On se reposera plus tard – Brigitte Luciani et Claire Le Meil

La vieillesse n’est pas un sujet très courant dans la bande dessinée. Pourtant, un champ des possibles reste à explorer. Brigitte Luciani relève le défi avec beaucoup de poésie et de tendresse.

4e de couverture
Quand une infatigable septuagénaire met de l’action dans une maison de retraite !Marie est une intrépide septuagénaire en pleine forme. Elle a envie de tout… sauf d’aller se reposer ! Malheureusement, accident oblige, cette fois-ci, elle n’a pas le choix. Pour ne pas rester seule dans son appartement, Marie accepte de s’installer dans une Maison d’Accueil et de Résidence pour l’Autonomie (MARPA). Mais l’idée de vivre dans une  » maison de vieux  » ne l’enchante guère.
Marie va découvrir la vie dans la MARPA avec ses hauts…

Mon avis
Le titre « On se reposera plus tard » est très bien trouvé. La référence à l’expression : je me reposerai quand je serai mort à tout son sens quand le sujet est la vieillesse. Un thème assez sensible car il évoque sa propre mortalité et le fait de voir des gens de notre entourage perdre en autonomie. Bien souvent, on préfère mettre ignorer la chose et faire face au dernier moment. Eventuellement, on peut se renseigner sur ce qui existe. Brigitte Luciani propose une immersion dans une MARPA, une Maison d’Accueil et de Résidence pour l’Autonomie. Nous sommes loin de la maison de retraite où le locataires se résume à ligne comptable qui ne mérite que le stricte minimum pour optimiser la rentabilité. Il y a de quoi avoir peur. Pour découvrir ce lieu alternatif, on accompagne Marie pendant 4 semaines. Elle s’est blessée et donc elle n’est plus en autonomie chez elle. Très vite, elle prend ces aises à l’intérieur et sympathise avec les occupants permanents. Grâce à son dynamisme, elle va même les motiver à faire une sortie en dehors de l’établissement. C’est assez amusant de s’inspirer des nains voyageurs du « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain ». Cela apporte beaucoup de bonne humeur et de douceur. On s’attache à ces mamies, même la rabat joie.

Dans la représentation de Claire Le Meil, on voit la grande présence des femmes. On les retrouve dans la direction du lieu, dans le soin, la cuisine, le nettoyage mais aussi en tant que résidentes. Les hommes sont peu présents et ils sont résidents ou soit prof de sport. Un choix assez proche de la réalité sociale où les femmes occupent encore en très grande majorité des postes liés à la santé. Le mythe des prédispositions des femmes à s’occuper des autres à la peau dure. D’autant plus que financièrement, ils restent les moins bien valorisés et par conséquent les plus précaires. Cet aspect n’est pas traité car on s’intéresse à la gestion de la vieillesse et avec une vision positive. Une alternative de fin de vie en gardant une autonomie, l’activité et surtout l’amitié. Par contre, l’aspect financier n’est pas abordé. Est-ce que les MARPA sont accessibles à toutes les bourses? et tout le monde? Le modèle semble intéressant alors pourquoi n’est-il pas plus développé? Qu’elles sont les aspects négatifs, les freins? N’oublions pas que cela est une bande dessinée illustrant une réalité concrète et bienveillante et non une étude de recherche ou comparative. Toutefois, l’ouvrage permet une approche originale et non oppressante d’un thème tabou. Le rythme assez lent est en adéquation au mode de vie des personnages. Une forme de dynamisme est apporté à la fois par le dessin à la main levé et l’alternance entre les pages en bleu et couleur. Pas besoin de rentrer dans les détails précis, cela n’apporterait rien de plus. Un duo créatif complémentaire qui a su surprendre et pousser notre curiosité à voir la sénescence autrement.

Une bande dessinée audacieuse et curieuse pour parler de la vieillesse positivement.

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