Diana d’un monde à l’autre – Kalina Muhova

Le monde regorge de choses magiques. Afin de changer son regard il faut un choc. Après, par contre il n’est plus possible d’être la même personne.

4e de couverture
Afin de parfaire les crêpes que prépare la grand-mère de Diana, toutes deux s’enfoncent dans les bois où poussent les fraises qui leur serviront à concocter de la confiture. Rien ne présageait le bouleversement de la journée, sauf peut-être la grande maladresse de Diana, qui, juchée sur une falaise pour cueillir des fruits, tombe soudainement dans la rivière. Lorsque la jeune fille rouvre les yeux, le monde des roses s’étend devant elle. Elle y rencontre Henry, un citoyen du peuple des roses : de minuscules créatures vertes vivant de pétales et de fêtes. Hélas, depuis un certain temps, les petites roses ont perdu leur joie de vivre. Les géants n’arrêtent pas de jeter des détritus sur leur territoire, détruisant ainsi leur magnifique pays. Diana, prenant conscience de faire partie du monde des grandes personnes, propose ses services à la reine des roses.

Mon avis
Evoquer les déchets et la richesse de la nature à destination d’un jeune public, ce n’est vraiment pas facile. Il n’est nullement nécessaire de choisir une approche pragmatique pour l’occasion. Pourquoi ne pas proposer un magnifique petit conte? C’est le choix de Kalina Muhova. Ainsi on suit l’adorable Diana, une demoiselle volontaire, curieuse et énergique. Avec sa mère, elle va voir son papi car il n’est pas très en forme. D’ailleurs, il dit des choses qui semblent incompréhensibles pour l’enfant. Elle ne lui en tient pas du tout rigueur. Surtout qu’elle a un objectif culinaire avec la mamie qui est de réaliser de délicieux palačinke. En cherchant les fraises pour réaliser la confiture, elle se blesse et se réveille dans un monde merveilleux : celui des roses. Les plantes sont très inquiètes car leur espace est recouvert de déchets laissés par les géants. Il y en a partout et l’eau n’arrête pas d’en ramener. Patiemment, ils les mettent de côté mais pour en faire quoi? Diana les trouve tous très adorables et veut les aider à sa mesure. Les balles, elle peut les prendre pour les laver à la maison. C’est décidé, elle prendra ce qu’elle pourra. Un geste plein de bonté reconnu par la communauté qui l’acceptera parmi elle. Pour la remercier, elle aura le droit de connaître la recette de la délicieuse confiture de roses.

On ne pouvait rêver plus jolie conte mis en dessin pour parler de l’afflux des déchets qui abîment la nature. Et le fait mettre à niveau les encombrants en face des habitants, on se rend compte du nombre et de la gêne occasionnée. Cela détruit des maisons comme les catastrophes naturelles. Les individus sont en permanence en situation d’incertitude et de peur. Un géant est forcément méchant. On n’essaie pas de comprendre ce qui se déroule et on s’imagine le pire. Cela conduit à des situations très problématiques qui rappellent forcément la réalité. A trop simplifier, on vient à se tromper et à engendrer de la colère inutile. On confond causalité et corrélation. C’est percutant avec un regard critique très parlant. La beauté de la chose repose sur la délicatesse et la douceur dont c’est amené. Le dessin assez « enfantin » avec ces couleurs à l’impression manuelle apporte un souffle d’onirisme. On sourit à cette leçon de vie pleine d’humanité et d’espoir. Alors quand on referme l’ouvrage, on ressent un léger pincement au coeur de laisser cette famille aimante que l’on ne retrouvera pas.

Une magnifique bande dessinée qui parle écologie et magie, quoi de mieux pour les enfants.

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