Les animaux sont présents partout. Pourtant, ils ont un statut bien particulier ce qui leur permet autant d’être aimé que tué sauvagement. Allons-voir d’un peu plus prêt quelques exemples concrets.
4e de couverture
Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle en France, il était possible de faire un procès à un animal. L’anecdote énoncée, on est en droit de se demander comment ce dernier pouvait se défendre au cours de la procédure… En réalité, le processus était aussi simple qu’ingénieux : il ne le pouvait pas. Bien heureusement, tout cela est terminé, nous avons évolué et sommes aujourd’hui loin de ces tristes pratiques moyenâgeuses. Dorénavant, il n’y a plus de procès en effet, mais la sentence est peut-être bien pire encore… Si les animaux pouvaient s’exprimer et nous expliquer posément tout ce que nous leur faisons subir, que diraient-ils ?
Avec Lettre des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes Frédéric Brrémaud et Giovanni Rigano cherchent à répondre à cette question en adaptant en bande dessinée le livre engagé d’Allain Bougrain-Dubourg. Dans cet ouvrage militant, ils se glissent dans la peau des animaux de notre planète pour porter leurs voix et transmettre avec douceur et pédagogie les conséquences tragiques de nos actions. Bouleversant et instructif, l’ouvrage s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes et sensibilise en employant le ton de l’humour et en jouant d’une nouvelle perspective.
Mon avis
En 2018, Alain Bougrain Dubourg publie un livre sous le titre de « Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes ». L’homme a toujours été passionné par la protection des animaux et y a consacré toute sa vie. Certains se souviennent des émissions dans lesquelles il a participé comme « Les mercredis de la jeunesse » avec Dorothée puis d’autres programmes sur Antenne 2 (ancêtre de France 2 pour les plus jeunes). Rien de tel pour sensibiliser le grand public en expliquant simplement les choses. Bien que ces programmes ont été annulé, son investissement ne s’est jamais arrêté. Son message est porteur car il inspire une bande dessinée en 2021 inspiré de son écrit. Le journaliste d’ailleurs écrire l’introduction. Puis le lecteur va se plonger dans de courtes histoires relatives à un animal en particulier comme le cheval, l’ortolan, le loup… Ames sensibles attention, vous risquez d’être bouleversé. Comment est-ce qu’il pourrait en être autrement? On pend des lévriers s’ils ne sont pas assez performant sur le courses ou en chasse. On castre, on lime les dents, on coupe les queues de cochons d’élevage. On pêche des requins pour leur couper leurs ailerons puis on les rejette à l’eau où ils meurent dans une longue agonie. Des espèces disparaissent pour permettre des hommes asiatiques d’avoir des érections. Pourquoi tuer des animaux sauvages est-il la seule alternative aux problèmes érectiles quand on a inventé une pilule bleue? Comment ne pas être écœuré par cette cruauté humaine qui voit le pratique dans la souffrance animal? A chaque récit qui se compose de 4/5 pages, l’auteur précise des actions d’acteurs associatifs pour changer les choses. Toutefois, il n’est jamais abordé la question des lobbys, les enjeux géopolitiques, la construction d’un statut social (chasse)… On nous dresse un portrait assez sombre où des combats sont engagés et qui ne réussissent pas forcément. Le message est clair et même un enfant assez jeune comprend très bien. De plus, le dessin et les couleurs de Giovanni Rigano rajoutent une bonne grosse couche de pathos. Les attitudes des animaux sont proches de nôtres. Surtout quand une femelle est avec ces petits, on voit des visages souriants, mignons et heureux. L’homme qui retire les petits est vue comme une agression injuste. A cela, se rajoute des teintes flamboyantes soulignant la richesse et la beauté de la nature. Mais là, le dessinateur fait un choix de mettre le ressenti animal au même niveau que celui humain. Faut-il forcément de l’anthropomorphisme pour mieux faire passer un message? N’est-ce pas une façon, certes très porteuse, de manipuler les gens? Le choix s’est posé sur des espèces que tout à chacun connait et qui est souvent mignon. DIfficile de raconter quelque chose de grave avec quelque chose de photogénique. Même si on a une référence à un oiseau carnassier que l’homme à totalement détruit et qu’il a réintroduit et le verre de terre. Un juste milieu aurait pu être apporter. Les quelques pages pédagogiques à la fin que cela soit sur LPO ou le danger des chats, ne sont pas suffisantes. Il aurait été bien de proposer des sources si l’on souhaite poursuivre les informations et aussi avoir un esprit critique. Jouer principalement avec les émotions à des limites qui s’effacent assez rapidement. Faut-il alors montrer que des images chocs pour changer les choses? N’y a t’il pas un juste milieu? En tout cas, la bande dessinée permet de donner à voir à ceux qui n’ont jamais entendu parler de ces problématiques. C’est un bon début pour marquer les plus jeunes, les plus sensibles à ces sujets.
Une bande dessinée très chocs qui se lit vite. Faut-il ce format pour sensibiliser à la cause animale?