La chute du patriarcat – Histoire(s) du sexisme et des femmes qui y ont résisté – Marta Breen et Jenny Jordahl

Le sexisme ne date pas d’hier. Par conséquent, on peut se demander qui a construit l’imaginaire de l’infériorité des femmes et pourquoi. Marta Breen et Jenny Jordahl mènent l’enquête et partagent leurs conclusions.

4e de couverture
Une histoire édifiante à mettre entre toutes les mains !

Pendant des siècles et encore aujourd’hui dans le monde, les femmes ont été considérées comme inférieures aux hommes par bien des aspects : moral, physique, intellectuel, social, professionnel, politique, culturel… Dans ce contexte patriarcal, les voix courageuses des féministes se sont élevées malgré les moqueries, les menaces et les exécutions.

D’où viennent ces croyances et comment se sont-elles farouchement enracinées à travers les cultures et les âges ? Sans détour et avec une bonne dose d’humour, Marta Breen et Jenny Jordahl nous emmènent à travers l’histoire du patriarcat et du sexisme.

Aristote, saint Paul, Jean-Jacques Rousseau, Charlotte Corday, Mary Wollstonecraft, Napoléon, Madame de Staël, Sigmund Freud, Kamala Harris… À l’heure où de nouvelles générations de femmes se lèvent pour libérer la parole et faire définitivement tomber le patriarcat, découvrez les grandes figures qui ont contribué à l’ériger ou à le combattre.

Mon avis
Le sexisme perdure encore. On peut s’interroger sur quelle base s’appuie ces messieurs pour rabaisser les femmes. Il n’y a rien d’évident à dire qu’elles doivent être leur esclave car elles ont la possibilité d’enfanter. Les deux norvégiennes, Marta Breen et Jenny Jordahl, ont décidé de partir en quête de réponses. Déjà, on commence par avoir la définition du patriarcat : « Ca signifie tout simplement une forme de société où l’homme est au-dessus de la femme. Où les hommes ont plus de pouvoir, gagnent plus d’argent et sont considérés comme plus importants que les hommes. Comme dans plus ou moins toutes les sociétés, quoi…  » (p. 8). Un voyage dans le temps s’impose pour mieux comprendre. « C’est difficile de définir l’origine du patriarcat, mais commençons là où ont germé tant d’autres éléments de la culture occidentale : dans la Grèce Antique. De nombreux philosophes de l’Antiquité se sont intéressés à la manière d’organiser les relations entre les hommes et les femmes. » (p. 9). Bien entendu, on commence avec Aristote. « Etre une femme est un handicap naturel. Comparée à l’homme, il est évident qu’elle n’est pas complètement développée. La femme est plus jalouse et plus querelleuse que l’homme et plus indécente. Plus paresseuse, plus menteuse et peureuse » (p. 10). D’autres philosophes ont décidé de prendre la suite comme Pythagore, Jean-Jacques Rousseau, Emmanuel Kant, Arthur Schopenhauer, Friedrich Hegel, Otto Weininger…

Les médecins et les biologistes ne sont pas en reste. « Dès l’Antiquité, certains hommes se sont revendiqués médecins. Puisque les autopsies étaient interdites, leur savoir au sujet du corps féminin se résumait souvent à des suppositions » (p. 14). Là aussi les grands noms se succèdent comme Pline l’Ancien, Galien, William Acton… L’organe féminin est une version inachevée de celui de l’homme, elle souffre de ne pas avoir de pénis et les règles apportent le mauvais oeil. Les autres inepties de cet acabit pullulent et sont encore véhiculées de nos jours. Ensuite les religieux ont pris le relais, pour parler d’infériorité, de soumission, de tentation, d’impureté… Là encore, il ne manque pas de référents célèbres comme Saint Paul, Adolphe Monod, Thomas d’Aquin, Tertullien, Saint Augustin, Luther… Et enfin le club des intellectuels qui ne manque de phallocrate non plus : Auguste Renoir, William Burroughs, August Strindberg, Charles Baudelaine…

Par conséquence, la société a distingué très tôt les filles des garçons avec les enseignements théoriques et l’autre les arts ménagers. D’un côté ceux qui ont droit à occuper l’espace public et l’autre rester dans la sphère privée. A nouveau des femmes ont du lutter pour acquérir des droits et de la reconnaissance. On le droit à une magnifique double page avec 60 femmes qui ont apporté leur pied à l’édifice de l’équité. Sans oublier toutes celles qui sont mortes pour avoir défendues leurs idées. Là aussi , elles ont le droit à une double page. Une démarche importante à souligner et c’est fait très élégamment. Les suffragettes ont bousculé les cadres pour acquérir le droit de vote. Que de souffrance et d’humiliation pour la plupart d’entre elles. Certaines décident de faire salon comme Madame de Staël, femme brillante et intrigante. A partir de là, on a des exemples de femmes engagées dont leur nom est resté dans les annales comme Emilie du Châtelet, Georges Sand, Rosa Bonheur, Isabelle Eberhardt, Petra Herrera et bien entendu Hatshepsout.

L’autre aspect abordé est le culte de la virginité chez les femmes, très respectables. On en trouve pas mal dans les religions et aussi sur les sites pour coucher. Les hommes sont prêts à payer plus cher pour être le premier. On peut le dire : gros dégueulasse pervers. Mais ces compères l’admirent. Par contre, la femme qui couche est forcément mal vue. Les bédéastes évoquent le cas de slut-shaming avec Charlotte Corday. Elle a assassiné Marat en 1793. Les jacobins pensent qu’il y a un homme derrière tout ça car aucune femme ne pourrait faire ça de son propre chef. Son cadavre a été exploré pour voir si elle était vierge ou non. Affligeant.

Générations après générations des femmes sortent dans les rues pour faire entendre leurs voix. Elles ont le droit à l’équité, au respect, au droit de disposer de leur corps… « Grâce à internet, il est devenu plus facile de maintenir le contact au-delà des frontières et d’organiser de grandes manifestations. Les femmes d’aujourd’hui sont plus éduquées et plus puissantes que jamais. » (p. 85). Des noms importants se font connaître dans le monde entier. Il est originale de se dire que ce bilan dressé par des hollandaises est valable dans le monde entier. Le livre fait un récapitulatif très complet et précis. Idéal pour les adolescentes pour qu’elle prenne conscience de la discrimination et fasse attention. Elles ne valent pas moins que leurs homologues masculins.

Une bande dessinée qui présente très bien l’Histoire du patriarcat dans le temps et les conquêtes des femmes.

5 commentaires

  1. Ca a l’air intéressant et plein d’informations ! Je ne savais pas qu’ils avaient été jusqu’à voir si Charlotte Corday était vierge ou non (chose qui ne leur apportait rien… affligeant, en effet). Je note les références, merci !

    • J’ai appris ça aussi sur Charlotte Corday. Les Jacobins l’accusaient d’avoir été manipulée par un homme car aucune femme ne serait capable de faire des choses aussi engagées. Donc la preuve c’est qu’elle aurait été manipulée à cause du sexe.

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