Mais lorsque je parvins au métro et descendis l’escalier mécanique, je m’aperçus que le quai était bondé. C’était un incident de service et il n’avait pas dû y avoir de rame depuis près d’un quart d’heure. Quoique la station de Sloane Square ne soit pas très profonde, j’eus l’impression, sur l’escalator, d’être Orphée pénétrant lentement dans les Enfers, prêt à affronter une triste et pâle peuplade pour qui la lumière du jour que je venais de quitter n’était déjà plus qu’un lointain souvenir.
Michael Owen, un jeune homme dépressif et agoraphobe, a été chargé par la vieille Tabitha Winshaw d’écrire la chronique de cette illustre famille. Cette dynastie se taille en effet la part du lion dans tous les domaines de la vie publique de l’Angleterre des années quatre-vingt, profitant sans vergogne de ses attributions et de ses relations…
Et si la tante Tabitha disait vrai ? Si les tragédies familiales jamais élucidées étaient en fait des crimes maquillés ? Par une nuit d’orage, alors que tous sont réunis au vieux manoir de Winshaw Towers, la vérité éclatera…
Un véritable tour de force littéraire, à la fois roman policier et cinglante satire politique de l’establishment.
Quoi encore un Jonathan Coe? Oui et j’assume ce choix littéraire. J’aime beaucoup cet auteur et sa plume si agréable à lire. J’aurais peut-être du avoir peur en voyant les 683 pages, avec une petite police. Mais non, j’ai ouvert les pages et j’ai lu cette histoire surprenante. Il est difficile au début de ce faire aux nombreux personnages, aux histoires de la famille Winshaw et de la vie de l’auteur, Michaël.
Certains passages sont très longs comme celle qui parle de politique. Mais l’intérêt pourtant y est vraiment. On découvre l’establishment britannique sous Thatcher. Les conditions de vie difficiles pour le peuple qui se fait au profit des riches qui organisent leur enrichissement. Un système révoltant où l’on voit la manipulation politique, qui nous renvoie aussi à notre propre société.
Sinon à côté on découvre des portraits d’hommes et de femmes dans leur complexité. Les vies des gens se rencontrent, s’influencent, se modifient. Petit bout par petit bout on comprend ce qui se passe, l’implication des uns et des autres. A partir de ce moment, les pages se tournent de plus en plus vite, j’avais soif de connaître ce qui allait se passer. Quel plaisir jusqu’à la dernière page.
J’ai apprécié le moment ci-dessous lorsque Michaël parle du plaisir du courrier. J’aime ouvrir ma boîte aux lettres et voir que quelqu’un a prie le temps de m’écrire.
La simple vue d’une enveloppe sur mon paillasson peut encore m’emplir d’espoir et d’impatience, si éphémères soient-ils. (…) Mais il y a l’enveloppe blanche, à l’adresse écrite à la main, ce glorieux rectangle de pure possibilité qui a pu se révéler à l’occasion n’être de moins que l’annonce d’un monde nouveau. Et ce matin-là, alors que de ma chambre je jetais un regard lourd et interrogatif dans le couloir, je vis une enveloppe de ce genre glisser silencieusement sous ma porte d’entrée, me projetant ainsi non seulement dans un avenir inconnu, mais également dans mon enfance, plus de trente ans en arrière, à l’époque où les lettres commencèrent à jouer un rôle important dans ma vie.
Bref, un bon moment de lecture avec quelque longueur je l’avoue. J’ai aimé les changements de styles de l’enquête, du portrait, des échanges de lettres, du policier… Et quelle fin qui pourra ravir plus d’un adepte d’agatha.
Prix
1995 : Prix Fémina
Du même auteur
La pluie avant qu’elle tombe
La vie très privée de Mr Sim
[…] – France 79. Marc Villard – La guitare de Bo Diddley 80. Jonathan Coe – Testament à l’anglaise 81. David Prudhomme – […]
Je garde un assez mauvais souvenir de ce livre. Trop loufoque pour moi 😉
On s’y pert un peu parfois 🙂 C’est un gros pavé 🙂
un roman qui est chez moi, de même que « la pluie avant qu’elle ne tombe ». Je n’ai encore jamais lu Coe, et je en pense pas que ce mois anglais me permettra de faire le premier pas, faute de temps… en tout cvas, ce roman a un sujet très alléchant !
Je me suis souvent ennuyée mais je suis admirative du style (ou plutôt des styles).
Quelques longueurs sur la politique j’ai trouvé. 🙂
Je n’ai toujours pas lu celui-ci mais il me tente beaucoup malgré les longueurs auxquelles tu fais référence. Mon préféré jusqu’ici est « La pluie avant qu’elle tombe ».
J’ai découvert cet auteur avec La pluie. J’ai été séduite. Je crois que je vais lire encore de cet auteur. J’aime le style.
un auteur lu pour la première fois avec « la maison du sommeil » et à lire ton article j’ai encore de belles heures de lecture avec Coe
Merci Denis 🙂
Ah presque 700 pages, quand même. Je suis tentée.. mais je pense que je lirai La maison du sommeil avant.
Un vrai gros pavé 🙂
J’avais beaucoup aimé pour ma part, je n’ai pas souvenir de longueurs mais c’est possible, j’ai une très mauvaise mémoire ! ^^
J’aime beaucoup cet auteur 🙂
Je note ce titre 🙂
[…] lectures pour le british month – France – John Burningham – Testament à l’anglaise – Jonathan Coe – Meurtre au manoir – Willa […]
[…] Une canaille et demie – Iain Levison 2) Arrêtez-moi là – Iain Levison 3) Testament à l’anglaise – Jonathan Coe 4) Le crime de l’Orient Express – Agatha […]
[…] du mois de juin 1. Mon chien stupide de John Fante 2. Testament à l’anglaise de Jonathan Coe 3. La côte 400 de Sophie Divry 4. Le crime de l’Orient Express […]
[…] Prix Jean-Pierre Coudurier, Prix An Avel (dans le vent), Prix Orange du livre, Prix Harmonia 7) Testament à l’anglaise – Jonathan Coe Prix Fémina en […]