Les nouvelles technologies nous poussent-elles à être plus seuls ? Nous donnent-elles juste l’impression d’être plus proche les uns des autres ? La solitude numérique devient-elle alors la meilleure compagnie de l’Homme ?
Petite présentation de l’auteure
Anthropologue et psychologue, Sherry Turkle étudie depuis plus de trente ans les innovations technologiques et leur rapport qu’elles ont avec les Hommes. Aujourd’hui à la tête du département Technologie et autonomie du MIT, son regard est bien différent de celui de ces collègues informaticiens. Eux cherchent à développer des outils toujours plus performants et elle s’intéresse aux relations entre machine et humain. Car l’innovation est partout présente et change notre façon de vivre, de se comporter avec les autres et notre regard sur le monde.
Petite présentation de l’ouvrage
Avec « Seuls ensemble », Sherry Turkle conclut une trilogie débuté en 1984 avec « The Second Self » (paru en France en 1986 sous le titre « Les enfants de l’ordinateur ») puis avec « Life on the screen » paru en 1995. Pour ce dernier opus, elle s’est intéressée à deux choses l’arrivée de la robotique avec des robots de compagnie et la généralisation ainsi que la présence continue des appareils connectés. Ces enquêtes l’ont mené à constater les mutations technologiques qui ont changé les relations sur le plan social et psychologique.
Nono le petit robot
Qu’il est loin où Nono le petit robot paraissait une chose extraordinaire en dessin animé. Le moment robotique commence à se faire une place concrète. Les gens sont prêts à l’accueillir et s’attacher aux objets. Dans les années 1980, nous avons pu voir l’arrivé de jeux interactifs mais encore limités dans l’interaction. Le programme Eliza permet de converser avec une machine et parfois certains croient échanger avec un humain. Une avancée qui prévoit les objets présents de nos jours sur le marché qui ont comme cœur de cible les enfants et les personnes âgés. Ils ont souvent besoin d’attention et un robot de compagnie pourra faire l’affaire, sans jamais décevoir. Souvenez-vous du raz-de-marée des Tamagotchis où il fallait sans cesse s’occuper d’eux. Notre chercheuse va étudier le rapport que peuvent avoir le cœur de cible cité plus haut avec les Furbys, les robots chiens Aibo, les poupées animées My real Baby et le phoque Paro. Ces derniers sont plus perfectionnées et leurs réactions plus proches de nôtres avec beaucoup de réalisme dans leur expression. Qu’importe la classe sociale, le sexe, la tranche d’âge, les testeurs sont tombés sous le charme de ces machines. Même en démontant les robots devant, les plus jeunes comme les plus vieux les adoptent comme de la compagnie émotionnelle. Ils sont toujours présents, écoutent, on peut leur faire confiance et ne jugent pas. Bref, ils sont plus fiables que les humains. Ce qui m’a surpris est le fameux teste de la tête en bas. Devant des personnes ont met une barbie, une gerbille et un furbys la tête en bas. Les gens demandent très vite en premier de redresser le furbys car ce dernier se plaint d’avoir mal. Pourtant ces personnes savent que c’est une machine programmé mais d’instinct, ils veulent arrêter de la faire souffrir. Mais que reste-t-il alors à l’humain ?
Toujours connecté
Comment pouvoir vivre sans son téléphone portable de nos jours ? Beaucoup vous diront que c’est une chose impossible. Comment ne plus être connecté aux réseaux sociaux, d’aller dans des mondes virtuels et s’échanger des messages ? N’oublions pas que l’étude de Sherry Turkle porte sur 2011 et aux Etats-Unis. Le monde connecté n’avait pas encore l’étendue qu’il a de nos jours. Mais les effets d’addiction ont dès le début été présent. Difficulté d’éteindre son téléphone, de ne pas répondre dès que l’on a un message… on devient dépendant de l’outil. Car la pression et le stresse viennent pointer leur nez car il n’y a jamais de moment de répit. Des spécialistes constatent même des dépressions du au Fomo, la peur de rater des échanges. Car le numérique demande toujours d’être réactif, de bonne humeur, donner une bonne image de soi… Combien de fois voit-on des gens assis autour d’une table mais tous avec leur téléphone sans ce parler ? Ils échangent avec le monde entier et se coupe des voisins. On devient présent et absent. Il faut être partout et le temps se fragmente en moments dispersés. Plus de moment de calme, de pause ou d’ennui. Existe-t-on que par le partage ? La maîtrise de son image et des échanges devient facile avec la machine et complique les relations dans la vraie vie. Un regard ou un mot mal maîtrisé pourraient montrer un moment de faiblesse, de tristesse et de mal-être. Il ne faut pas et en ligne, on peut tout cacher. La solitude ne se cache-t-elle pas derrière cette maîtrise car on ne veut plus se montrer soit même mais juste comme une version amélioré et parfaite ?
Sherry Turkle montre les méfaits des avancées technologiques même cela la fascine. Elle explique par des témoignages personnels qu’elle aussi se sent obligé d’utiliser son téléphone portable rien que pour rester en contact avec sa fille qui est en Angleterre ou pour le travail. Mais il ne faut pas oublier de se déconnecter car des solitudes se créer un peu plus partout. On perd confiance dans l’être humain qui peut blesser et trahir. Toutefois n’est-il pas trop tard pour fermer la porte d’un monde techno-centré ? « Nous n’avons pas à regretter ou à dénigrer la technologie. Il suffit de la remettre à sa place. »
Que dire de nos jours où on l’on porte des montres pour avoir l’objet numérique plus proche de nous, on nous parlons à nos téléphones pour avoir des informations, où l’on demande à des machines de gérer notre maison ?? Le dictat de la connexion a parlé et a sévi. La machine va-t-elle alors finir par asservir l’homme ?
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