La douleur porte un costume de plumes – Max Porter

Quelques jours après la mort de son épouse, un corbeau s’invite dans la maison. L’homme seul avec ces deux enfants se retrouve face à cet animal qui va rester à ces côtés. Parfois cruel, il deviendra pendant un temps son compagnon de deuil.

 

Max Porter propose une histoire courte et percutante autour d’un homme face au décès de sa femme. Une mort arrivée par hasard et qui bouleverse tout son monde. Comment avancer chaque jour sans la présence de son épouse à ces côtés ? Comment se comporter avec ces deux garçons qui ont perdu leur maman ? Il ne sait pas comment  faire face à ce chagrin qui le dévore de l’intérieur. Voilà qu’un jour un corbeau arrive et reste à ces côtés. Il devient un compagnon ironique, narquois, blessant… Une occasion de lui répondre et de dire les mots de la souffrance. Le silence ne permet pas d’aller mieux. Le remède se trouve dans les échanges avec les autres. Et quand la parole sera de nouveau rétablie au sein de la famille, un processus de cicatrisation pourra commencer.

L’auteur propose un petit livre ciselé, maîtrisé de la première à la dernière page. Tout a été étudié pour tout soit à sa place et soit justifié. Il alterne le point de vue du père et des enfants sans oublier ce corbeau qui pose des questions. Mais voilà, malgré une qualité d’écriture indéniable, je ne suis pas arrivée à me laisser porter par les émotions fortes présentées. Les échanges sans surprises sont bien amenés toutefois je n’avais qu’une hâte c’était arrivée à la fin du livre. Les personnages se rapprochent plus d’un concept que d’individualité auxquelles on peut s’attacher. Alors je l’ai lu sans grand enthousiasme ni passion.

Donner à voir le chagrin pour faire découvrir le chemin afin d’avancer chaque jour, voilà un jolie défi littéraire. Entre poésie et roman,  entre réalité et fiction, Max Porter impose son style et une vision du monde. Mais attention, la satisfaction de lecture n’est pas obligatoirement au rendez-vous. 

 « Je me suis laissé aller, résigné, et j’aurais voulu que ma femme ne soit pas morte. J’aurais voulu ne pas me retrouver terrifié et enlacé par un oiseau géant dans mon entrée. J’aurais voulu ne pas faire une fixation là-dessus alors que la plus grande tragédie de ma vie venait de se produire. C’était des désirs factuels. C’était amer et miraculeux. J’y voyais un peu clair.

Bonjour Corbeau, j’ai dit. Ravi de faire enfin ta connaissance. »

L’avis de Jérôme : « Max Porter a su trouver les mots pour dire la perte, l’absence, en insufflant à sa prose une vitalité qui pousse ses personnages à aller de l’avant. Sans pour autant tourner la page. Car au cœur de tous les échanges demeure la disparue. Son ombre nimbe chacun d’une présence que le temps n’effacera jamais.  »

L’avis de Noukette : « Le verbe est insolent et poétique, culotté et incroyablement vivant. C’est triste et beau. Et je crois que j’aime ça… »

L’avis de Moka : « Sans nul doute, il bouscule, sans nul doute, il dérange. Mais il offre finalement aux lecteurs des pages pleines d’audace qui au-delà de la question du deuil et de la perte d’un être cher nous apprennent lentement à faire s’envoler toutes les plumes noires un peu trop lourdes sur nos oreillers. »

2 commentaires

Laisser un commentaire