Thouron apporte du dynamisme et de l’humour à ce récit d’une soixantaine de pages. Par contre, cela permet de mieux comprendre le système pour essayer de mieux le détourner ou s’y opposer. Les nouveaux systèmes de management incitent à faire travailler toujours plus les gens, sans véritable collaboration et en débordant sans scrupule sur la limite entre vie personnelle et vie professionnelle. La sécurité sociale calcule les arrêts maladies qui n’arrêtent pas d’augmenter. L’addition humaine à la fin reste peu réjouissante avec la dépression, les burn-out jusqu’au suicide sur le lieu de travail. Jusqu’à quand ces systèmes vont-ils rester une norme, d’autant plus qu’ils s’appliquent aussi bien à l’hôpital ou à l’armée? On termine la bd avec une amertume assez dense car la possibilité d’y échapper ou y réchapper semble bien difficile. Toutefois on ne laisse pas le lecteur ainsi, on lui propose une bibliographie avec aussi bien des essais que des bandes dessinées. Aucun doute que l’on poursuivra notre découverte pour mieux comprendre et mieux s’en préserver.
Un livre à conserver dans sa bibliothèque et à offrir à tous ceux qui souffrent au travail.