Astérix – Tome 24 – Astérix chez les Belges – René Goscinny et Albert Uderzo

L’égo d’Abraracourcix est touché en plein centre. Jules César aurait dit que les Belges étaient les plus braves. Pour lui, les gaulois le sont autant voir plus et il va le prouver.

4e de couverture
Rien ne va plus chez nos Gaulois ! Alors qu’ils pensaient être la terreur des Romains, ils s’aperçoivent que les légionnaires présents en Armorique sont contents d’être là. Pourquoi ? Parce qu’ils viennent se reposer après la campagne belge, et comme l’a dit César, « de tous les peuples de la Gaule, ce sont les Belges les plus braves » !!! C’en est trop pour Abraracourcix « notre chef » qui ne peut supporter un tel affront ! Il décide d’aller chez les Belges pour voir ce qu’il en est vraiment. Evidemment Astérix, Obélix et Idéfix vont l’accompagner dans son périple…

Mon avis
Difficile de répondre à la question : qui sont les plus braves? les Belges ou les Gaulois. Jules César avait dit surement dans un moment d’égarement que c’était les Belges. Une carabistouille comme une autre. L’égo d’Abraracourcix n’accepte pas de laisser dire ça. Pour ça, il faut qu’il aille voir ce qu’il en est. Astérix, Obélix et Idéfix vont l’accompagner pour limiter la casse. A partir de là, débute une aventure rythmée d’attaque de camps romains. Les gars n’ont pas besoin de potion magique pour en démonter un ou même une garnison. Mais notre trio n’a rien à leur envier. On s’amuse de cette compétition hors du commun. Surtout qu’elle se conclut avec la présence du boss, Jules César, véxé comme un poux d’avoir été battu par ces gars qui souhaitent juste s’amuser. Son jugement est sans précédent : « Les plus braves, je ne sais pas! Ce que je peux vous dire, c’est que vous êtes aussi fous les uns que les autres!! »

Outre les scènes de combat, ce qui compte est l’angle alimentaire. Comment tenir sans bien manger? Leurs repas n’ont rien à envier à ceux du village gaulois. On y voit des énormes sangliers rôties très appétissants. Et les légumes allez-vous me dire? Figurez-vous que chez Boetanix et Amoniake, on mange du brassica, une forme de choux vert. Avant le grand combat, au menu c’est du waterzoï, une soupe-poulet qui est d’un autre ordre que des kilos de viande. «  »Waterzoï waterzoï… morne plat ». René Goscinny qui adore les jeux de mots et les références à la culture populaire, ose affirmer enfin les origines de la fameuse frites. Pourquoi ne pas mettre des pommes de terre dans de l’huile chaude? Le scénariste évoque même un problème de sécheresse assez importante via le sénateur Sousentendu : « Mes chers collègues, les planteurs de brassica de la région de Pisae sont dans une situation angoissante due à la sécheresse persistante ». Jules César ne pourra y donner suite à cause du conflit belgo-gaulois. « Tu sais où tu peux mettre la brassica? ». On peut être surpris du choix du sujet pour une bd de 1979. Et l’échange se conclut sur une remarque amusante : « Supprime la dernière intervention de César. Comme citation pour les générations à venir, ça me ferait le plus mauvais effet. » Alors que « J’irais, je verrais et je vaincrai! » c’est beaucoup plus classe. L’Histoire l’a prouvé d’ailleurs. Le clin d’oeil assez drôle est l’inclusion de Dupont et Dupond avec le style graphique d’Hergé. On pourrait s’étendre encore longtemps sur des détails importants et astucieux. Ce dernier de tome de Goscinny est un régal langagier.

On peut s’étonner que l’ouvrage se trouve au rayon jeunesse et pas adulte dans de nombreuses médiathèques. Est-ce qu’un enfant de 11/12 ans arrive à comprendre les références historiques, culturelles et les jeux de mots? Verra t’il Annie Cordie? la référence à un tableau de Brueghel? à Tintin? aux moules frites? le Manneken-pis? Par contre, le graphisme d’Albert Uderzo est accessible dès le 9/10 ans. Les dessins sont compréhensibles. Leurs rondeurs les rendent plus chaleureux et positif. Les détails sont d’une grande richesse aussi bien dans les costumes, les visages ou les décors. Les couleurs très vives contribuent grandement au dynamisme. Un duo très complémentaire qui a su trouver l’équilibre pour faire vivre une expérience de lecture.

Une lecture très sympathique pour une replongée dans la série des Astérix le gaulois.

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