Partir à Tchernobyl et témoigner peut paraître une démarche assez singulière. Mais pourquoi ne faudrait-il pas porter un regard différent en étant sur place ? Emmanuel Legras va prendre son crayon et son talent pour partager son vécu.
L’accident de Tchernobyl a changé la donne dans le monde de la catastrophe nucléaire. Au début ignoré par les autorités locales, il a fallu changer de discours face au monde. La pollution qui émerge ne peut être maîtrisée et ne peut pas faire que 2 mots. Se sont déjà les populations locales sur place, la zone environnante avant de contaminer la planète. Sauf en France, car apparemment le nuage à longer les côtes. Il aurait sympathisé avec les politiques avant de contaminer le reste des territoires. Un évènement terrible qui a obligé les pays qui ont des centrales a remettre en cause leur sécurité. Quelques années plus tard que reste t’il de la zone interdite et celle qui est proche ? Comment y vit-on ? Emmanuel Legras avec d’autres artistes dans d’autres domaines artistiques viennent sur place pour voir, comprendre, échanger et témoigner. Le stress est là car plane sur lui la contamination et ce qui peut en découler. Mais il doit y aller. Sur place, à son rythme, il trouve sa place. Sa main retrouve son aisance et le carnet se recouvre de plus en plus. Etrangement, en voulant témoigner de l’horreur, c’est autre chose qu’il découvre : la vie. En dehors de l’usine, la nature a repris ses droits avec une luxurieuse qui fera presque oublier le contexte. Des gens vivent là certains sans trop de soucis et d’autres meurent plus tôt que prévu.
On sait dès le titre qu’on va lire quelque chose de fort. Ce n’est pas été un printemps sur la côte d’Azur ou en Bretagne que va passer Emmanuel Legras. Mais bien à Tchernobyl avec tout l’imaginaire que cela véhicule. On comprend sa peur, son stress et sa curiosité à aller jusqu’au bout de son projet. Il y va avec son bagage de savoir et sur place ce n’est pas des faits qu’il rencontre. Il discute, il échange, il rit avec des hommes et des femmes qui vivent là dans une zone dangereuse par choix ou pas dépit. Ces gens possèdent une force en eux aidé par la vodka et la foi. Comment ne dire que l’horreur quand on y découvre une autre beauté ? Une beauté qui lorsqu’on y regarde plus prêt cache la mort, la souffrance et la maladie. Sous ces arbres d’une incroyable beauté qui rendent si bien au pastel, le dosimètre dit autre chose. Les bâtiments bruts abandonnés donnent cette sensation d’urgence à fuir. Un étrange silence dit une vérité que l’on entend trop bien provoquant un certain malaise. D’ailleurs, l’ouvrage ne se lit pas tout d’un coup. On prend le temps de souffler, de respirer pour y retourner. Car derrière les coups de crayon noir et les fonds gris, on sent une pesanteur, une lourdeur qui étouffe. Cependant, nous irons jusqu’au bout du chemin, de ce parcours pour tirer aussi une leçon de ce printemps. Nous sommes sensibilisés, touchés et curieux d’en savoir plus. Le nucléaire est un sujet sensible d’autant plus dans une société comme la nôtre qui l’envisage comme énergie de l’avenir.
Un livre touchant qui vous fera réfléchir. Et si demain cela arrivait chez nous ? Que ferions-nous ?



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