Pilu des bois – Mai K. Nguyen

Willow a bien des difficultés à accepter le décès de sa mère. Qu’importe la présence de son père et de sa soeur, la colère prend le dessus. Du moins, jusqu’au jour où elle fait la rencontre de Pilu.

4ème de couverture
Willow adore la foret oui se trouve près de chez elle. Elle est calme et paisible, si différente de ses propres émotions tumultueuses, qu’elle garde enfouies tout au fond d’elle. Un jour, lorsque ses émotions la submergent, elle décide de s’enfuir dans les bois. Là, elle rencontre Pilu, une fée des bois égarée, qui n’arrive pas à retrouver le chemin de sa maison… qui s’avère être le bosquet de magnolias où la maman de Willow avait pour habitude de l’emmener.
Willow propose à Pilu de l’aider et elles deviennent rapidement amies. Mais la journée est longue et Pilu n’est pas certaine d’être tout à fait prête à revenir chez elle… ce qui exaspère Willow, qui est déterminée à réparer ses propres erreurs en ramenant Pilu chez elle saine et sauve. Alors que la tempête menace, les émotions de Willow remontent à la surface et prennent soudainement forme, mettant les deux filles en danger…ce qui va obliger Willow à se confronter à ses sentiments profonds une bonne fois pour toutes.

Mon avis
Comme à son habitude, les éditions Kinaye savent faire la différence en proposant des bandes dessinées jeunesse. Ils ne s’interdisent jamais un sujet au risque de perturber les adultes en herbe. Et quel choix judicieux qui s’est porté sur cet ouvrage à traduire. Mai K. Nguyen trouve la parfaite harmonie dans le fond et la forme pour aborder deux sujets importants avec la nature et le deuil. Comment une enfant peut-elle accepter de perdre sa mère? Elle était juste partie faire des courses, c’est tout. La mort fauche les gens simplement sans forcément une grande logique aux choses. Dans la mort d’une personne aimé, il y a toujours de la colère. Une rage envers la personne qui n’est plus présente à nos côtés, comme si elle nous avait abandonné. Et puis il y a la rage envers soi, comme si nous portions une part de responsabilité dans le choix d’un destin aléatoire. Il faut trouver des coupables. La petite fille s’en prend à sa soeur qui tente tant bien que vaille de faire tourner la maison sans sa maman. Les mots blessants sont tellement faciles à trouver et à prononcer. Un jour Willow s’enfuit dans la forêt et rencontre une dryade, Pilu. Elle aussi se sent tellement seule et invisible au milieu de ces semblables. En discutant, chacune va réfléchir à ces actions. Laisser place à ces émotions n’est pas si facile, c’est tellement fort, intense. Les thèmes graves côtoient ceux plus légers. Notre héroïne nous amène à montrer une nature d’une grande richesse, d’une grande diversité. On nous apprend à regarder, à observer et à écouter. Il faut prendre soin de la nature et de notre entourage et on nous le rendra. Les mots soignent des maux et nous permettent de nous entourer de rochers sur lesquels on s’échoue sereinement. Le graphisme et les couleurs apportent beaucoup de douceur, de réconfort. C’est une vraie délectation de tourner les pages pour s’en prendre plein les yeux. Un travail tout en finesse, d’une grande précision qui ne peut que plaire aux petits et aux grands.

Un ouvrage délicat et précieux qui ose parler de la souffrance du deuil et de la solitude. Lisez cette pépite précieuse.

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