Parfois, il suffit de changer de regard sur une chose pour que tout change. Par conséquent, les récits sont plus originaux et improbables les uns des autres. Prêts à remettre en cause les bases de la société.

4e de couverture
En deux mots : ‘Faut pas prendre les cons pour des gens’ est un album d’humour absurde sur la bêtise ordinaire, de plus en plus présente autour de nous. À la manière d’un Goossens ou d’un Fabcaro, il tord et maltraite les clichés de la société dans une BD hilarante et grinçante à souhait.
Racisme ordinaire, mesures gouvernementales ubuesques, maisons connectées, quotas policiers, surpopulation carcérale, rejet des laissés-pour-compte… Reuzé n’épargne rien ni personne pour notre plus grand plaisir.
Côté dessin, il singe la BD contemporaine qui n’hésite pas à reprendre le même dessin sur plusieurs cases. Comme vous l’aurez compris, ce bougre ne prend vraiment rien au sérieux, pas même son éditeur !

Mon avis
Le succès est au rendez-vous puisque nous sommes déjà au tome 4. Bien que cela soit édité à Fluide Glaciale, on est émerveillée de la justesse du texte et de la cocasserie qui en émerge. Déjà le titre a de quoi dérouter. Il faut le relire plus d’une fois pour être certain que l’on n’a pas raté un truc. Dès là, on sait qu’il suffit d’inverser deux mots pour changer un récit. Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud s’amusent dans leur scénario en déroutant des scènes de vie ordinaires. Sarcasme, ironie, absurdie sont de mises pour raconter des gags en une page. Un savoir-faire d’une grande perfection et qui pourra plaire à un public très varié. Les techniques de mises en page proposent une grande variété. Par exemple, une même case sur six avec juste un texte qui change. Ce n’est pas donné à tout le monde et on ne doute qu’ils ont du puiser de leur créativité dans l’Oupabo. Racisme, écologie, migrants, économie, immigration, suicide ou exclusion, toutes les formes d’injustice sont mises à mal. Faut-il rire jaune pour faire émerger un peu d’esprit critique chez certains? Il n’est pas difficile de voir certains thèmes ou pensés de parties politiques. Et si on allait au bout de leur idée, on trouverait quoi? Vraiment un monde meilleur, avec plus de respect et de richesse pour tous? Bien entendu que la réponse est négative. Néanmoins, on pourrait prendre ça pour un exercice de prospective en choisissant le scénario le plus improbable. C’est bon pour une fois de rire du malheur du monde.

Une bande dessinée d’une grande efficacité humoristique. A la fin de la blague, je touche.