Le Génie de la forêt est une bande dessinée documentaire captivante, mêlant savoir scientifique et souffle poétique. À travers un dialogue férocement drôle entre Aristote et Francis Hallé, l’album réinvente notre regard sur le règne végétal. Avec rigueur, finesse visuelle et authenticité, cette promenade botanique devient un manifeste doux et engagée pour la nature.

4e de couverture
Botaniste aussi passionné que passionnant, Francis Hallé nous embarque dans une promenade à la rencontre des arbres, des forêts et de leurs secrets.

De son jardin à la forêt tropicale, de chablis en canopée, Francis Hallé transmet le savoir précieux d’une vie de recherches et son émerveillement intact face à la beauté absolue de la forêt.

Parce qu’on ne défend bien que ce que l’on a appris à aimer.

Mon avis
Dans Le Génie de la forêt, Francis Hallé convie Aristote à une promenade improbable, mille ans après sa mort. La forme semble assez classique pour ce genre d’ouvrage. Toutefois, cela reste assez agréable à suivre. On nous propose un dialogue entre la sagesse de l’antique et le souffle contemporain de la botanique. Dès les premières pages, le récit se révèle aussi improbable que plein d’humour. Aristote, convaincu d’une nature assujettie à l’homme, est confronté à la force implacable du végétal et ses certitudes vacillent.

Le premier acte se déroule dans un jardin, un arrière-plan domestique qui devient théâtre de conflit philosophique. Les bédéastes y exposent à Aristote les bases invisibles du vivant avec l’architecture des racines, la mémoire collective des arbres, la germination clandestine au rythme des saisons par exemple. La séquence s’achève sur la révélation du “génie végétal”. Chaque arbre est une entité consciente, capable de reconnaître sa progéniture et de coopérer pour survivre.

Progressivement, la promenade gagne en ampleur. On part à un jardin aux forêts tropicales, en passant par les frondaisons anciennes, chaque chapitre dévoile un fragment de l’échelle écologique : canopée, chablis et régénération naturelle. Francis Hallé tord le cou à l’idée aristotélicienne d’une hiérarchie humaine. Le texte devient manifeste : « on ne défend bien que ce que l’on a appris à aimer ». On apprend beaucoup de choses et cela change invariablement notre regard sur ces arbres. Ils ne sont des plus des entités autonome, mais un ensemble solidaire, bienveillant et à l’écoute.

Le travail graphique de Nicoby se déploie avec un trait à la fois précis et fluide, presque aérien. La lumière transperce les feuillages, les textures végétales sont rendues avec une finesse quasi tactile. Les personnages (Aristote, parfois bougon et Francis Hallé, passionné) sont esquissés dans une tonalité expressive, laissant toute la place à l’environnement, à l’arbre millénaire comme à la plus simple pousse. Les couleurs de Pierre Jeanneau et Philippe Ory déclinent des verts vibrants, des ombres mouvantes, invitant à la contemplation à chaque double‑page.

L’album n’est ni un essai académique, ni un conte naïf. C’est un éloge écologique et esthétique. La bd est conçue comme un voyage d’initiation, il enseigne, émeut et transforme. Il rappelle que la forêt est un sujet de méditation, une “machine à émerveillement”, fragile, qu’il faut aimer pour mieux la préserver. En fin de lecture, l’esprit s’élève : le végétal n’est plus décor, mais sujet central du vivant.

Une œuvre unique, à partager sans modération qui nous pousse à changer de regard sur la forêt.

2 réponses à « Le génie de la forêt – Vincent Zabus, Francis Hallé et Nicoby »

  1. Avatar de belette2911

    J’ai appris plein de choses sur les arbres en lisant « La vie secrète des arbres » en bédé, de Peter Wohlleben, Fred Bernard et Benjamin Flao. 😉 Je note celui-ci aussi !

    1. Avatar de noctenbule

      Je pense que même ceux qui sont un peu expert en apprendront aussi.

Répondre à noctenbule Annuler la réponse.

Bienvenue dans cette immersion dans le monde fabuleux du 9e art.