Quand on parle de cuisine, on peut tenir sans souci tout un repas. Alors combien de temps faudrait-il pour parler de toute son histoire? Deux hommes ont relevé le défi juste pour vous, histoire de vous mettre l’eau à la bouche.
Nous allons faire un voyage chronologique pour découvrir les évolutions des saveurs, des pratiques culinaires, de leur voyage, de leur adaptation. Et pour comprendre vraiment cela, il faut partir de de la Préhistoire qui est déjà une très longue période en soi. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne se nourrissait pas uniquement du bison chassé la veille et de quelques feuilles ramassées par-ci, par-là. Les choses étaient beaucoup plus élaborées allant jusqu’à faire des boissons fermentées. Les choses prennent un nouveau sens avec les grandes civilisations. « Comme le disait un grand historien, « l’histoire commence à Sumer ». Au IIIème millénaire avant JC, se développent les premières cités-Etats ce sont des sociétés organisées autour des premiers roi, pour qui la cuisine constitue un ciment social ». On part à la découverte de la richesse des épices, des cuissons, de l’équilibre des saveurs, des boissons alcoolisées.. et ce à travers la culture mésopotamienne, égyptienne, chinoise, indienne, méso-américaine et sans omettre la chinoise avec le Maître Zhou avec les cinq éléments fondamentaux. Les cuisines grecques et romaines ont laissé plus de traces archéologiques et littéraires. Ainsi il est plus facile de faire une plus grande histoire en prenant en compte aussi bien la diversité dans l’élevage, les morceaux consommés, quand et comment. On peut suivre la progression du lien entre place sociale et victuailles. Les rites changent assez peu selon la zone géographiques. Contrairement aux innovations qui vont de bon ton avec la circulation des aliments dans l’espace méditerranéen antique. Une circulation qui s’intensifie à l’époque médiévale avec l’essor de cuisine arabe, elle aussi très variée. Qu’ils soient nomades ou pas, les échanges permettent sans cesse d’aller plus loin de ce que l’on connaît. On y trouve le couscous, le kébab, la limonade… A l’égal des autres, les religions polythéistes ou monothéistes, les traditions s’accompagnent aussi bien d’interdit que plats spécifiques. Eux-aussi s’exportent grâce aux caravanes et aux navires qui se dirigent jusqu’en Occident. L’Europe politique change tout en poursuivant la fracture entre les riches et les pauvres. La cuisine en devient même un enjeu très important car c’est une façon de s’imposer aux autres puissances. Seuls les famines contraignent à devoir créer de régimes alimentaires. Quand le peuple meurt de faim cela conduit à des révolutions. Les puissants n’apprécient guères de perdre leur tête. La conquête coloniale de l’Amérique permet certes d’exterminer des autochtones pour imposer des croyances. Cela permet surtout de prendre de l’or et d’autres produits raffinés qui vont ravir des cours comme les tomates, les courges, les avocats, les pommes de terre, les haricots… Le chocolat avec du sucre séduit à telle point que l’ont crée des services adéquats. L’essor de la gastronomie favorise de nouveaux métiers et des livres de cuisine avec des noms tels Antoine Carême ou Brillat-Savarin. Sans surprise de cela découle l’avancement de l’industrie agro-alimentaire au 19ème et 20ème. Le capitalisme n’a plus de limite et parfois sous couvert de réfréner la libido débordante qui n’est pas encadré par la foi. Voici comment est né les Kellogg’s. Aucun étude jusqu’à ce jour n’a prouvé de lien à effet. Par conséquent s’ouvre sur des nouvelles tendances allant du fast-food, à la multitude de régimes, le véganisme, le slow-food et l’importance d’être un chef de cuisine.
Dans la collection « L’incroyable histoire » des Arènes BD, on peut déjà découvrir la médecine, des animaux, du sexe…. Benoist Simmat n’est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai puisqu’il a déjà écrit le scénario pour ceux consacré au vin, à la géographie, à l’immortalité et des animaux. Il partage sa passion des recherches et du partage avec un nouvel ouvrage consacré à l’histoire de la cuisine, allant de la préhistoire à nos jours. 500 000 d’aventures résumées en 240 pages. Voilà un pari assez audacieux qui a été relevé avec courage. Tout ne se résume pas uniquement à des ingrédients et des mélanges. Il faut y faire figurer les guerres de religions, le besoin de conquêtes, le développement des transports, les possibilités de conservation…. Les enjeux géopolitique tiennent une place prépondérante. Le scénario est assez bien fait au vue de la période à traiter. Il se concentre vraiment sur le sujet en excluant ce qui lui demanderai du temps d’explication avec de la vaisselle, des matériaux, des classes sociales… Il donne le contexte à titre d’indication pour que le lecteur comprend les évolutions dans leur globalité. Par contre, il est dommage que les sources ne soient plus récentes car l’Histoire s’écrit encore aujourd’hui avec des prismes plus ouverts, des technologies plus poussées et des expérimentations. Stéphane Douay lui est au service du texte et doit trouver les bonnes illustrations. Il propose une structure assez classique pour ne pas dérouter le lecteur ordinaire. Par contre, les dessins manquent parfois de précision. Après quelques pages, on y fait beaucoup moins attention. Toutefois, c’est étrange de voir toute cette longue période histoire qu’avec des hommes. Les représentations restent celles qui étaient propagés au 19ème siècle pour asseoir l’idée que l’homme est supérieur à la femme. Au moins, cela est affiché dès les premières pages avec la représentation des hommes qui vont chasser et des femmes soient qui restent l’air hébétée dans la grotte ou qui vont assez proche ramasser des plantes, des fruits. Une vielle représentation qui n’est plus d’actualité depuis un moment. Peut-être qu’il faudrait lire par exemple le dernier livre de Titiou Lecoq pour se rendre compte que la femme n’est pas seulement un pot de fleurs de décoration ou un incubateur humain. La remarque est valable aussi pour les faits historiques relatés qui souligne que la cuisine reste une histoire de couilles. N’étant pas historienne, il n’est pas évident d’avoir un regard critique sur tout. Mais où sont les fameux noms de Madame de Pompadour, Mlle O’Murphy, Eugénie Brazier, la mère Brigousse, la mère Léa, la mère Maury, Marie Bourgeois, Fannie Merritt Farmer, Anne-Sophie Pic, Hélène Darroze autant de nom qui ont été un tournant gastronomique majeur. C’est même Eugénie Brazier qui a formé le fameux Paul Bocuse qui faisait alors de la cuisine de femmes. Les noms de Mme Mérigot, de Laura Scudder, d’Helena Rizzo ne font pas le poids au reste consacré uniquement à ces messieurs. Mis à part cette partie très genrée, on observe les influences, les inspirations, les régimes… L’ouvrage se picore car la lecture d’une traite risque de vous chauffer la tête. Rien de tel pour mettre en appétit et voir autrement ce qu’il y a dans nos assiettes.
Même si l’histoire de la cuisine est le royaume de la couille, on y apprend des choses. Mais aura t’on envie de retrouver le duo dans un autre ouvrage? Certainement pas. A moins qu’ils écrivent l’histoire du féminisme, cela pourrait permettre de porter un autre regard sur l’Histoire.