Les grandes figures du féminismes ne sont pas toutes mortes. Catel a consacré déjà plusieurs tomes à des femmes exceptionnelles toutes disparues. Là, c’est le portrait de Benoïte Groult qu’elle dresse en l’accompagnant dans sa vie tumultueuse.
4ème de couverture
Ce livre est à l’origine l’histoire d’une amitié entre deux femmes de deux générations différentes, l’une romancière et pionnière du féminisme, l’autre dessinatrice et pionnière de la bio-graphique, telle qu’elle la nomme.
« J’avais ressenti le coup de foudre de l’amitié dès ma première rencontre avec Catel. J’ai vraiment eu l’impression, en la voyant s’emparer de ma vie, d’entrer dans un univers de liberté, de vérité et d’humour. J’ai pu dire « Bravo, Catel, tu as du génie ! », raconte malicieusement l’aînée.
Rencontres dans tous les lieux chers à Benoîte – à Hyères, en Bretagne ; à Paris – et retours sur les épisodes les plus marquants de l’histoire personnelle d’une femme engagée durant presque un siècle (Benoîte est née en 1920) : de la famille grande bourgeoise mais libre aux combats les plus légendaires du féminisme, de l’avortement au divorce, de la féminisation des noms de métiers à l’amour qui s’invente au quotidien, de Georges de Caunes à Paul Guimard et son ami François Mitterrand, de la presse au roman.
Ainsi soit Benoîte Groult est bien plus qu’une biographie en dessins : c’est une odyssée de la femme moderne, une visitation intime et drôle, tendre et douce, d’un destin qui se confond avec l’histoire de la Femme et de l’écrivaine.
Mon avis
Benoîte Groult a changé la vie de nombreuses femmes avec son ouvrage « Ainsi soit-elle ». Catel, dessinatrice n’échappe pas à cette règle. Comment passer à côté de cette femme lorsqu’elle prépare son petit pavé sur Olympe de Gouges? Même si l’auteure ne considère pas vraiment la bande dessinée comme de la vraie littérature, une relation de confiance et d’amitié va se construire entre les deux femmes. Progressivement, elles se livrent l’une à l’autre et les intègrent dans leur famille respective. Défendre le droit des femmes n’a pas toujours été une vocation pour Benoîte Groult mais sa vie lui a permis rapidement d’avoir une prise de conscience de l’injustice du monde. Nous allons découvrir sa jeunesse dans un milieu bourgeois avec des rencontres des plus incroyables. L’immersion dans une société d’intellectuelles, d’artistes, de politiques l’ont influencé. Elle évoque sans tabou ces avortements clandestins car illégaux en France. Il faut repeupler la nation et on ne demande pas aux femmes leur avis. Le droit de disposer de son corps et de pouvoir divorcer à vraiment créer une révolution des moeurs même si encore de nos jours rien n’est encore acquis. D’autres sujets la concerne comme son engagement en faveur de l’euthanasie afin de disposer de son corps et son esprit jusqu’au bout et ne pas être une marchandise qui rapporte et qui permet d’être sujet d’étude. Un parcours de vie incroyable qui rend d’autant plus admirables surtout à plus de 90 ans passé. Elle est décédée en 2016 et la bd se termine en 2013. Comment ne pas admiré une telle personne qui a donné du sens au mot lutte et qui est restée si simple et accessible? Comment après 326 pages ne pas avoir envie de se plonger dans les ouvrages aussi bien de la journaliste, romancière et essayiste que de la dessinatrice? Souffle la flamme de la volonté, de la curiosité et de colère qui donne envie aux lectrices d’être aussi une actrice du changement.
Une jolie biographique qui rend hommage à une femme de convictions et de contradictions.
