Watchmen – Alan Moore et Dave Gibbons

Quand l’horreur prend de l’ampleur, des citoyens doivent agir. Certains décident de mettre des costumes pour faire régler la loi. Et parfois d’autres décident de pousser leur réflexion à l’extrême.

4e de couverture
Quand le Comédien, justicier au service du gouvernement, se fait défenestrer, son ancien allié, Rorschach, mène l’enquête. Il reprend rapidement contact avec d’autres héros à la retraite dont le Dr Manhattan, surhomme qui a modifié le cours de l’histoire. Alors qu’une guerre nucléaire couve entre les USA et l’URSS, tous s’interrogent : qui nous gardera de nos Gardiens ?

Mon avis
Un jour, vous lisez un bouquin sur l’histoire du 9e art et on vous conseille très chaudement « Watchmen ». Quand on a le bouquin entre les mains avec plus de 450 pages d’aventures, on se dit qu’il y a du lourd, environ 2kg. Au combien cette phrase est vraie dans les deux sens. Car une fois que l’on commence à se plonger dans les premières pages, on prend une vraie claque. Comment j’ai pu passer autant de temps sans avoir connu ce chef d’oeuvre? Spiderman et consorts peuvent aller se rhabiller royalement. Ils ne sont pas vraiment pas à la hauteur de ces super-héros déchus. La plupart n’ont pas les mains propres. Le duo anglais Alan Moore et Dave Gibbons fait des étincelles dans la société américaine. Les justiciers font régner la loi. Et définir la loi est une chose bien difficile car cela dépend qui est censé l’encadré. Le comédien ira sans aucun souci cramer des individus au Vietnam. D’ailleurs, il y prendra un plaisir très malsain. A l’opposé se trouve, Rorschach, un gars avec un masque couvrant son visage avec des tâches aléatoires. Lui à une vision très claire de la justice et il n’y a pas de demi-mesure. Depuis, qu’il a puni un gars qui a enlevé une petite fille pour la couper en morceau et l’a donné à ces chiens, il n’est plus le même. Aucune rédemption n’est possible pour ces gars là. La prison est souvent un bien doux châtiment.

On trouve un personnage qui est le représentant de l’essor du nucléaire avec Dr Manhattan. Son nom évoque tout de suite le contexte. Un scientifique de base se retrouve coincé dans une machine lors d’une expérience et les rayons le détruisent totalement sans laisser aucune trace. Etrangement, il s’en sort mais dans une autre corporalité. Le voilà un être bleu capable de se déstructuré pour aller partout dans l’univers. Il développe de nouvelles compétences comme créer de nouvelles matières. D’ailleurs, il va permettre l’essor de la voiture électrique. On a du mal à croire qu’en 1987, l’innovation reposera sur cette technologie surtout que l’on voue un culte au pétrole, même si l’histoire se déroule en 1980. On identifie des références aux bombes larguées au Japon aussi bien au niveau tactique qu’au niveau artistique. A l’approche de la troisième guerre mondiale, des inconnues dessinent des couples qui s’enlacent sur les murs de la ville, à l’image des corps imprimé sur les murs d’Hiroshima et Nagasaki du fait de l’impact des explosifs. L’uchronie s’installe avec des éléments parlants et des plus saisissant. Ce qui surprend est la relative modernité avec des réflexions propres à notre époque. La concurrence entre l’USA et la Russie était déjà d’actualité sans oublier la fameuse chasse aux sorcières.

Malgré le sang qui coule, le rouge n’est jamais très percutant. Même les moments les plus sombres avec une accumulation de cadavre, les couleurs restent douces. Un choix très judicieux qui nuance l’aspect relativement sombre du récit. L’espoir n’a pas sa place. Les super-héros sont épuisés, relégués à la poubelle. Ils existent par contre en produits dérivés aussi bien en poupée ou en dessin animé. Ils deviennent des humains de base avec leur lot de déception et de souffrance. De nombreuses questions les turlupines sur leurs tenues, leurs douleurs, leur trouble érectile… Au sein d’un groupe à l’apparence solidaire, cela n’empêche pas d’être violé par un proche. La déchéance n’est jamais loin avec l’alcoolisme, la drogue, les deux… La mise en page très dynamique, un peu déstructurée contribue à valoriser la psychologie des personnages que la densité du récit.

L’originalité repose aussi sur l’importance du texte à chaque chapitre. Il commence systématiquement avec quelques pages d’un projet de livre, d’un journal intime, d’échanges de lettres… Une volonté audacieuse de mettre de mettre du texte où là les lecteurs sont habitués à que des images. De façon récurrente, cela apporte toujours des données complémentaires et des regards dissemblables. Quel plaisir de croiser les méthodes de communication. Il y a tellement de chose à dire sur cette lecture très percutante, réfléchie, incisive… Cette incroyable fin qui nous laisse perplexe et pourtant tellement censé. Pour éviter la guerre dans le monde, la meilleure méthode n’est-elle pas celle de tuer la moitié du monde? Après tous ne veulent que la paix et l’amitié. Vous avez 2h00 pour répondre avec philosophie.

Un véritable coup de coeur de lecture qui va devoir impérativement rejoindre ma bibliothèque. Attention qualité 2000% garantie.

2 commentaires

    • C’est incroyable cette baffe littéraire. J’étais tellement chamboulée que j’ai eu du mal à écrire ma chronique. Il y a peu de chronique sur Babelio. Comment est-ce possible?

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