Il y a des enfants qui ont des rêves qu’ils cultivent sérieusement. C’est le cas de Ruth. Pour le prouver, elle va mener une enquête très sérieuse.
4e de couverture
Ruth est une jeune adolescente particulièrement déterminée : plus tard, c’est certain, elle sera journaliste d’investigation, et elle fera résonner sa voix et celles de ses concitoyens ! Mais pour le moment, elle peine surtout à se faire entendre… Au collège comme dans sa famille, les adultes ne semblent jamais l’écouter. C’est tout juste s’ils s’intéressent à sa newsletter, qu’elle envoie pourtant religieusement chaque semaine.
Jusqu’au jour où elle découvre par hasard une étrange substance noire dans le lac derrière sa ville. Quelle est donc cette matière ? Est-elle dangereuse, toxique pour les habitants ? Qui l’a déposée ici, polluant impunément le lac ? Est-ce le country club voisin, dont le gérant semble particulièrement louche ? Voilà une enquête taillée sur mesure pour l’apprentie reporter !
Mon avis
Dès la couverture, notre curiosité est appelée. Quel rapport peut-il avoir entre des enfants sur téléphone portable, un flot d’adultes préoccupés et une vague? Très vite, on va être plongé au coeur du récit où l’on rencontre Ruth. Son statut d’ado fait que l’on écoute rarement ce qu’elle dit et que bien souvent on l’accuse de mentir. Par exemple la dentiste qui lui trouve encore des carries et l’accuse d’en être responsable puisqu’elle ne se lave pas les dents et n’utilise pas le fil dentaire. Elle affirme qu’elle est très sérieuse et fait le nécessaire. Qu’importe, personne ne lui prête attention. En rédigeant sa newsletter, là cela sera différent. Des gens la lisent et lui de l’intêret. En sa baladant avec son meilleur ami au bord du lac, ils découvrent une étrange matière visqueuse. Là voilà qui tient un scoop. Elle est persuadée que c’est la preuve irréfutable de l’existence des extraterrestres. La copine de son grand frère qui est vraiment journaliste lui conseille de trouver des preuves avant d’affirmer des choses. C’est à partir de là que débute le récit.
Bien entendu, très vite la responsabilité des aliens est exclue. L’adolescente est dans un premier temps déçu. A 12/13 ans, on n’est pas trop au fait des pollutions aqueuses possibles. Grâce à des investigations plus poussées, elle va mettre le doigt sur une pollution importante qui concerne l’ensemble des citoyens de la ville. Cela très difficile et éprouvant d’avoir des réponses vraies avec des preuves scientifiques sous la main. Sans surprise, elle n’y serait pas arrivée toute seule car elle manque cruellement de maturité, du à son âge. Heureusement qu’elle est montrée comme une minette ordinaires qui s’intéressent aux garçons et entre en conflit avec ses parents. Ainsi elle est rendue plus réaliste. La scénariste veut souligner qu’il n’y a pas d’âge pour chercher à comprendre vraiment les choses et ne pas se faire avoir par les fakes news. Dans la postface, elle écrit : « Vous aussi, mes chers lecteurs, faites partie intégrante de cette histoire humaine. Pas besoin d’être journalistes : vous pourriez être scientifiques, professeurs, activistes, médecins… ou encore illustrateurs, et raconter ces histoires aux générations futures sous forme imagée. Ce qui compte, c’est de rester fidèle à la vérité ».
Le sujet choisi est très sérieux. En effet, aux Etats-Unis mais comme partout au monde, des affaires de pollution des eaux par des industriels restent courantes. La référence sur la crise sanitaire de Flint, qui a eu lieu dans le Michigan en 2014, où l’eau potable était contaminée au plomb est posée. Des politiques et des médias tentent d’étouffer les affaires contre un peu d’argent ou de réseau. Il devient alors important que les citoyens prennent les commandes pour dénoncer les dangers et souligner les risques. La pression en face sera forte car nous ne sommes pas dans la même économie de moyen. C’est de tout à chacun de se mobiliser. Il n’est pas question d’âge, plutôt de motivation et de curiosité. Surtout cela ne s’effectue pas tout seul dans son coin. L’importance de la communauté, des proches, des amis, de la famille reste capitale. Le message est très fort et très bien amené. L’écologie est un sujet qui concerne de plus en plus les plus jeunes. Ce n’est nullement un hasard si l’ouvrage s’adresse à un public âgé entre 9 et 10 ans. Le graphisme arrondi et ultra coloré les convaincra d’autant plus. Même si je pense que le format est trop grand car on a une impression de pixélisation. On a l’impression d’avoir étiré les images pour avoir une sorte de format A4.
Une bande dessinée brillante qui pose les adolescents comme des acteurs du combat environnemental. Citoyen exprimé vous et défendez des causes justes.