Que diriez-vous d’aller rencontrer des esprits japonais? Vous voulez bien mais vous ne savez pas les reconnaître? Pas de souci, NonNonBâ les connait tous et elle va vous les présenter avec plaisir. Prêt à franchir la frontière de l’invisible?
Mizuki Shigeru décide dans un récit autobiographique d’évoquer sa jeunesse et de sa rencontre avec les yôkaï. Dans un décor de Japon d’avant-guerre, on suit des souvenirs doux et amers d’un jeune garçon qui se cherche et qui cultive sa passion pour le dessin. D’ailleurs, dans ces premiers dessins il raconte ces rencontres avec les esprits dont NonNonBâ lui parle. Il découvre le vrai sens de l’amitié et de la tristesse. Sa meilleure amie va mourir. Il lui faut apprendre à continuer à garder le moral avec la souffrance de la perte d’un être cher. Un chemin qu’il faut prendre pour grandir. Toutefois, il reste un petit garçon ordinaire de la campagne, bagarreur et froussard qui joue avec ces amis à des jeux de bataille, de guerre et de rivalité. Même s’il n’est pas très bon élève, son père l’apprécie beaucoup. Un père qui veut suivre le progrès. Son métier ne le passionne pas. Il permet de faire vivre sa famille. Lorsqu’il se fera virer, il tentera de réaliser son rêve en ouvrant un cinéma. Un espoir de courte durée avant de retourner à un travail plus normal.
Une histoire qui parle de la transmission orale des légendes. NonNonBâ, cette vieille femme raconte toutes les histoires qu’on lui a appris et qu’elle a vécu. D’une génération à une autre, le savoir des esprits ne se perd pas. La curiosité et l’imagination du jeune Shige lui permet de voir vraiment ces esprits qui viennent parfois le taquiner. On voit ces être grotesques, horribles et étranges. Des légendes plus connues du grand public de nos jours grâce à Miyazaki et ces fabuleux dessins animés. Le dessin peut surprendre le lecteur moderne de mangas. Nous sommes très loin des personnages aux gros yeux et aux histoires très cadrées. Shigeru Mizuki fait parti de ces artistes qui ont donné les lettres de noblesses au genre et qui arrivent en France bien tardivement. Ce qui n’empêche nullement de se laisser porter par le témoignage sensible d’un jeune garçon découvrant la vie. En toile de fond, on présent l’arrivée de la guerre avec une armée de jeunes garçons encore immature. Ils vont tous mourir pour la gloire d’un pays. La frontière entre la ville et la campagne est très marqué aussi bien au niveau de l’éducation, du savoir que des relations humaines. Un choc qui sera plus nivelé pendant l’ère Meiji.
Un témoignage touchant d’une époque et d’un enfant qui doit grandir avec ces peurs. Mais l’envie de dessiner ne l’a jamais quitter et son art marquera à jamais plusieurs générations de lecteurs et d’auteurs. Ce n’est pas un hasard s’il a reçu un fauve d’or au festival d’Angoulême de 2007.
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