Bertrand Guillot a décidé à travers son roman Sous les couvertures de raconter une histoire dont rêve beaucoup de lecteurs chevronnés. Et si à la tombée de la nuit, les livres prenaient vie et décidaient de mener la révolution. Bienvenue dans une librairie où respire le papier et souffle un vent de révolte.
Après une bonne semaine, le libraire ferme la porte, éteint la lumière et va profiter de son dimanche pour se reposer. Une belle occasion pour les livres de partager des idées ou faire des concours de bons mots. Mais voilà, la boîte en carton qui est arrivée est bien un mauvais signe. Certains vont devoir finir au pilon. A partir de ce moment, va commencer un vif débat sur le sens de ce dernier, du pilon, de la fin d’un livre, puis qu’est un bon livre, que donne l’identité d’un livre : son lecteur, son auteur, son libraire, tous ? Cela inspire un vent de colère et de révolution livresque. Pour se sauver la vie et partir entre les mains d’un potentiel lecteur, il faut être sur les tables des nouveautés, des prix et de préférence à côté de la caisse. Une guerre va débuter pour la survie… En parallèle, le libraire s’interroge sur l’avenir du livre papier, sur l’avenir du livre numérique et de son métier. Les librairies continueront-elles d’exister ? Sa jeune assistante, Sarah, s’interroge également sur son avenir et voudrait mettre un peu de vent frais dans cette vielle librairie. Et n’oublions pas les auteurs, qui se côtoient dans la vie réel qui eux aussi sont pétris d’interrogation sur l’avenir de leur livre et sur leur rapport aux lecteurs. Entre les mots un vrai cri sur la quantité d’ouvrages publiés, la médiocrité de la plupart, le manque de visibilité, le trop grand nombre de récompenses, la baisse du nombre de lecteurs….
Le titre m’évoquait le fait d’être sous les couvertures chez soi, pendant qu’on lit tranquillement accompagné d’un bon thé, bien chaud. Mais voilà, qu’une lecture de la quatrième de couverture au détour d’un livre, m’annonce ma déraison. Non, l’auteur nous montre sa douce folie en osant parler de ce que beaucoup ose taire. Oui, les livres ont une vie en dehors de nous et n’hésite pas à revêtir tous les trains humains, de leurs auteurs pour défendre une cause qui paraît juste : leur survie. La menace du pilon fait réfléchir : qu’est la vie ? Peut-on savoir combien de temps on va rester sur des étagères ? Le pilon est-ce la fin ou le début d’une nouvelle chose ? Personne ne peut dire car personne n’en est revenu pour en parler. Cela ne vous rappelle rien comme discussion ?
Puis vint les conflits de pouvoir, de fuite, de résistants de dernière minute… Des livres trop humains au final qui représentent les travers des Hommes pour mon plus grand plaisir. L’absurde et la dérision sont copains et n’hésitent pas à citer Spartacus, Le Prince de Machiavel ou le petit livre Rouge qui prennent vie. Ils parlent aussi de cette fameuse tablette qui n’a pas beaucoup de conversation intéressante. Et puis lorsqu’elle n’a plus d’énergie, elle s’éteint et avec elle impossible de rencontrer un auteur pour avoir une dédicace.
L’auteur n’hésite pas à faire des petits clins d’œil culturels comme cité en reformulant le fameux texte d’introduction de la série Silex and the city. J’avoue avoir relue une deuxième fois le passage pour être certaine que je ne m’étais pas trompée avant de rire comme une pintade. Car oui, l’histoire est remplie de dérision et de folie mais surtout d’humour et qu’est-ce que c’est bon de rire.
Bertrand Guillot nous offre une belle déclaration d’amour aux livres papiers et aux librairies du monde entier. Il nous rappelle habilement qu’il ne faut pas céder pas à la nouveauté, aux Prix et qu’il faut aller découvrir les coups de cœur des libraires, les livres sur les étagères et favoriser le hasard. Une magnifique ode aux plaisirs des mots très plaisant à lire et qui m’a donné très envie de découvrir un auteur.
[…] adultes 1. Stupeur et tremblements – Amélie Nothomb 2. Sous les couvertures – Bertrand […]
Le point de vue est très original pour traiter d’un sujet qui nous concerne tous. Les avis sont un peu mitigés mais j’ai très envie de le lire.
Angle de vue plutôt que point de vue 🙂
Je l’ai trouvé en plus à la médiathèque 🙂