Les mensonges de Sewol – Kim Takhwan

Partir en séjour scolaire, rien de tel pour enchanter les adolescents et adolescentes. Mais parfois, un drame arrive et tout change. Les victimes sont plus nombreuses que l’on peut le croire.

« Le 16 avril 2014, le Sewol, ferry sud-coréen assurant la liaison entre Incheon et l’île de Jeju, a fait naufrage au large de l’île de Jindo. Il transportait 476 personnes, dont 325 lycéens de l’école secondaire Danwon, dans la ville d’Ansan, et quinze de leurs professeurs. Trois cent quatre passagers et membres d’équipage ont péri dans la catastrophe. Parmi les disparus, 250 lycéens. A ce jour, alors que le navire a été renfloué en 2017, cinq corps n’ont pas été retrouvés ». Ce début d’introduction résume parfaitement l’histoire réel qui a inspiré Kim Takhwan. On rentre au cœur de ce terrible drame via l’angle des plongeurs professionnels qui sont venus aider à chercher les cadavres enfermés dans le bateau. Leurs conditions de travail étaient terribles et chacun faisait de son mieux, quitte à mettre en péril leur santé, pour remonter des macchabés. Les parents attendaient de retrouver leur enfant pour commencer leur deuil. La pression était forte pour ces hommes qui ont tout donner. Puis du jour au lendemain alors qu’il restait encore 10 dépouilles à trouver ont les a remercier. Le retour à la vie quotidienne a été très difficile pour chacun d’entre eux. Déjà, surtout au niveau santé, tous ont eux de graves traumatismes que cela soit au niveau physique ou que cela soit au niveau psychologique. Les médias ne sont pas tendres avec eux car une rumeur court qu’ils ont eux beaucoup d’argent avec des primes par cadavres remontés. Alors qu’en vrai ils n’ont pas gagné plus que d’habitude. En plus, l’état cherche un coupable idéal pour parler du chaos de la gestion et de la mort d’un plongeur débutant avec Lyu, un coordinateur respecté de tous. Na Kyong-Su décide de prendre la parole et de dire la vérité qu’importe ce qui peut lui arriver. Tout a été mal géré et l’état garde le secret. Les parents des victimes réclament de savoir ce qui s’est passé et a engendré des manifestations, violement réprimées.

J’ai pris beaucoup de temps à lire ce roman. Ne croyez pas que cela est en rapport avec l’écriture de Kim Takhwan. Bien au contraire, car son choix de sujet est des plus sensibles et délicats. Et cela l’est d’autant plus quand c’est une histoire vraie qui dénonce une injustice qui a incité à une action civique. Comment ne pas être touché face à un bateau qui s’échoue avec des adolescents à l’intérieur qui ont pour la plupart mourut noyés. Du motif du bateau qui coule à la mise en place des secours, il y a des disfonctionnements. L’état qui n’explique rien. Puis ces plongeurs qui risquent leur vie pour remonter des cadavres encore et encore. Des corps qu’ils trouvent dans le bateau, qu’ils doivent serrer contre eux pour les remonter à la surface. A cela, se suit leur dénigrement public malgré leur investissement et leurs problèmes physiques. On ressent aussi bien la souffrance des plongeurs que des familles. L’ex petite amie de Na, raconte en partie les dommages corporels et les graves troubles mentaux. Les hallucinations avec les morts qui viennent le hanter aussi bien dans son sommeil que lorsqu’il est conscient. On entre en empathie avec cet homme et cette femme qui a tous ces rêves brisés. Lui ne pourra jamais se relever. Alors il dénonce, crie et va où on lui donne la parole. Il veut être un acteur de prise de conscience. Toutes ces informations, nous sont données à travers des lettres que Na Kyong-Su envoie au juge et d’autres témoignages. Impossible de mettre en doute les mots, l’affliction, la douleur… et on est touché en plein cœur. On prend un uppercut pour finir directement au sol, sonné. Parfois, le besoin de faire une pause se fait ressentir car on étouffe aussi avec ces tourments et ces corps. On reprend et on avance pour tenir jusqu’au bout. Après, on prend le temps de respirer et la postface aide dans cette démarche. Il faut attendre un peu pour passer à autre chose.

Un roman coup de poing qui vous touchera directement au coeur face à l’injustice humaine.

2 réflexions sur “Les mensonges de Sewol – Kim Takhwan

    • C’est dur car tu sais que c’est réel. Que l’état a laissé des enfants mourir pour des intérêts que nous ne maîtrisons pas. Mais je te le conseille car c’est rare de trouver ce genre d’ouvrages surtout si bien écrit.

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