Le livre que je ne voulais pas écrire – Erwan Larher

Comment survivre à un drame où l’on a failli mourir? L’écrivain n’a pas le choix de mettre une plume dans sa main et écrire. Au final cela donnera, le livre qu’il ne voulait pas écrire, qu’il écrira quand même.

Je ne sais pas pourquoi, j’étais persuadée que « Le livre que je ne voulais pas écrire » était un livre comique. Et l’accroche en couverture « Du grand art. Une impressionnante leçon d’écriture » signé Hugues Robert (librairie Charybde, Paris) m’a convaincu de cela. Pourquoi n’ai pas lu la quatrième de couverture alors? Je ne l’a lit jamais pour éviter de m’attendre à quelque chose dans la lecture. Et de toute façon dans le format poche, aucun indice n’est donné sur le sujet. Alors imaginez ma surprise quand je tombe sur un récit autobiographique sur un rescapé du Bataclan? En effet, je ne suis pas certaines que j’aurais choisi l’ouvrage si j’avais su le sujet d’où peut-être l’absence de référence en quatrième de couverture. Pourtant, je n’ai pas décidé de refermer le livre et de passer à autre chose. Non. Erwan Larher possède un style assez étonnant et déroutant. Le premier paragraphe évoque une passion pour le rock bruyant, sur la jeunesse. Rien ne laissait présager quoi que ce soit. C’était une brèche pour amener à un concert de métal où il est allé seul et avec ces santiags bien aimés. Ce soir là, il ne prend pas son téléphone, un petit oubli. Puis vient une alternance de vision de dehors et de vision du dedans montrant tous les aspects de l’évènement. Le stress, la peur, le sang, la folie à l’intérieur du bataclan et la peur, le stress des gens de l’extérieur qui s’inquiètent pour ta vie.

Entre les moments de terreur avec le bruit des armes à feu et des balles qui vont partout vient l’inquiétude de la petite amie, des amis, de la famille, des proches, des gens virtuels. L’auteur fait comprendre sa crainte de mourir sans omettre aucun détail que cela soit pendant le massacre ou soit pendant sa période de convalescence sans pour autant tomber dans l’émotion façile. De ces mots s’accompagnent ceux de ces proches avec leur message et leur discussion. Derrière l’horreur, il montre l’importance de l’amour, de l’amitié et de la famille qui étaient là chaque jour du jour J jusqu’aujourd’hui. Une béquille sur laquelle il a pu s’appuyer pour avancer. Il ne pensait rien écrire mais à l’insistance de ces amis, il a pris la plume et à raconter à sa façon.

En tout cas un déclic vient de se faire en toi. Parce qu’Alice a prononcé le mot magique — partager ? Il n’est même pas certain qu’il ait franchi ses lèvres, mais même si tout est romancé, ils ont raison tes deux bienveillants amis ligués contre toi : tu es investi malgré toi d’une sorte de mission. Ce n’est pas le témoignage d’Erwan Larher qui est important, c’est ce que le seul écrivain présent ce soir-là au Bataclan en ferait s’il s’attaquait au sujet, au matériau.

Et puis comme il finissait « Marguerite n’aime pas ses fesses », il a vu un signe. Les balles qui l’ont touché sont venues au niveau de ces fesses. Une occasion de montrer l’importance aussi de bander quand on est un homme et que l’on aime le sexe. Il se montre entier, vrai et sans tabou même s’il se dédouble dans les expressions et évite le JE. « Tu n’es ni sociologue, ni philosophe, ni penseur ; victime ne te confère aucune légitimité à donner ton avis branlant et ajouré à la télévision ou dans un hebdomadaire. Toutes les paroles ne se valent pas. » On se met à l’apprécier tout comme tous ces proches qui sont pleins de bienveillance, de tendresse et de force. Impossible de sortir de cette lecture indemne sans être en colère contre la violence et à la fois avec l’envie de dire à ceux qu’on aime qu’on les aime.

Un témoignage atypique plein de vie et d’optimisme.

L’avis de Cultur’Elle : « Douloureux, ce texte est aussi, finalement, lumineux, et absolument nécessaire ! Un coup de coeur — ou plutôt un uppercut ! »

L’avis de Pativore : « Voilà, j’espère que vous ne serez pas rebutés par cette (affreuse) couverture car le roman est vraiment un ovni littéraire qu’il faut lire et le style de l’auteur est à découvrir aussi. »

L’avis de Natiora : « Lire ce témoignage est éclairant pour comprendre comment une victime a vécu l’évènement. Mais c’est aussi l’occasion de découvrir un écrivain formidable, avec une richesse de style et de vocabulaire épatante. »

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