22h05 rue des Dames

Jeannette prend en photo les recherches dans les gorges d’Olduvai. Une découverte interroge autant la photo-journaliste que les chercheurs. Un point de départ pour une aventure haute en surprise.

4e de couverture
L’appareil photo toujours en bandoulière, Jeannette Pointu parcourt le monde pour en dénoncer les injustices et les scandales. Écologiste, généreuse, courageuse et profondément honnête, Jeannette Pointu est une vraie professionnelle, efficace et débrouillarde. Du désert du Ténéré à la planète Mars, aucun scoop ne lui échappe.

Mon avis
Le tome de 1987 commence avec un petit encart, une première. Le titre « Le singe qui marchait debout » est suivi de « Bien que se voulant avant tout un récit d’aventures, cette fiction emprunte cependant beaucoup d’éléments réels et résume, sans doute, l’aventure extraordinaire qui a été à l’origine de l’homme.
La rédaction du scénario a nécessité la consultation de nombreux ouvrages et articles de presse dont quelques-uns sont mentionnés ci-dessous et je me dois de citer en premier lieu le merveilleux « Treinze ans chez les gorilles » (Presses de la Cité), écrit par Diane FOSSEY, que j’évoque par ailleurs, ainsi que l’ouvrage d’Yves Coppens : « Le singe, l’Afrique et l’homme » (Fayard), qui a éveillé mon intérêt pour la paléontologie avec la lecture du livre de Richard Leakey : « La naissance de l’homme » (Ed. du Fanal).
Je dois encore mentionner l’article de Linda Jaivin (ASIAWEEK), « Sur la piste du Yéti chinois », qui m’a fait découvrir le yeren (l’homme des neiges), dont Hubert Gérin m’a tracé la calligraphie chinoise. » Et à la suite d’une bibliographie sélective, il conclut : « J’espère que tous ces doctes auteurs auront de l’indulgence pour les imprécisions de mon ouvrage qui n’a d’autre prétention que de distraire en espérant peut-être éveiller votre attention pour les différents sujets si superficiellement évoqués. » (p. 2). Cette approche est au combien nécessaire pour comprendre cette histoire assez capilotractée.

On a l’impression que Marc Wasterlain avait envie de mettre de l’archéologie, de la protection animale ainsi des mythes dans un seul ouvrage. Pour s’inspirer, il a puisé dans des experts qui sont toujours reconnus. Par conséquent, on s’étonne qu’à moitié de partir de recherche sur les premiers hommes en Tanzanie pour aller ensuite en Ruanda. Elle va donner un coup de main à Anne Fosset (en référence à Diane Fossey). On constate l’omniprésence des braconniers. Ils viennent principalement tuer des gorilles pour les mains et pieds. Fait réel car en médecine chinoise, grâce à ces morceaux, les hommes peuvent de nouveau avoir une érection dure. Comme si c’était normal de tuer des animaux rares vivant dans la nature pour des problèmes de bander mou. Le bédéaste ne s’attarde pas trop sur le sujet car l’album s’adresse à des enfants. Donc, il faut modérer l’horreur. Bien que là, il montre des tombes d’animaux et des animaux morts. Le décès de la protectrice des grands singes est aussi abordés avec des informations véridiques encore. La reporter photographe poursuit sa quête pour trouver le commanditaire de ces massacres. Elle part en Chine et Birmanie pour découvrir si les Yerens existent bien. La vérité lui sera dévoilée et ils lui sauveront la vie.

Le fil conducteur entre le pourquoi les ossements d’un homme se retrouve proche du corps d’un animal est résolu tout comme à quoi appartient certaines dents. Il fallait créer une petite logique entre tous ces périples très denses qui tiennent en 48 pages. Surtout qu’en trame de fond il y a des conflits armés où il y a des enjeux autour de l’argent. Cela reste discret. Et étonnamment, le bédéaste ne choisit pas de faire un happy end. Le commanditaire et l’employé roux qui va sur le terrain peuvent continuer leurs trafics. Est- qu’il faut en conclure qu’ils sont intouchables ou qu’ils seront condamnés dans un autre tome? La nature humaine est très complexe. Cette aventure est plus complexe et plus sombre que les précédents. Jeannette Pointu reste têtue, fonce sans réfléchir et est toujours sauvée par des hommes. Les opportunités s’offrent toujours à elle sans qu’elle fasse quelque chose. Pour une fois, on voit un peu les gros titres de ces articles toujours accrocheurs.

Un tome plus complexe que les précédents qui montrent la compléxité de l’homme qui pense à l’argent et à la découverte.