Les crocodiles – Thomas Mathieu

Pour certains, le harcèlement de rue est trop banal pour que l’on puisse en parler. Thomas Mathieu, un homme, a décidé de mettre des images sur des expériences vécues. Vous jugerez après si c’est si inutile que cela.

4ème de couverture
Thomas Mathieu illustre des témoignages de femmes liés aux problématiques comme le harcèlement de rue, le machisme et le sexisme ordinaire. Son travail s’inscrit dans un mouvement plus large de prise de conscience et d’une nouvelle génération de féministes qui utilisent internet pour réfléchir et informer sur des concepts tels le « slut-shaming » ou le « privilège masculin ».

Dans ses planches, les décors et les personnages féminins sont traités en noir et blanc de manière réaliste tandis que les hommes sont représentés sous la forme de crocodiles verts. Le lecteur ou la lectrice est invité à épouser le point de vue de la femme qui témoigne et à questionner le comportement des crocodiles particulièrement quand ils endossent le rôle stéréotypé de dragueurs/ prédateurs/dominants.

Mon avis
On s’étonne de trouver un livre sur le harcèlement de rue de la part d’un homme. Comme ce harcèlement est pratiquement fait QUE par des hommes, on oublie parfois qu’ils ne sont pas tous des prédateurs, des vicieux, des pervers… Thomas Mathieu s’est rendu compte que le harcèlement de rue n’était pas un épiphénomène dont parlait quelques féministes dites chieuses mais bien un fait de société qui reste tabou. En parlant à son entourage féminin, qu’elle n’a pas été sa surprise que presque toutes les femmes l’ont ou le subissent encore. Alors il demande qu’on lui envoie des récits de ces mésaventures qu’il mettra en image. Pour que l’on concentre bien les choses sur la victime, l’homme est représenté sous forme de crocodile, un prédateur, un agresseur qui observe avant d’attaquer. On entend bien trop souvent que c’est la femme qui l’a cherché au principe qu’elle portait une jupe courte, au principe qu’elle souriait, au principe qu’elle osait vivre tout simplement. Est-ce les hommes se plaignent des femmes qui leur touche la bite lorsqu’il marche dans la rue? Est-ce les hommes se plaignent qu’ont leur propose de les violer dans un recoin d’une rue? Est-ce que les hommes se plaignent qu’on les traitent de salaud juste sans raison? Puisque la réponse est non en quoi est acceptable pour une femme. Etre une femme cause des soucis aux hommes car cela leur donne des envies sexuelles? Si c’est difficile à vivre, il existe des méthodes pour faire de la castration physique et chimique. Mettre en lumière ses faits trop quotidien montre un retour à une pensée rétrograde de la supériorité du service trois pièces extérieurs sur la femme. Sensibiliser pour réfléchir, montrer pour déconstruire une mentalité fermée quel défi de taille. Est-ce possible vraiment à relever? Peut-on apprendre les parents à élever leur garçon différemment? Peut-on convaincre des adultes à être plus respectueux? Aucun doute que les femmes se retrouveront dans des histoires soient qu’elles ont vécus ou entendus par des proches. Chaque année, on a les chiffres des femmes battues, des femmes tuées sous les coups de leur conjoint, des viols, des agressions sexuels, des plaintes pour agressions et ils augmentent, même en changeant les règles de comptage. Et que se passe t’il derrière? On entend encore « si elle s’est faîtes violé c’est parce qu’elle portait une jupe courte ». Qu’est-ce qui donne le droit à un homme de toucher une femme, de retirer ces vêtements, de la pénétrer sans son accord? Il a été tenté? Le pauvre biquet, il n’avait qu’à tourner la tête de l’autre côté ou se branler en regardant des pornos en ligne. Le constat est pareil en couple. Beaucoup d’hommes croient surtout grâce au cinéma et série que si une femme dit non, c’est qu’elle dit oui. Alors, il viole leur compagne même si elle refuse. Il faut arrêter de croire que la femme a été créé pour satisfaire les besoins de ces messieurs. Non c’est NON, un point c’est tout. La démarche positive à la fin de la bande dessinée repose sur les conseils donnés sur comment réagir face à un connard qui vous touche ou se frotte à vous dans les transports, veut coucher avec vous avec insistance, veut vous contraindre à quelque chose que vous refusez. Il faut crier, se faire entendre de tous ceux qui peuvent vous entourer, vous secourir, vous aidez, témoigner. Non c’est NON. Ce n’est pas à la victime de culpabiliser de la bêtise humaine. Les comportements déplacés de ces hommes doivent être montrer du doigt, dénoncer, punis… Mal se comporter devrait chez eux générer de la honte, de la culpabilité et non une fierté mal placée. Une approche psychologique et sociologique se fait à la fin pour compléter la démarche de dénonciation pour mieux avancer ensemble. Un livre à faire lire à des hommes pour qu’ils changent, pour la plupart, de l’idée c’est les autres et ce n’est pas grave.

Une bande dessinée qui met en image ce que beaucoup subissent régulièrement. Ce n’est pas aux femmes de devoir rester chez elle ou/et de devoir être accompagné d’un homme pour être libre. Elles ont le droit d’être libre sans harcèlement et sans agression.

L’avis de Chez Mo : « la démarche de Thomas Mathieu ne consiste pas seulement à montrer aux femmes qu’elles ne sont pas des cas isolés. Son objectif est aussi d’interpeller les hommes sur ces comportements et de les amener à réfléchir, de les forcer à regarder différemment la situation. »

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