La Tomate – Anne-Laure Reboul et Régis Penet

Derrière de simples graines de tomates peut se cacher un acte de rébellion. Anne Bréjinski en sait quelque chose puisqu’elle a osé un expérience interdite. Que va t’il lui arriver?

4e de couverture
Dans un futur aseptisé et indéterminé, la société est hiérarchisée en trois classes sociales distinctes. L’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Aujourd’hui, pour avoir découvert des graines de tomate et avoir osé les faire pousser chez elle, une jeune femme est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l’histoire de son procès.

Dans la lignée des grandes œuvres d’anticipation telles que SOS Bonheur ou 1984, ce nouvel album de Régis Penet questionne les dérives de notre société moderne et l’appropriation du vivant par des sociétés privées. Un récit qui part de rien (une simple tomate) et nous raconte la fin du monde… dans un futur qui ne nous semble pas si éloigné que ça.

Mon avis
Dans un futur hypothétique et lointain, une femme chargée de détruire toute trace naturel ou artistique du passé. Un jour, elle tombe sur des graines de tomates. Un je ne sais quoi la pousse à les garder et expérimenter. Comment les transformer? Elle les met dans un verre avec un peu de terre mais il ne se passe rien. Une réflexion d’une personne d’une strate sociale inférieure lui fait prendre conscience de l’ingrédient indispensable : l’eau. Ce bien rare est rationné dans sa zone de vie. Il faut choisir entre elle et la plante. Alors elle va en voler à des gens pauvres afin que personne ne se rende compte de son acte criminel. Pas de bol, son attitude change ce qui intrigue son conjoint. Doit-elle lui dire la vérité?

Impossible pour elle de dire sa passion pour un pied de tomate. Son monde classé en niveau n’est pas sans rappeler les cercles de l’enfer de Dante. Chaque espace donne droit à des privilèges. Plus on est haut plus le champ des possibles s’ouvrent. On parle d’effacement du passé avec la destruction systématique de toute trace. Ce qui ne laisse pas de trace n’existe pas. Qui va se souvenir de la force des végétaux et de leur aspect nutritif? Toute personne essayant sera sévèrement puni et rejeté de la communauté. Pour éviter les déviances, on exclut et on met la science en marche pour lire dans les pensées. Un monde de conformisme est le plus rassurant. Et à l’opposé, les plus aisés on le droit à tout le luxe en excès. Le contraste est flagrant et percutant. Pourtant, on aurait aimé que la psychologie des personnages soient plus approfondie, en lien avec une forme de conscience et d’éthique. De même comment en est-on arrivé là? Pourquoi n’y a t’il aucune opposition? On reste un peu en surface avec une dualité assez simple. Pourtant la structure qui mélange le présent avec le procès et des flashs du passé se voulait dynamique. Tout comme la nuance du tour de page qui est noir ou blanc, pour bien insister sur deux rapports au temps différent. On finit l’album mi-figue mi-raisin car on aurait aimé rester moins sur notre faim.

Un album qui parle d’écologie et du classement social par le biais d’une dystopie. Original mais pas assez abouti.

L’avis Mes échappées livresques : « Un récit d’anticipation insolite qui nous dépeint un monde déprimant, inquiétant et oppressant. Même si j’ai achevé cette lecture avec quelques interrogations, l’originalité de l’intrigue m’a permis de passer un bon moment. »

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