Avoir des conviction, c’est plutôt bien. Par contre, pouvoir les mettre en application au quotidien et avec sa famille, c’est autre chose. Essayer reste le premier pas vers la réussite ou la réflexion.
4ème de couverture
Soyez certains que pour réaliser cette BD, aucun animal n’a été maltraité. Ou plutôt aucun autre animal que les écolos. Car, à travers cette autobiographie biologique, à mille lieux de tout politiquement correct, Pedrosa pose les problèmes qui dérangent, les questions qui tuent : comment peut-on à la fois être citadin, écolo pratiquant et avoir bonne conscience ? Comment accommoder sa «gauchitude» convaincue et le confort moderne ? To be bobo or not to be ?
À travers des scènes apparemment simples de la vie quotidienne dans lesquelles tout le monde se reconnaîtra (éducation des enfants, dialectique Mac/PC…), l’auteur raille les bons sentiments avec tact et autodérision. Le dessin plein de vie au trait dynamique et personnel est superbe, l’humour est fin, le tout réjouissant.
Mazette, que c’est difficile d’être trentenaire, père de famille, pétri de citoyenneté et d’avoir envie de vivre d’une manière un tant soit peu écologique et respectueuse de son voisin. Au fil d’un formidable album totalement politiquement incorrect, bienvenue dans AUTO-BIO, un voyage infernal au pays des marchés bio, des écoles Freinet, du petit commerce de proximité, de l’alimentation saine, des manifs antichasseurs, de la démocratie participative, des noix de lavage, de la vie sans Ipod et de ces putains de bouchons en plastique qu’il faut enlever des bouteilles avant de les mettre au recyclage.
Mon avis
Cyril Pedrosa partage ces convictions écologiques avec son épouse. Et ils font le nécessaire pour les transmettre à leur progéniture. Toutefois, la vie n’est pas un long fleuve tranquille où il est facile de suivre ces principes. Comment renvoyer le voisin qui se propose gentiment de mettre du poison pour tuer les mauvaises herbes? Il fait ça depuis tellement d’année. Comment refuser ces si jolies cerises recouvertes de produits de traitement chimique? Tout est du même acabit même au pharmacien pour trouver un produit anti-poux. Il n’est pas facile d’arriver à dire non. La preuve, l’auteur finit par accepter de prendre un chat à la maison. Même en sachant très bien que les enfants ne vont pas s’occuper de lui. L’auteur met en exergue la difficulté de vouloir bien faire dans une civilisation moderne dominé par la consommation de masse et le prix. Parfois, il faut accepter de faire des compromis car ce n’est pas possible de tout faire avec son éthique personnelle. Il faut aussi prendre sur soi quand on est face à des gens avec des aprioris sur les fameux écologistes qui n’y connaissent rien à rien. C’est bien connu que la plupart ouvre leur bouche pour nuire juste à la production de masse et aux fournisseurs de produits toxiques. Comment le monde pourrait-il tourner sans des industriels et des lobbies qui gagnent énormément d’argent? Le créateur de la bande dessin ose se mettre en scène avec sa famille sans demi-mesure, sans honte et sans complexe. Aucun doute que plus d’un lecteur pourra s’identifier dans plus d’une saynète humoristique et réflexive. Les limites et les freins liés à la société ne manquent pas. Ne vaut-il pas mieux en rire que d’en pleurer? Ruby apporte beaucoup de peps avec ces aplats de couleurs peps à toutes les pages. On peut noter un petit bémol pour Fluide Glaciale. Pour un album qui parle d’écologie, le papier aurait pu être du recyclé avec moins de pages blanches. Peut-être que pour la réédition en intégral, cela sera différent.
Un album drôle et percutant qui va parler à bien des individus.