Manuel de savoir-vivre à l’usage des rustres et des malpolis – Pierre Desproges

Vous connaissez des rustres et des malpolis ? Et vous aimeriez bien qu’ils changent un peu de comportement mais vous ne savez pas comment faire ? Pierre Desproges va vous donner quelques conseils.

Pierre Desproges n’est pas forcément un nom qui parle à tout le monde. Pour ma part, je l’ai découvert adolescente grâce aux personnels de la discothèque (espace où l’on emprunte des cd). J’ai grandi en écoutant « Le tribunal des flagrants délires » ou « La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède » tout comme Raymond Devos avec ces spectacles. En grandissant, il me prend l’envie de les redécouvrir par les mots afin de mieux comprendre les jeux de mots et les différents niveaux de sous-entendu. Ayant un cadeau à faire à quelqu’un qui manque bien souvent de prévenance pour ne pas dire autre chose, ce livre me semblait très approprié. Même s’il faut l’avouer, il y a aucune chance d’apprendre les bonnes manières arrivés à la fin du livre.

Pierre Desproges était un humoriste assez singulier par son charisme, son humour sombre et piquant et son énergie fasse au refus du conformisme, aux mensonges des politiques, du pouvoir des religieux… Ils trouvaient des tournures qui faisaient mouches et cela dérangeaient autant que cela faisait rire. « Il ne suffit pas d’être heureux. Encore faut-il que les autres soient malheureux. » Pour mieux se moquer, il forçait le trait du mec misogyne, antisémite, homophobe. Et comme il était écorché, acharné et très grand pessimiste, ce trublion jouait sur plusieurs registres pour faire rire mais sans insufflé le moindre espoir. Son cancer l’aiderait à mettre plus dans la noirceur dans son quotidien. Rien de surprenant de trouver entre les lignes de « Manuel de savoir-vivre à l’usage des rustres et des malpolis » la tristesse, l’incorrection des bien-pensants, la souffrance sans omettre sa touche personnel pleine de dérision. En effet, certains textes ont vieilli car correspondant à une époque et des personnalités parfois tombées dans l’oubli. Mais beaucoup d’autres, qui traitent de thèmes universels, résonnent encore aujourd’hui. « Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin. »

Ce petit ouvrage répond à des questions et des affirmations que surement vous ne vous êtes pas posés ou pas souvent : « Les enfants sont des cons », « Comment aborder une jolie femme ? Pourquoi aborder une femme laide ? », « L’autre façon d’être un con »
ou « Comment se suicider sans vulgarité ». Nous sommes bien loin du guide « Le savoir-vivre au XXIème siècle » de Nadine de Rotschild. Il va falloir se retirer la cuillère où je pense pour ces autres manières méchantes et pleines de mauvaise foi(s), comme on aime. « Il y a un seul cas où il est convenable d’aborder une femme laide. C’est pour lui demander si elle ne connaît pas l’adresse d’une jolie femme. C’est tout ce qu’il y a à dire sur le sujet. »

Privilégié une lecture en picorage et non d’une traite comme un roman. Garder ces petits textes pour vous vider la tête ou sourire. Vous trouverez toujours un jeu de mots ou d’esprit pour vous distraire. « Même Diogène en son temps l’avait déjà compris, qui eut le bon goût de mourir au fond d’un tonneau, dans le seul but de ne pas déranger ses enfants légitimement gérontophobes. Car la jeunesse est le levain de l’humanité. Elle a besoin de dormir dans le calme, loin des insupportables gémissements des grabataires arthritiques égocentriques qui profitent de leur oisiveté pour agoniser tambour battant, même la nuit, alors que, nous le savons tous, il est strictement interdit de mourir bruyamment après vingt-deux heures. »

Vous l’aurez compris, vous aimez l’anti-conformisme, l’absurde, l’improbable, Pierre Desproges saura vous surprendre.

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